L’éperon calcanéen est une excroissance osseuse en forme d’épine située sur le calcanéum (os du talon). Le diagnostic se fait par une radiographie latérale du talon. Les facteurs étiologiques incluent une surutilisation due à des dépôts de calcium à l’insertion du tendon plantaire ou du tendon d’Achille. Les personnes les plus touchées sont celles qui sont en surpoids, de grande taille et très actives.
L’articulation de la cheville est une articulation complexe, formée de plusieurs structures osseuses et ligamentaires. La charge mécanique est considérable chaque jour. L’articulation est donc l’un des principaux lieux de manifestation des lésions osseuses et ligamentaires, des lésions de surcharge et des inflammations. Des malformations congénitales, par exemple des coalitions osseuses, peuvent se produire. L’épine calcanéenne est l’expression d’une surcharge de longue durée. Les personnes de grande taille et celles en surpoids sont plus touchées en raison des forces de traction accrues des tendons sur le calcanéum, y compris les personnes très actives sur le plan sportif. Différents facteurs favorisent l’apparition de l’éperon calcanéen, résumés dans l ‘aperçu 1 [3].
L’éperon osseux peut être plantaire et dorsal, il existe également une dépendance à l’âge, alors que la répartition par sexe est à peu près la même. Chez les personnes âgées de plus de 70 ans, l’incidence la plus élevée est celle de l’éperon plantaire (41,8%) ; par rapport à l’ensemble des individus, la proportion de l’éperon plantaire au talon est de 32,2% et celle de l’éperon dorsal de 13,1% [2]. L’incidence la plus élevée de l’éperon dorsal est observée au cours de la 7e décennie de vie. La proportion d’épines calcanéennes asymptomatiques est d’environ 20% [1]. De plus, la taille de l’éperon n’a pas de corrélation avec l’ampleur des symptômes.
Les patients souffrant d’une épine calcanéenne symptomatique décrivent souvent leurs symptômes en des termes similaires (aperçu 2). La surcharge entraîne une inflammation des tendons, dans ce cas du fascia plantaire, à la base de l’os. Des calcifications minuscules se forment et, si le stress se poursuit, elles deviennent progressives et conduisent à la formation de l’éperon. Outre cette fibrosite productive, on peut également observer la forme rare raréfiante, qui se reconnaît par une perte de substance osseuse circonscrite à l’enthèse. Cette symptomatologie peut conduire à une posture de décharge et à une mauvaise mise en charge [4]. Les personnes concernées posent alors en priorité la partie avant du pied ou appuient davantage sur le bord extérieur du pied, ce qui entraîne une marche boiteuse en position de pied pointu. Des douleurs croissantes dans le talon, sur le côté et dans la partie inférieure de la jambe peuvent survenir de manière consécutive.
Les radiographies en projection latérale peuvent mettre en évidence la fibrosite productive et la différencier de la forme raréfiante. Un flou des contours de l’éperon calcanéen peut indiquer l’activité inflammatoire. Si, en présence d’une symptomatologie correspondante, aucun éperon n’est décelable et qu’une autre modification osseuse peut être exclue, le diagnostic différentiel peut porter sur une fasciite plantaire.
Les examens tomodensitométriques ne jouent aucun rôle dans le diagnostic d’imagerie primaire de l’éperon calcanéen. Mais si un éperon est présent lors de l’examen d’autres questions, il peut être visualisé en particulier dans la reconstruction sagittale des scans axiaux.
L’IRM permet notamment de diagnostiquer très facilement l’aponévrosite plantaire ainsi que l’activité inflammatoire des épines calcanéennes. Souvent, des modifications inflammatoires simultanées (bursite, tendinite, péritendinite, œdème spongieux) sont détectables dans l’environnement. Les séquences à contraste renforcé permettent de mettre en évidence l’étendue et l’activité de l’inflammation.
Études de cas
L’exemple 1 montre une radiographie latérale de la cheville gauche chez une patiente de 70 ans présentant des symptômes de douleurs plantaires bilatérales à l’effort et après l’effort, une épine calcanéenne plantaire et dorsale ainsi qu’une calcification étendue sur le trajet du fascia plantaire. L’image du talon droit, qui n’est pas documentée ici, a révélé des changements adéquats. (Fig.1). Dans le site Cas 2 chez un homme de 48 ans, pour contrôler l’évolution postopératoire d’une fracture distale complexe du tibia, on a observé, outre l’arthrose avancée de la cheville, un petit éperon plantaire et dorsal au talon sur un scanner MS avec reconstruction sagittale (ill. 2) identifiables en tant que résultats secondaires, à chaque fois asymptomatiques.
L’étude de cas 3 montre une forte épine calcanéenne dans la reconstruction sagittale 2D d’un MS-CT (fig. 3). Chez cette patiente de 55 ans, on soupçonnait une fracture insidieuse du calcanéum associée à une symptomatologie douloureuse plantaire progressive. Le cas 4 montre l’apparition simultanée d’une épine calcanéenne plantaire et d’une fasciite plantaire sur une IRM de contraste de la région du talon (Fig. 4). d’une femme de 67 ans présentant une douleur plantaire importante.
Littérature :
- Alatassi R, Alajlan A, Almalki T : Trace calcanéenne bizarre : un rapport de cas. Int J Surg Case Rep 2018 ; 49 : 37-39.
- Beytemür O, Öncü M : L’évolution en fonction de l’âge de l’incidence de la fissure calcanéenne. Acta Orthop Traumatol Turc 2018 ; 52(5) : 367-371.
- Kirkpatrick J, Yassaie O, Mirjalili SA : The plantar calcaneal spur : a review of anatomy, histology, etiology and key associations. J Anat 2017 ; 230(6) : 743-751.
- Orthopädische Gelenk-Klinik : www.gelenk-klinik.de (dernière consultation 22.04.2021).
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2021 ; 16(5) : 35-36