Dans un entretien avec HAUSARZT PRAXIS, PD Dr. med. André Reitz du KontinenzZentrum Hirslanden, Zurich, donne des informations sur son blog kontinenzzentrum.blogspot.ch, qu’il gère depuis l’été 2013. Les personnes concernées et leurs proches y trouveront des informations actualisées sur le thème de l’incontinence, y compris les dernières connaissances en matière de traitement, de prévention et de diagnostic.
Dr Reitz, depuis combien de temps tenez-vous le blog sur l’incontinence urinaire ?
Dr. Reitz : J’ai téléchargé le premier post en juillet 2013. L’idée de ce nouveau blog est finalement née du fait que je tiens un autre blog depuis un certain temps déjà, à savoir depuis 2007 : maennergesundheit.blogspot.ch. A l’époque, il y avait peu d’informations fiables sur la santé masculine, c’est pourquoi j’ai voulu contribuer moi-même à une meilleure information. J’y mettais aussi souvent en ligne du contenu sur l’incontinence urinaire et j’ai finalement décidé qu’il était logique de découpler cette section thématique. L’incontinence est un sujet qui concerne les deux sexes, y compris les enfants. L’ensemble des parties prenantes est donc mieux couvert par le nouveau blog.
Combien de posts téléchargez-vous par mois environ ?
Il y a environ un à deux posts par mois. D’une part, je n’ai pas le temps de télécharger davantage et, d’autre part, je suis convaincu qu’il est préférable de miser sur la qualité plutôt que sur la quantité. Je fais un lien vers ma page Facebook pour savoir combien de personnes ont vu le post en question et quels sujets semblent susciter de l’intérêt. Cela me permet de me limiter à ce qui est pertinent.
Le blog s’adresse-t-il principalement aux médecins ou aux personnes concernées ?
Je dirais qu’il s’adresse en principe à toutes les personnes intéressées. Néanmoins, les non-spécialistes de la médecine constituent le principal public cible : le blog est rédigé dans un langage profane et convivial pour les patients, les mots étrangers ont tendance à être évités et sont par ailleurs bien expliqués. Le site peut ainsi fournir des informations précieuses, notamment aux personnes concernées et à leurs proches, par exemple sur les options thérapeutiques nouvelles ou alternatives et sur les découvertes de la recherche. Qu’il s’agisse de parents avec un enfant souffrant d’énurésie, de femmes avec un mari qu’elles veulent aider parce qu’il reste assis chez lui, déprimé, depuis son opération de la prostate, ou encore de femmes sportives de 50 ans qui perdent de l’urine en jouant au tennis : Tout ce spectre de personnes directement ou indirectement concernées doit pouvoir s’informer ici.
Les recommandations thérapeutiques en matière d’incontinence urinaire font donc également partie du blog ?
Absolument. S’il y a une nouvelle méthode que je trouve prometteuse et digne d’être mentionnée, c’est tout à fait un sujet. Bien entendu, le blog ne remplace pas les consultations, mais constitue une source d’informations. Néanmoins, il se peut que le patient informé en discute ensuite avec son médecin et qu’une discussion productive s’engage.
Prenons un exemple pratique : Après une ablation radicale de la prostate, de nombreux hommes sont incontinents. De nombreux médecins généralistes et urologues pensent encore qu’il n’y a rien à faire. La rééducation du plancher pelvien ne sert à rien et l’installation d’un sphincter artificiel n’est une option que si la souffrance est très importante. Les patients peuvent adopter cette opinion sans poser de questions à leur médecin, même si elle est en principe erronée. Entre de bonnes mains, la rééducation du plancher pelvien donne de bons résultats et, outre le sphincter artificiel, il existe diverses autres méthodes qui pourraient être utilisées, mais qui ne sont généralement pas très connues. Par exemple, il existe d’autres modèles de prothèses que le patient doit connaître. Par exemple, dans mon premier post, j’écris sur l’implant ATOMS. Je reprendrai probablement cette option thérapeutique prochainement et je téléchargerai une petite vidéo montrant ce que l’on peut imaginer.
Le blog devient ainsi une source d’information alternative pour le patient et garantit qu’il ne connaît pas seulement la norme largement répandue en matière de thérapie, mais qu’il peut également discuter de procédures supplémentaires avec son médecin, par exemple par courrier imprimé.
Le temps nécessaire pour gérer un tel site et le maintenir à jour n’est probablement pas à sous-estimer. Comment concilier une telle activité avec votre activité principale ou quelle est votre motivation pour tenir un blog ?
D’une part, l’ensemble de la présence sur Internet vit de la création de liens, les contributions peuvent donc être proposées sur différentes plates-formes. Lorsque j’écris un article, je produis également du contenu pour différents portails. Cela permet de limiter l’effort.
D’autre part, avec le temps, on acquiert une certaine routine, ce qui réduit le temps de rédaction.
Ainsi, le blogging est en fin de compte un divertissement et un plaisir pour moi, et ne représente pas un véritable travail qui me pèse en plus.
Quels sont les avantages d’Internet, et plus particulièrement des médias sociaux, pour faire progresser l’information sur l’incontinence ?
En principe, le sujet de l’incontinence est fortement tabou. En jouant au golf, les gens parlent de mal de dos, d’arthrose de la hanche et d’hypertension, mais pas d’incontinence. Il est donc judicieux de fournir des informations bien présentées, correctes sur le plan factuel et également adaptées aux profanes, afin que les patients puissent s’informer via Internet.
Comme leur nom l’indique, les médias sociaux misent sur l’échange interactif. Une fonction de commentaire est disponible sur le blog. Comment gérez-vous cette fonctionnalité ?
La fonction de commentaire est pour l’instant peu utilisée sur le blog. Cela contraste avec les nombreuses visites et est certainement dû au fait que le sujet est fortement tabou. Lorsque j’ai récemment partagé l’un de mes billets de blog sur l’incontinence liée à la SEP sur la page Facebook de la Société suisse de la sclérose en plaques, ce billet n’a pas non plus suscité de commentaires, alors que d’autres billets ont fait l’objet de discussions animées. Il semble que les gens trouvent délicat de s’exprimer. L’information arrive, mais les échanges interactifs sont très rares. Dans ce domaine, la Suisse est à la traîne par rapport à d’autres pays, notamment les États-Unis, où l’interactivité est beaucoup plus intense que dans notre pays. Peut-être que c’est plus difficile dans un petit pays parce que plus de gens vous connaissent.
Quelles sont les réactions de vos collègues professionnels lorsque vous apprenez votre engagement virtuel ?
La tendance est à sous-estimer l’importance de l’engagement virtuel. On ne prend pas assez au sérieux les possibilités et l’évolution future du comportement des patients en matière d’information qu’offre Internet. Je le vois également dans les réactions d’autres médecins. Mais en fin de compte, il n’y a pas d’autre solution que d’utiliser l’internet et c’est pourquoi, pour un sujet aussi tabou, les gens s’informent déjà et s’informeront de plus en plus sur leur maladie. Il est donc préférable qu’ils trouvent des informations soigneusement préparées par des professionnels plutôt que des commentaires mal fondés sur n’importe quel forum. Outre les recommandations personnelles, la présence sur Internet joue un rôle de plus en plus important dans le choix d’un médecin. Les gens choisiront de moins en moins un médecin approprié par le biais des pages jaunes.
Entretien : Andreas Grossmann
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2014 ; 9(1) : 12