La situation actuelle autour du nouveau SRAS-CoV-2 et de la pandémie COVID-19 est dynamique et soulève de nombreuses questions. Quelles sont les règles de conduite et les mesures de protection que les professionnels de la santé peuvent appliquer dans leur travail clinique quotidien ? Réponses du professeur Philip Tarr, spécialiste en infectiologie à l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne.
Les données sur le nouveau coronavirus sont encore limitées et de nombreuses estimations actuelles sont basées sur des extrapolations des connaissances sur le SRAS, le MERS, la grippe, etc. Les dispositions de l’OFSP, mises à jour en permanence, constituent une base importante pour les mesures correspondantes. Contrairement à de nombreuses autres professions, le personnel de santé peut/doit continuer à travailler dans les établissements cliniques en appliquant les mesures de protection et d’hygiène, sous peine de voir le système de santé s’effondrer.
En ce qui concerne les règles d’hygiène, les professionnels de la santé appliquent en principe les mêmes précautions que tout le monde dans leur travail clinique quotidien : il est très important de se laver et de se désinfecter les mains systématiquement et, si possible, d’éviter de se toucher le visage. En ce qui concerne l’éloignement social, il faut veiller à ce que la distance soit d’au moins 180 cm. Cela vaut également pour la salle d’attente, la salle de réunion, la réception (éventuellement installer une vitre en plexiglas). Dans la mesure du possible, les patients présentant des symptômes suspects doivent être tenus à l’écart des cabinets médicaux (envoyés dans des centres d’évaluation ).
Les masques dans la pratique clinique quotidienne : que sait-on ?
Un masque chirurgical est suffisant dans la pratique clinique quotidienne et devrait être porté lors de tous les contacts avec les patients (même si aucun symptôme de rhume n’a été mentionné lors de l’inscription). Avant d’enfiler le masque, il faut se désinfecter les mains. Il n’est pas nécessaire de toujours porter un masque FFP2 et des surblouses. On sait que les masques chirurgicaux sont tout aussi efficaces dans la pratique clinique quotidienne contre la grippe, le H1N1 et le SRAS. Les FFP2 (plus protection du visage, tabliers de protection) ne sont utiles que pour les tâches générant des aérosols. “Il n’y a pas encore assez de données pour le nouveau coronavirus, mais nous pensons qu’un masque chirurgical est à peu près aussi efficace que le FFP2”, ajoute le professeur Tarr.
Les règles générales d’hygiène et de comportement de la campagne “Comment nous protéger” sur www.bag-coronavirus.ch s’appliquent également aux professionnels de la santé. L’utilisation d’un masque hygiénique (masque chirurgical, masque chirurgical) est recommandée par l’OFSP pour les professionnels de la santé qui ne peuvent pas maintenir une distance minimale de 2 mètres avec des patients présentant une infection confirmée par le COVID-19 ou des symptômes d’infection respiratoire aiguë. L’utilisation d’un masque FFP2/3 doit être réservée aux activités présentant un risque important de formation d’aérosols chez les personnes dont la suspicion est fondée ou dont la présence de COVID-19 a été confirmée en laboratoire. |
Que faut-il désinfecter dans les salles de traitement ?
Il serait tout à fait judicieux de désinfecter les surfaces suivantes après un contact avec un patient : Table, chaise, lit d’examen, cliniques de porte, interrupteurs. Cependant, la désinfection à grande échelle de l’environnement, les combinaisons Ebola/d’astronaute et les cagoules ne seraient pas si utiles. Les expositions dangereuses sont l’inhalation de virus ou le passage de virus des mains au visage. “Les quelques virus qu’il y a dans l’environnement ne sont pas très importants”, explique l’infectiologue. Le professeur Tarr estime également qu’il n’est pas nécessaire de désinfecter le sol en permanence dans le cabinet, le virus mourant en quelques heures. En ce qui concerne les emballages, les journaux, l’argent, etc., on sait que les coronavirus survivent plusieurs heures sur les surfaces, mais il ne s’agit que d’un petit nombre de virus. Il estime qu’il n’y a pas de risque de contagion. Le danger réside principalement dans le contact avec les sécrétions, qui permet d’inhaler plusieurs millions de virus (par exemple, si l’on est en contact étroit avec une personne infectée sans masque).
Quels sont les critères de réalisation d’un test ?
Selon le professeur Tarr, seules les personnes symptomatiques devraient être testées, les tests sur les personnes asymptomatiques n’ayant pas de sens dans la situation actuelle. Cela vaut également pour le personnel de santé. D’une part, un résultat de test négatif a une mauvaise valeur prédictive et, d’autre part, les tests sont actuellement une denrée rare. “En pratique, il n’est actuellement pas réalisable de tester des personnes asymptomatiques toutes les 48 heures”, explique l’expert. Pour les tests effectués sur des personnes symptomatiques, un résultat négatif est considéré comme valable à l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne si la durée des symptômes a été d’au moins 72 heures auparavant. C’est important pour être sûr de ne pas rater d’éventuels virus, explique le professeur Tarr.
Combien de temps un frottis reste-t-il positif chez une personne infectée ?
En moyenne, un frottis reste positif pendant environ 20 à 22 jours, dans des cas extrêmes jusqu’à 37 jours. Mais dans les cas bénins, le nombre de virus dans les prélèvements diminue considérablement dans la semaine qui suit le début des symptômes, et donc probablement aussi la contagiosité. Les exceptions sont les personnes dont l’évolution est grave et qui sont admises en soins intensifs avec des difficultés respiratoires, une pneumonie, etc. Dans ces cas, le nombre de virus peut encore augmenter au cours de l’évolution. Ce que l’on sait par exemple de la grippe, c’est que lorsqu’une personne se sent mieux cliniquement, le nombre de virus dans le nasopharynx diminue également.
Reprendre le travail après avoir surmonté la maladie COVID19 : à quoi faire attention ?
Il est très important que la personne concernée respecte les mesures d’hygiène et de précaution après son retour au travail, par exemple en portant un masque et en se désinfectant régulièrement les mains. On estime actuellement qu’une fois la maladie COVID19 surmontée, on est immunisé pendant au moins quelques mois. Il y a encore peu de données empiriques à ce sujet, de sorte que l’on ne sait pas non plus si l’on est toujours protégé ou non, par exemple à la saison d’hiver suivante. Il est possible que le nouveau coronavirus soit présent de manière endémique, c’est-à-dire qu’il ne disparaisse pas simplement, comme c’est le cas pour certains autres virus. Les tests d’anticorps permettent d’identifier les personnes immunisées contre le coronavirus, a-t-il ajouté.
Source : Forum pour la formation médicale continue (FOMF) : WebUp : Expertentreff Infektiologie – Talk sur le thème COVID-19. Prof Dr med. Philip Tarr, Hôpital cantonal de Bâle-Campagne, 26.03.2020.
DERMATOLOGIE PRAXIS 2020 ; 30(2) : 4 (publié le 24.4.20, ahead of print)