Les antibiotiques végétaux n’existent pas à proprement parler. Mais la nature met à notre disposition des stratégies qui peuvent être utiles en cas d’infection. Nous présenterons ensuite quelques utilisations des plantes contre les infections virales et bactériennes ainsi que contre les mycoses de la peau. Il ne s’agit que d’une sélection. Une présentation exhaustive dépasse largement le cadre de cet article.
Le terme “antibiotiques à base de plantes” apparaît régulièrement dans des textes décrivant des traitements de médecine complémentaire. Mais les auteurs de ces textes ne sont pas des spécialistes reconnus. En effet, les vrais spécialistes de la phytothérapie savent qu’il n’existe pas d’antibiotiques végétaux à proprement parler, pas plus que d’œstrogènes végétaux. On retrouve également ce terme de manière récurrente dans les textes pseudo-scientifiques. Aucun spécialiste sérieux de la phytothérapie ne conseille d’utiliser des préparations à base de plantes à la place d’antibiotiques en cas de pneumonie, de septicémie ou de méningite.
Anti-infectieux à base de plantes
Cela ne signifie pas pour autant que sans antibiotiques, on est sans défense face à toutes les maladies infectieuses. En effet, certaines plantes médicinales permettent de réaliser des préparations qui constituent de très bonnes et efficaces stratégies contre certaines maladies d’origine bactérienne, virale ou mycosique. Contrairement aux antibiotiques de synthèse, il vaut mieux parler dans ce cas d’anti-infectieux à base de plantes ou naturels. Mais à l’heure de la résistance croissante aux antibiotiques, il convient de se demander s’il faut toujours prescrire des antibiotiques immédiatement pour chaque infection. En effet, contrairement aux antibiotiques, les anti-infectieux à base de plantes ne développent aucune résistance.
Infections des voies respiratoires
Les infections respiratoires font partie des infections les plus courantes et touchent des millions de personnes, surtout en hiver, qui sont alors en proie à la fièvre, à la toux et aux douleurs articulaires pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. En revanche, les antibiotiques sont très souvent prescrits, alors que l’on sait que la grande majorité des états grippaux sont causés par des virus, contre lesquels les antibiotiques sont notoirement inefficaces. Les raisons invoquées pour justifier le recours aux antibiotiques sont, d’une part, qu’ils permettent d’éviter ce que l’on appelle une surinfection et, d’autre part, qu’un grand nombre de personnes concernées souhaitent expressément un traitement par antibiotiques.
Echinacea
L’échinacée est une plante médicinale très étudiée scientifiquement qui peut être utilisée pour lutter contre les infections virales des voies respiratoires. D’un point de vue botanique, l’échinacée forme le genre Echinacea. On utilise principalement l’Echinacea purpurea (figure 1), un peu moins souvent l’Echinacea angustifolia et encore plus rarement l’Echinacea pallidum. Les préparations à base d’échinacée se composent soit de jus pressé des parties aériennes, soit d’un extrait de la plante, y compris le jus d’échinacée. de la racine.
Plusieurs études ont démontré l’efficacité des préparations correspondantes dans le traitement des maladies respiratoires [1-5 ; voir aussi le numéro 10/2013]. L’extrait de la plante entière, en particulier, semble avoir un effet virucide prononcé, surtout contre les virus qui possèdent une membrane [4,5]. Des études récentes montrent en outre que cet extrait d’échinacée est également efficace contre certaines bactéries (tableau 1) [6].
Pélargonium sidoides
L’efficacité de la plante sud-africaine Pelargonium sidoides dans le traitement de la bronchite aiguë a déjà été évoquée dans cette revue (voir le numéro 1/2014). C’est pourquoi nous ne nous étendrons pas sur ce sujet et nous nous contenterons de rappeler que plusieurs études cliniques menées avec l’extrait de pélargonium sidoides EPs 7630 ont documenté que cet extrait entraîne une amélioration statistiquement significative et cliniquement pertinente de la qualité de vie liée à la santé et de l’évaluation du traitement [8–10].
Huiles essentielles
Les huiles essentielles sont des mélanges de différents terpènes et sesquiterpènes ou composés aromatiques présents dans les espèces végétales les plus diverses, qui sont volatiles et ont une odeur caractéristique. Les huiles essentielles sont extraites des plantes par différentes méthodes. La distillation à la vapeur d’eau joue ici le rôle le plus important.
Depuis que les civilisations humaines existent, les huiles essentielles sont utilisées à des fins cultuelles, en parfumerie ou à des fins médicales. Il s’agit notamment d’huiles essentielles de menthe poivrée, d’eucalyptus, de thym, d’anis, de cumin, de sauge, de mélisse, de camomille, de rose, de jasmin, d’angélique, de coriandre, de cannelle, d’hysope, de cajeput, de gingembre, d’arbre à thé, etc.
Inhalations
Les inhalations avec des mélanges d’huiles essentielles s’avèrent très utiles, en particulier pour les infections des voies respiratoires supérieures. Pour cela, vous pouvez verser quelques gouttes d’un concentré correspondant dans un bol d’eau chaude et inhaler ensuite pendant quelques minutes. Une telle mesure peut influencer favorablement l’évolution d’une infection des voies respiratoires supérieures. En effet, contrairement à la médecine traditionnelle qui n’a pas grand-chose à proposer contre les infections virales, il existe un certain nombre d’huiles essentielles ayant une efficacité antivirale [11–14].
Herpès simplex
Les préparations correspondantes contenant des huiles essentielles comme principe actif sont toujours utilisées contre les infections récurrentes à herpès simplex, appelées boutons de fièvre, car les principes actifs traditionnels, en particulier l’acyclovir, ont souvent un effet peu convaincant. Une étude clinique a même pu démontrer l’efficacité d’une telle préparation [15].
Mycoses de la peau, cicatrisation des plaies
Un certain nombre d’huiles essentielles sont réputées avoir une efficacité antifongique. Récemment, plusieurs études ont été menées sur l’huile de tea tree, l’huile essentielle de Melaleuca alternifolia, un arbre originaire d’Australie. Les résultats et l’expérience pratique des médecins pratiquant la médecine alternative parlent en faveur de l’efficacité de l’huile d’arbre à thé [16]. Il existe également des rapports montrant un effet positif de l’huile de théier sur la cicatrisation des plaies.
Cystite
Le meilleur moyen de traiter une cystite sévère est de prendre des antibiotiques. Mais avant qu’elle ne se déclare vraiment, on peut essayer de la stopper avec des préparations à base de plantes appropriées. Il s’agit notamment de boire des mélanges de tisanes ou de prendre des teintures à base de plantes diurétiques et vésicantes telles que les feuilles de bouleau, les cosses de haricots, la prêle, l’airelle rouge, le raisin d’ours, etc.
Résumé
Les antibiotiques classiques issus de la nature n’existent pas. Il existe cependant un certain nombre de plantes médicinales à l’efficacité anti-infectieuse qui peuvent être utilisées avec succès dans les infections des voies respiratoires, en particulier contre les infections d’origine virale, et dans diverses autres infections, comme la cystite débutante ou l’herpès simplex. Les traitements purement naturels peuvent également être efficaces contre les mycoses de la peau.
Littérature :
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