Le lysat bactérien OM-85 a induit in vitro une régulation négative de l’ACE2 et du TMPRSS2 – deux enzymes très importantes pour l’infection par le SRAS-CoV-2 – dans le tissu épithélial humain des organes cibles du nouveau coronavirus. C’est ce qu’a découvert un groupe de chercheurs américains dans une étude expérimentale en laboratoire publiée dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology .
Le SRAS-CoV-2 se lie au récepteur ACE2 (“Angiotensin-converting enzyme”) exprimé à la surface des cellules à l’aide de la protéine Spike. Cette enzyme est présente en haute densité dans le tissu pulmonaire. Le coronavirus est introduit dans la cellule soit par endocytose, soit par fusion de l’enveloppe virale avec la membrane cellulaire, sous la médiation de la sérine protéase transmembranaire 2 (TMPRSS2). Le récepteur ACE2, pivot de l’infection par le SRAS-CoV-2, est le point de départ d’une stratégie d’intervention utilisant le lysat bactérien OM-85.
Résultat in vitro : OM-85 freine le SRAS-CoV-2 dans l’épithélium pulmonaire humain
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, une équipe de recherche de l’Université de l’Arizona (États-Unis) dirigée par les professeurs Donata Vercelli et Vadim Pivniouk étudie, sur la base de données issues d’études de prévention de l’asthme, si le traitement avec le lysat bactérien OM-85 peut influencer le récepteur ACE2 chez Covid-19 [1]. L’idée est que la porte d’entrée est déplacée de la paroi cellulaire, de sorte que le virus ne peut s’attacher à aucune structure (Fig. 1). L’OM-85 (Broncho-Vaxom®) est un immunostimulant sous forme de capsule, autorisé en Suisse pour le traitement préventif des infections des voies respiratoires supérieures [2].
Les cellules de l’épithélium pulmonaire humain sont une cible du SRAS-CoV-2, c’est pourquoi les chercheurs se sont concentrés sur elles [3]. Des cellules épithéliales bronchiques ont été isolées à partir d’un sujet sain et cultivées sur des inserts de culture cellulaire avec une membrane en polyester à l’interface air-liquide pendant 2 semaines. Après une pré-incubation de 48 ou 72 heures avec une solution saline tamponnée au phosphate (PBS) ou OM-85 (1,92 mg/ml), les niveaux d’ARNm de ACE2 et TMPRSS-2 ont été mesurés par PCR quantitative RT. Une inhibition significative de l’ACE2 a été observée à 48 h et à 72 h (p=0,01 et p=0,005 respectivement), tandis qu’une inhibition significative de TMPRSS2 n’a été observée qu’à 72 h (p=0,04) [3] (Fig. 2).
L’étape suivante a consisté à analyser si une diminution de la transcription du récepteur du SRAS-CoV-2 était associée à des niveaux réduits de la protéine du récepteur à la surface des cellules. Les cellules Vero E6 et Calu-3 ont été pré-incubées avec du PBS ou de l’OM-85 (0,48 et 1,92 mg/ml) pendant 72 h et examinées par cytométrie de flux [3]. Le traitement par OM-85 a réduit de manière significative et dose-dépendante à la fois l’intensité moyenne de fluorescence de l’ACE2 et le pourcentage de cellules positives pour l’ACE2 dans les deux lignées cellulaires. D’autres analyses ont montré qu’OM-85 peut également inhiber l’infection par le SRAS-CoV-2 in vitro dans les cellules épithéliales d’autres tissus, comme par exemple dans le tissu rénal [3].
Littérature :
- “Respiratory Tract Bacterial Extracts Could Prevent COVID-19, Study Finds”, The University of Arizona, 13.12.2021
- Information sur les médicaments, www.swissmedicinfo.ch (dernière consultation 28.02.2022)
- Pivniouk V, et al : Allergy Clin Immunol 2021 Dec, doi : 10.1016/j.jaci.2021.11.019.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(3) : 28
InFo PNEUMOLOGIE & ALLERGOLOGIE 2022 ; 4(2) : 37