Question : L’objectif de l’étude était de déterminer la prévalence et les corrélats de la “dépendance alimentaire”, mesurés à l’aide de l’échelle de dépendance alimentaire de Yale (YFAS) chez les adolescents en surpoids ou obèses qui suivent un traitement pour perdre du poids [1].
Contexte : la “dépendance alimentaire” fait référence à un comportement alimentaire assimilable à une addiction et est diagnostiquée en présence d’au moins trois des sept symptômes du YFAS et en présence d’une altération cliniquement significative ou d’une souffrance. Jusqu’à présent, peu d’études ont examiné les comportements alimentaires dans une perspective de dépendance chez les enfants et les adolescents.
Patients et méthodologie : 50 adolescents en surpoids ou obèses âgés de 14 à 21 ans ont été recrutés pour l’étude. Ils suivaient un traitement de perte de poids en Allemagne pendant les deux premières semaines. Outre le YFAS, les questionnaires suivants ont été soumis aux jeunes : Food Cravings Questionnaire-Trait, Eating Disorder Examination Questionnaire, version courte du Barratt Impulsiveness Scale et du Center for Epidemiologic Studies Depression Scale. Des tests t indépendants ont été utilisés pour comparer les variables continues entre les jeunes avec et sans diagnostic. Des coefficients de corrélation de Bravais-Pearson ont été calculés pour le nombre de symptômes YFAS et les variables continues.
Résultats : Une “dépendance alimentaire” a été diagnostiquée chez 19 jeunes (38%). Le diagnostic était associé à une plus grande préoccupation concernant l’alimentation, le poids et la silhouette, à un plus grand nombre de jours auto-déclarés d’épisodes d’hyperphagie boulimique et de fringales, à plus de symptômes de dépression et à des scores plus élevés d’impulsivité attentionnelle et motrice. Ces variables et l’impulsivité non planifiée étaient positivement corrélées avec le nombre de symptômes YFAS. Les adolescents diagnostiqués et non diagnostiqués ne différaient pas significativement en termes de sexe, d’âge, d’IMC, de maîtrise de l’alimentation et d’impulsivité non planifiée.
Conclusion des auteurs : les résultats reproduisent les conclusions des études menées sur des adultes obèses. Les auteurs en concluent que le YFAS est un outil approprié pour déterminer la “dépendance alimentaire” chez les adolescents et que les comportements alimentaires assimilables à une dépendance ne sont pas seulement présents chez les adultes, mais aussi chez les adolescents. En outre, l’impulsivité basée sur l’attention, en particulier, pourrait prédire le développement de la “dépendance alimentaire”.
Commentaire : Le constat qu’environ 38% des adolescents en surpoids ou obèses ont reçu un diagnostic de “dépendance alimentaire” au début d’un traitement de perte de poids montre la pertinence de ce sujet. Cependant, le lien de causalité possible entre l’impulsivité basée sur l’attention et le développement d’une symptomatologie de “dépendance alimentaire” doit d’abord être clarifié dans d’autres études. Si celui-ci se révèle, des interventions spécifiques visant à mieux contrôler la composante impulsive pourraient être développées et intégrées dans le traitement des adolescents obèses. Les limitations mentionnées par les auteurs devront être prises en compte dans les études futures. Ainsi, des échantillons plus importants doivent être étudiés afin de pouvoir généraliser les résultats à une plus grande population. En outre, des études longitudinales devraient être menées, qui ne se basent pas uniquement sur des rapports personnels.
Littérature :
- Gearhardt AN, Corbin WR, Brownell KD : Validation préliminaire de l’échelle de dépendance alimentaire de Yale. Appétit 2009 ; 52 : 430-436
Littérature complémentaire :
- Frey L, et al. : La “dépendance alimentaire” comme cause possible de l’obésité : Praxis 2016 ; 105(7), in press.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2016 ; 14(3) : 32