Un inhibiteur de BCL-2 a convaincu dans de nouvelles études dans le traitement de première ligne des patients atteints de LAM qui ne sont pas adaptés à une chimiothérapie intensive [1]. Les hématologues Dr Georgios Georgiou et Pr Photis Beris évaluent l’impact de ces nouvelles données sur le paysage thérapeutique existant.
La leucémie myéloïde aiguë (LMA) touche principalement les personnes âgées, qui ne sont souvent pas adaptées à une chimiothérapie intensive standard en raison de leur âge avancé, de leurs comorbidités fréquentes et de leurs caractéristiques génétiques défavorables [1]. Les alternatives disponibles à ce jour, telles que la cytarabine à faible dose (LDAC) et les agents hypométhylants azacitidine et décitabine, sont mieux tolérées, mais n’atteignent pas des taux de rémission satisfaisants [1]. Par conséquent, le taux de survie de ces patients est particulièrement faible et de nouvelles approches plus efficaces sont nécessaires de toute urgence pour améliorer le pronostic de cette population de patients fragiles.
Sur la base, entre autres, des résultats positifs de l’étude VIALE-A, l’autorisation de mise sur le marché du vénétoclax, un inhibiteur hautement sélectif de BCL-2, en association avec l’azacitidine, la décitabine ou le LDAC, a été accordée en décembre 2020 chez les patients adultes atteints de LMA récemment diagnostiquée et pour lesquels une chimiothérapie intensive n’est pas envisageable(encadré) [1, 2].
VIALE-A : OS significativement prolongé et rémissions prolongées avec moins de transfusions sanguines [1] L’étude VIALE-A de phase III, randomisée, multicentrique et en double aveugle, a évalué l’efficacité et la sécurité du vénétoclax en association avec l’azacitidine chez 431 patients d’un âge médian de 76 ans. Dans ce contexte, le vénétoclax + azacitidine a permis d’obtenir, après un suivi médian de 20,5 mois, un allongement significatif de la survie globale médiane (mOS) et une réduction du risque de mortalité de 34 % (HR : 0,66 ; 95 % IC : 0,518 – 0,845 ; p < 0,001) a été observée. La durée de rémission a également été plus longue sous vénétoclax + azacitidine (17,5 contre 13,4 mois). L’indépendance vis-à-vis des transfusions sanguines a également augmenté de manière significative, 59,8 % des patients n’ayant plus besoin de transfusion de globules rouges (contre 35,2 % sous placebo + azacitidine) et 68,5 % n’ayant plus besoin de transfusion de plaquettes (contre 49,7 % sous placebo + azacitidine) sous Venetoclax + azacitidine. |
Dans cet entretien, les hématologues Dr Georgios Georgiou et Pr Photis Beris expliquent l’importance de cette nouvelle option thérapeutique.
Dr Georgios Georgiou Pr Dr med. Photis Beris
Quelle est l’importance de l’approbation de nouvelles options thérapeutiques ciblées pour les patients âgés et fragiles atteints de LAM ?
Selon les données historiques, la durée de survie des patients non éligibles à une chimiothérapie intensive n’est que d’environ cinq mois. De nouvelles thérapies ciblées, récemment approuvées pour les patients atteints de LMA âgés de plus de 75 ans ou non éligibles à une chimiothérapie intensive quel que soit leur âge, ont montré des résultats très prometteurs dans les essais cliniques. On peut citer l’exemple du vénétoclax en combinaison avec le LDAC ou un agent hypométhylant. D’autres options, telles que l’inhibiteur hedgehog Glasdegib, sont également en cours d’essais cliniques, mais ne sont pas encore autorisées en Suisse.
Comment évaluez-vous les données d’efficacité de l’étude VIALE-A sur le vénétoclax en association avec l’azacitidine ?
Cet essai clinique établit le traitement combiné de vénétoclax et d’azacitidine comme nouveau standard de traitement pour les patients âgés et fragiles atteints de LAM. Les traitements standard habituels de faible intensité, tels que l’azacitidine ou la décitabine, n’apportent qu’une réponse limitée, avec une survie médiane attendue de neuf à dix mois et une rémission complète (CR/CRi) inférieure à 40 %. Dans l’étude de phase III VIALE-A, le traitement combiné par vénétoclax et azacitidine a permis d’obtenir une survie globale médiane de 14,7 mois, significativement supérieure à la mOS de 9,6 mois sous placebo + azacitidine. Le taux de CR/CRi du vénétoclax + azacitidine était également largement supérieur, avec 66,4 %, le placebo + azacitidine n’ayant obtenu qu’un taux de CR/CRi de 28,3 %. Les patients ont également répondu plus de deux fois plus rapidement au traitement combiné, dans un délai médian de 1,3 mois, et ont maintenu cette réponse plus longtemps, avec une durée médiane de réponse de 1,5 ans.
Comment voyez-vous le rôle futur du vénétoclax dans le traitement de première ligne de la LAM ?
L’approbation du traitement à base de vénétoclax pour la première ligne de traitement des patients âgés ou en mauvaise santé atteints de LMA a entraîné un changement de paradigme dans notre approche de la maladie. Plusieurs études cliniques sont actuellement en cours pour évaluer le vénétoclax dans le cadre de diverses autres thérapies combinées. Cependant, même si ces approches semblent très intéressantes et prometteuses, il faut s’attendre à une toxicité accrue dans le cas de schémas plus intensifs. Il convient donc de les comparer directement au vénétoclax en combinaison avec des substances hypométhylantes ou le LDAC.
Efficacité soutenue du schéma de traitement sans chimiothérapie Venetoclax plus rituximab dans la LLC R/R Le vénétoclax est déjà autorisé depuis mai 2018 en monothérapie chez les patients atteints de LLC avec une mutation del(17p) ou TP53 après échec du traitement par un inhibiteur de la voie de signalisation des récepteurs des cellules B, et depuis novembre 2019 en association avec le rituximab après au moins un traitement préalable [2]. Dans l’étude MURANO de phase III, randomisée et ouverte, le vénétoclax + rituximab (VenR) a significativement prolongé la survie sans progression chez les patients atteints de LLC R/R par rapport à la chimio-immunothérapie standard par bendamustine et rituximab (BR), réduisant le risque de progression de 81% après un suivi médian de 59,2 mois. % (HR : 0,19 ; 95 % KI : 0,15 – 0,26 ; p < 0,0001) [3-5]. VenR s’est également révélé supérieur en termes de survie globale (SG), avec un taux de SG estimé à 82,1 % à 5 ans. % (62,2 % sous BR, HR : 0,40 ; 95 % KI : 0,26 – 0,62 ; p < 0,0001) [3]. |
Cet article a été réalisé avec le soutien financier de AbbVie AG, alte Steinhauserstrasse 14, Cham.
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CH-VNCAML-210034_10/2021
Contribution en ligne depuis le 03/11/2021
Littérature