Si les maux de tête se produisent régulièrement, ils peuvent entraîner une réduction considérable de la qualité de vie. Il s’agit en majorité de maux de tête primaires, les migraines et les céphalées de tension étant les plus fréquentes. Outre un large éventail de possibilités de traitement pharmacothérapeutique et de prophylaxie, l’adaptation des facteurs liés au mode de vie peut également contribuer à la prophylaxie et au coping.
Selon les données de la Global Burden of Disease Study publiées dans le Lancet, les maux de tête sont la sixième cause d’années de vie perdues en raison d’un handicap [1]. “Les patients sont nettement limités dans leur vie quotidienne et familiale”, explique le PD Dr Hakan Sarikaya, Hôpital de l’Île à Berne. Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif, les thérapies disponibles aujourd’hui sont toutes symptomatiques [2]. Le fait qu’il y ait le plus souvent des rechutes récurrentes peut parfois entraîner une frustration chez les patients, explique le conférencier. En termes d’économie de la santé, les coûts directs et indirects liés aux céphalées sont considérables.
Maux de tête primaires ou secondaires ?
Selon la Société internationale des céphalées, il existe 200 types de céphalées différentes, parmi lesquelles on distingue les formes primaires et secondaires (aperçu 1) et une répartition en 14 sous-groupes au total [3]. En pratique clinique quotidienne, il s’agit dans la plupart des cas de maux de tête de type tension, les migraines arrivant en deuxième position [2]. Les céphalées secondaires et les céphalées en grappe sont plus rares [2]. Le contrôle de routine dans l’évaluation des patients souffrant de maux de tête comprend : Méningisme, mobilité de la colonne cervicale, dolence de pression de l’articulation et des muscles de la mâchoire, myogélose des muscles du cou et des épaules, syndrome de Horner. En outre, une mesure de la pression artérielle doit être effectuée. En cas d’étiologie inexpliquée, l’orateur recommande un examen par imagerie par résonance magnétique (IRM).
Afin d’exclure les causes secondaires des céphalées, il convient de vérifier les étiologies possibles suivantes : Hémorragie sous-arachnoïdienne, méningite, hypertonie de la BD, sinusite, artérite temporale, dissection, causes post-traumatiques/cranlotomie, syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible (SCR), thrombose veineuse cérébrale/sinusienne, céphalées de surconsommation médicamenteuse, hypertension intracrânienne idiopathique, artérite temporale (seulement après 60 ans), tumeur cérébrale, crises d’épilepsie.
S’il s’agit de céphalées primaires, une anamnèse minutieuse est particulièrement importante en ce qui concerne les facteurs suivants : durée, intensité, caractère de la douleur, localisation, symptômes associés, déclencheur, comportement pendant la crise douloureuse, moment de la journée, dépendance à la position, utilisation de médicaments. Des caractéristiques cliniques spécifiques permettent de déterminer de quel sous-type de maux de tête il s’agit [2] :
- Migraine : pulsatile, unilatérale, nausées/vomissements, photo-/phonophobie, mouvement renforcé, 4-72 heures, facteurs déclencheurs
- Céphalée de tension : sourde, diffuse des deux côtés, légère-moyenne, pas de symptômes associés
- Céphalées en grappe : unilatérales (autour de l’œil), douleur intense, larmes, rougeur des yeux, nez bloqué, réveils nocturnes et symptômes à la même heure
- Migraine chronique et surutilisation de médicaments Maux de tête : presque quotidiens, plutôt sourds et oppressants, forts par crises, de type migraineux, analgésiques >10 jours.
Les migraines ne se caractérisent généralement pas uniquement par des maux de tête, mais s’accompagnent d’autres symptômes. Les plus fréquents, selon une étude américaine (n=510), sont la sensibilité à la lumière (90%), les difficultés de concentration (82%), les nausées (69%) et l’irritabilité (60%) [4]. La migraine est également souvent associée à la dépression et aux troubles anxieux, les personnes atteintes souffrent parfois de syndrome du côlon irritable et de dysplasie fibromusculaire, et le risque d’accident vasculaire cérébral est accru en présence de facteurs de risque cardiovasculaires. L’intervenant mentionne que lors de l’examen des patients souffrant de céphalées, un éventuel contexte migratoire peut également jouer un rôle, car il existe certaines différences spécifiques à la culture, par exemple en ce qui concerne l’évaluation et la communication de la douleur.
Triptans : une place de choix dans le traitement aigu de la migraine
Le traitement des crises de migraine d’intensité moyenne à élevée et handicapantes dans la vie quotidienne repose principalement sur les triptans. Ils se caractérisent par une efficacité spécifique et puissante dans le cas de la migraine. Il est important de l’utiliser tôt, mais pas pendant la phase d’aura. Il existe des préparations sous différentes formes d’administration : Per os, sublingual, sous-cutané, spray nasal. Les différentes substances sont en principe interchangeables, bien qu’il existe certaines différences en termes de durée et d’intensité d’action (aperçu 2). En règle générale, les trois points suivants doivent être pris en compte pour le traitement pharmacothérapeutique des crises d’intensité légère à modérée : dose suffisamment élevée, prise précoce, pas de fréquence excessive. Comme mesure non médicamenteuse, l’orateur recommande le repos, le sommeil et la relaxation.
Quels sont les critères pour une prophylaxie à long terme ?
Selon les recommandations thérapeutiques publiées en 2019 par la Société suisse des céphalées [5], une prophylaxie à long terme peut être envisagée en cas de céphalées primaires dans les cas suivants : plus de trois crises par mois (>5 jours), crises très sévères ou prolongées, auras prolongées ou fréquentes, intolérance aux traitements aigus, céphalées liées à une surconsommation de médicaments, altération marquée de la qualité de vie, ainsi que si le patient le souhaite. Pour une prophylaxie pharmacothérapeutique à long terme aussi efficace et sûre que possible, il s’est avéré utile de prendre en compte les aspects suivants :
- Si le bénéfice est bon (ce qui doit être démontré au plus tard après 8 semaines), la prophylaxie à long terme peut être poursuivie pendant 6 à 12 mois.
- Les médicaments aigus ne doivent pas être utilisés pour un traitement à long terme (risque de céphalées par surconsommation de médicaments) !
- La comorbidité a une influence sur le choix des médicaments (prise de poids avec la flunarizine et l’amitriptyline par exemple ; contre-indications des bêtabloquants chez les patients souffrant d’asthme sévère, hypotension ; les bêtabloquants, la flunarizine et le topiramate peuvent favoriser la dépression).
- Les effets secondaires souhaités peuvent être ciblés (par exemple, perte de poids grâce au topiramate, effet sédatif grâce à l’amitriptyline, effet laxatif du magnésium, effet hypotenseur et hypotenseur grâce aux bêtabloquants).
- Si la lamotrigine et le topiramate sont utilisés, il faut faire attention aux interactions avec les contraceptifs hormonaux. Le topiramate et le valproate sont tératogènes, ils ne doivent donc être utilisés que sous anticonception de sécurité.
Les mesures non médicamenteuses suivantes se sont également avérées efficaces en termes de prophylaxie à long terme : entraînement d’endurance aérobie (3× 30 min/semaine), gestion du stress, relaxation musculaire progressive, mesures comportementales (repas réguliers, heures de sommeil régulières, thérapie cognitivo-comportementale, évitement des facteurs déclencheurs), acupuncture/thérapie manuelle.
Source : FOMF Zurich
Littérature :
- GBD 2015 DALYs and HALE Collaborators : Global, regional, and national disability-adjusted life-years (DALYs) for 315 diseases and injuries and healthy life expectancy (HALE), 1990-2015 : a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2015. Lancet 2016 ; 388 (10053) : 1603-1658.
- Sarikaya H : Présentation de transparents, PD Dr. Symposium : Neurologie : Maux de tête, Médecine interne – Mise à jour de la mise à jour. 03.12.2019, Zurich.
- International Headache Society : The International Classification of Headache Disorders 3rd edition, Cephalalgia 2018 ; 38(1) : 2011-2211, https://ichd-3.org
- Gonzalez JM, et al : Céphalée 2013 ; 53(10) : 1635-1650.
- Société suisse pour les céphalées : Recommandations thérapeutiques pour les céphalées primaires, y compris les céphalées d’effort. Algorithme des céphalées pour le médecin généraliste, 10e édition entièrement révisée 2019, www.headache.ch
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2020 ; 15(4) : 24-25