Le diagnostic et le traitement du myélome multiple (MM) et des syndromes myélodysplasiques (SMD) ont connu une grande évolution ces dernières années. Les méthodes modernes de diagnostic sont devenues de meilleure qualité et plus largement disponibles, de nouvelles découvertes ont été faites en matière de génétique moléculaire et des médicaments efficaces et bien tolérés ont été mis sur le marché. Deux de ces nouvelles options thérapeutiques ont été présentées lors du congrès de la DGHO à Vienne.
Les nouveaux médicaments présentés étaient le pomalidomide, récemment approuvé en Europe pour le traitement du myélome récidivant/réfractaire, et le lénalidomide pour les patients souffrant d’anémie dépendante des transfusions due à un syndrome myélodysplasique (SMD) avec délétion 5q isolée (faible risque). Lors d’un symposium satellite au congrès de la DGHO à Vienne, la place de ces deux nouvelles options dans le concept global de traitement a été évaluée.
Myélome multiple
De grands progrès ont été réalisés ces dernières années dans le traitement du myélome multiple : la chimiothérapie à haute dose suivie d’une autogreffe de cellules souches (ASZT) du début des années 1990 a été complétée par de nouvelles substances comme la thalidomide, la lénalidomide et le bortézomib. La réponse globale et la qualité de la réponse ont ainsi été améliorées, ce qui a permis d’obtenir de très bonnes rémissions partielles. La survie sans progression et la survie globale ont également montré un allongement significatif chez les patients atteints de MM avec les nouvelles molécules. Néanmoins, le traitement n’est pas curatif pour la majorité des personnes concernées, la maladie reste incurable. D’autres développements scientifiques sont donc nécessaires. L’intégration de nouvelles substances dans le traitement primaire à haute dose, parfois dans le traitement d’entretien et le traitement d’induction, fait actuellement l’objet de recherches. Par exemple, une étude a examiné l’utilisation de la lénalidomide en traitement d’entretien chez des patients atteints de MM après ASZT et a montré une augmentation significative de la survie sans progression et sans événement [1].
En outre, la chimiothérapie à haute dose avec ASZT n’est pas possible chez les patients âgés atteints de MM, car ils ont souvent des maladies concomitantes et un état général réduit. Le traitement standard en première ligne est ici un régime associant melphalan, prednisone, thalidomide [2] ou melphalan, prednisone, bortezomib [3]. De plus, de nouvelles possibilités de traitement (par ex. avec le lénalidomide) sont également à l’étude [4].
Que faire en cas de récidive ?
En cas de myélome récidivant/réfractaire, l’administration de lénalidomide, associée à la dexaméthasone jusqu’à la progression de la maladie, est la norme. En cas de première récidive, le temps médian jusqu’à la progression est ainsi prolongé à 17,1 mois, comparé à l’utilisation dans les lignes de traitement ultérieures (10,6 mois) [5].
Lorsque les deux traitements standard, lénalidomide et dexaméthasone ou bortézomib, sont épuisés, le pronostic des patients s’aggrave considérablement. Le pomalidomide, nouvellement disponible, est indiqué en association avec la dexaméthasone à faible dose pour le traitement des patients atteints de MM récidivant/réfractaire qui ont reçu au moins deux traitements (parfois lénalidomide et bortézomib) et qui ont progressé sous le dernier traitement. Elle prolonge ici significativement la survie sans progression et la survie globale par rapport à l’administration de dexaméthasone à haute dose seule. Les patients ayant déjà reçu un traitement par lénalidomide ont également montré un bénéfice avec ce nouveau type de traitement [6].
MDS – Qu’est-ce qui a changé ?
Le traitement des SMD est lui aussi actuellement en pleine évolution. Pour les patients SMD à faible risque, il s’agit avant tout de préserver la qualité de vie grâce à des mesures de soutien. Jusqu’à présent, aucun traitement modificateur de la maladie n’était autorisé. En novembre 2010, l’efficacité du lénalidomide dans le traitement d’un SMD-1 à risque faible ou intermédiaire avec une délétion 5q isolée a conduit à son autorisation de mise sur le marché en Suisse, et depuis la mi-2013, il en va de même en Europe.
L’étude MDS-004 [7] a été déterminante : Elle a démontré une période sans transfusion de ≥26 semaines par rapport au placebo pour un nombre significativement plus élevé de patients souffrant d’anémie dépendante des transfusions (groupe lénalidomide 10 mg 56,1% vs placebo 5,9%, p<0,001). L’absence de transfusion pendant au moins huit semaines a été significativement associée à une meilleure survie globale et à une réduction du risque de progression vers une leucémie myéloïde aiguë (LMA).
Source : “Multiple Myeloma and MDS – progressing therapy concepts 2013”, symposium satellite de la société Celgene au congrès de la DGHO, 18-22 octobre 2013, Vienne.
Littérature :
- Attal M, et al : Lenalidomide maintenance after stem-cell transplantation for multiple myeloma. N Engl J Med. 2012 mai 10 ; 366(19) : 1782-1791. doi : 10.1056/NEJMoa1114138.
- Sacchi S, et al : A randomized trial with melphalan and prednisone versus melphalan and prednisone plus thalidomide in newly diagnosed multiple myeloma patients not eligible for autologous stem cell transplant. Leuk Lymphoma 2011 Oct ; 52(10) : 1942-1948. doi : 10.3109/10428194.2011.584006. Epub 2011 Jun 12.
- Mateos MV, et al : Bortezomib plus melphalan et prednisone comparé à melphalan et prednisone dans le myélome multiple précédemment non traité : suivi mis à jour et impact du traitement ultérieur dans l’essai de phase III VISTA. J Clin Oncol 2010 mai 1 ; 28(13) : 2259-2266. doi : 10.1200/JCO.2009.26.0638. Epub 2010 Apr 5.
- Palumbo A, et al : Continuous lenalidomide treatment for newly diagnosed multiple myeloma. N Engl J Med 2012 mai 10 ; 366(19) : 1759-1769. doi : 10.1056/NEJMoa1112704.
- Stadtmauer EA, et al. : Lénalidomide en association avec la dexaméthasone lors de la première rechute en comparaison avec son utilisation comme traitement de sauvetage ultérieur dans le myélome multiple en rechute ou réfractaire. Eur J Haematol 2009 Jun ; 82(6) : 426-432. doi : 10.1111/j.1600-0609.2009.01257.x. Epub 2009 Mar 19.
- San-Miguel JF, et al : MM-003 : A phase III, multicenter, randomized, open-label study of pomalidomide (POM) plus low-dose dexamethasone (LoDEX) versus high-dose dexamethasone (HiDEX) in relapsed/refractory multiple myeloma (RRMM). J Clin Oncol 2013 ; 31 (suppl ; abstr 8510).
- Fenaux P, et al : A randomized phase 3 study of lenalidomide versus placebo in RBC transfusion-dependent patients with Low-/Intermediate-1-risk myelodysplastic syndromes with del5q. Blood 2011 Oct 6 ; 118(14) : 3765-3776. doi : 10.1182/blood-2011-01-330126. Epub 2011 Jul 13.
CongrèsSpecial 2014 ; 6(1) : 13-14