Bien qu’il n’existe pas de consensus international sur le traitement de la rosacée, les nombreuses possibilités de traitement reposent sur des critères basés sur des preuves, comme l’a expliqué le PD Dr Peter Häusermann à Zurich. Dans la pathogenèse complexe, certains éléments constitutifs sont connus et utilisés à des fins thérapeutiques. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer où et pourquoi exactement la régulation inflammatoire élevée commence.
Nous ne connaissons pas encore de biomarqueurs spécifiques de la rosacée pour le diagnostic histologique ou sérologique. Le large spectre des manifestations cliniques rend en outre difficile un consensus international sur le traitement, comme l’a expliqué le PD Dr Peter Häusermann, médecin-chef à l’Hôpital universitaire de Bâle, lors de la réunion de formation continue de la dermatologie régionale de l’USZ. Il est également important de se rappeler que la région centrofaciale n’est pas la seule à pouvoir être touchée, le cuir chevelu, les yeux, les oreilles ou le décolleté peuvent également être concernés [1].
La prévalence de la rosacée varie entre 5% dans le sud de l’Europe et jusqu’à 10% dans le nord de l’Europe. La maladie débute généralement entre 30 et 50 ans, mais elle peut aussi toucher les enfants. Les hommes sont plus nombreux à tomber malades à un âge avancé. La souffrance est considérée comme faible par environ 70% des personnes concernées, alors qu’un tiers des patients se sentent considérablement affectés dans leur qualité de vie. Une étude récente menée au Royaume-Uni a révélé une incidence de 165 cas pour 100 000 habitants/an – 4 000 à 5 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année [2].
Image du peptide spécifique à la rosacée
Dans le cas de la rosacée, on pense qu’il existe une prédisposition héréditaire. Des perturbations du système immunitaire inné, des mécanismes neuroinflammatoires, des rayons ultraviolets, des réactions inflammatoires locales aux micro-organismes cutanés ainsi que des modifications de la régulation des vaisseaux et éventuellement des vaisseaux lymphatiques sont envisagés et étudiés comme causes.
Une découverte importante concerne la production et l’activation des peptides de cathélicidine, une famille de peptides antimicrobiens de la peau. Dans la rosacée, un modèle typique de cytokines pro-inflammatoires a été identifié (kallicréine 5, récepteur Toll-like 2, interleukines 1-6 et facteur de nécrose tumorale alpha), qui influence aussi directement l’angiogenèse et la régulation des vaisseaux sanguins. Comme la rosacée s’aggrave après une exposition aux UV, la surexpression du VEGF et l’augmentation de l’activité des espèces réactives de l’oxygène sont considérées comme des causes supplémentaires.
Les acariens Demodex et Bacillus oleronius sont considérés comme des co-facteurs possibles de la réaction inflammatoire, bien que la rosacée ne soit pas une maladie infectieuse, a souligné le Dr Häusermann.
Les facteurs de pathogenèse connus à ce jour permettent également d’attribuer les modes d’action des médicaments :
- Le métronidazole agit sur la kallicréine 5, ce qui lui confère un effet anti-inflammatoire ou immunosuppresseur, et on postule également une efficacité contre les espèces réactives de l’oxygène.
- Pour l’acide azélaïque, on mise sur un large effet anti-inflammatoire et sur une normalisation de la kératinisation.
- Le traitement antibiotique par tétracyclines a également un effet anti-inflammatoire et est très efficace contre les papules et les pustules, mais n’a que peu d’effet sur l’érythème et les télangiectasies.
- L’utilisation de l’isotrétinoïne entraîne une réduction notable des papules, pustules, érythèmes et télangiectasies [3].
Dermatite périorale POD
L’érythème buccal, la dermatite rosacée, la dermatite périorale ou encore la maladie des hôtesses de l’air est une maladie relativement “jeune” puisqu’elle n’a été décrite comme une entité à part entière qu’en 1964. La dermatite périorale est une réaction d’intolérance caractéristique de la peau du visage, due à une irritation chronique ou répétitive. Les cosmétiques et autres substances hydratantes sont notamment soupçonnés d’en être la cause. Certains spécialistes acceptent un traitement zéro sur le plan thérapeutique. Les lignes directrices de la DDG prévoient également cette option pour les formes légères. Pour les formes sévères, les topiques, les antibiotiques topiques et systémiques et l’isotrétinoïne sont cités. Le pimécrolimus 1% entraîne une guérison accélérée de la POD et peut être utilisé dans cette indication, mais les données à long terme manquent.
La dermatite périorale lupoïde est une forme particulière chez les enfants afro-caribéens (FACE), généralement déclenchée par les corticoïdes.
Sous-types de rosacée
Alors que la rosacée était auparavant divisée en stades, on parle depuis 2002 également de sous-types à titre complémentaire.
Pré-rosacée, érythème fonctionnel : les symptômes du début sont des érythèmes fugaces, en forme de crises, appelés “flushing” et “blushing”.
Sous-type I, rosacée érythémateuse-télangiectasique, érythème persistant : on observe également des télangiectasies plus ou moins prononcées, des brûlures, des picotements, des démangeaisons ou encore une sécheresse et une desquamation.
Sous-type II, rosacée papulopustuleuse érythème centrofacial persistant : des papules et pustules inflammatoires rouges, isolées ou groupées, généralement symétriques, apparaissent et persistent pendant une période prolongée (plusieurs semaines) ; parfois, des papules succulentes et un lymphœdème sont également présents.
Sous-type III, rosacée hypertrophique ou hyperplasie glandulaire du tissu conjonctif et des glandes sébacées : les phymas sont particulièrement pénibles pour les patients et se trouvent sur le nez (rhinophyma), le menton/la mâchoire (gnathophyma), le front (métophyma), l’oreille (otophyma) ou la paupière (blépharophyma) [3].
Sous-type IV, Ophthalmorosazea : généralement bilatérale, y compris chez les enfants. Outre les atteintes conjonctivales et cornéennes, la dermatite palpébrale et les collarettes autour des cils sont typiques.
Formes particulières, rosacée lupique, rosacée stéroïde, rosacée conglobata, rosacée fulminante, rosacée gram-négative, œdème solide du visage, démodécie. Dans le cas de la maladie de Morbihan on constate une participation accrue des vaisseaux lymphatiques ainsi que des œdèmes grossiers, à peine compressibles. Les joues, le nez et le front sont affectés de manière progressive.
Le traitement est adapté au stade de la maladie
L’algorithme de traitement d’Elewski et al. peut être considéré comme une proposition de consensus international minimal. Le tableau 1 présente un schéma de traitement “simplifié”.
Il est également important de se protéger des UV et d’éviter les facteurs déclenchants. Une amélioration des télangiectasies et des rougeurs peut être obtenue par une thérapie appropriée au laser ou à la lampe flash. Une correction chirurgicale des phymas peut être effectuée par dermabrasion ou dermashaving [4].
Dans ses perspectives d’options futures, le Dr Häusermann a mentionné, entre autres, la perméthrine (locale), le pimécrolimus à 1% (local), l’oxymétazoline, un agoniste α-1 sélectif (local) pour les symptômes vasculaires, et la doxycycline à faible dose, sans effet antibiotique, avec une libération modifiée du principe actif. Ce dernier ne montre pas de développement de résistance.
Source : Série Dermatologie régionale de l’USZ : Maladies de la peau de la tête/du visage le 11 avril 2013 à Zurich.
Littérature :
- Elewski BE, et al : Rosacea – global diversity and optimized outcome : proposed international consensus from the Rosacea International Expert Group. J Eur Acad Dermatol Venereol 2011 Feb ; 25(2) : 188-200.
- Spoendlin J, et al : A study on the epidemiology of rosacea in the UK. Br J Dermatol 2012 ; 167 : 598-605.
- Korting HC, Schollmann C : Approches topiques et systémiques actuelles pour le traitement de la rosacée. J Eur Acad Dermatol Venereol 2009 ; 23 : 876-882.
- Ligne directrice DDG Rosazea.