La néphropathie diabétique est la cause la plus fréquente d’insuffisance rénale chronique – et l’une des conséquences les plus courantes du diabète sucré. L’introduction des inhibiteurs du transporteur de glucose sodique de type 2 (SGLT2) est encourageante : les résultats d’études récentes montrent non seulement des effets cardioprotecteurs évidents, mais aussi des effets rénoprotecteurs.
Les maladies rénales associées au diabète sont l’une des conséquences les plus fréquentes du diabète de type 1 et de type 2. On estime que jusqu’à 40% des diabétiques développent une néphropathie au cours de leur maladie [1]. Il se caractérise par des modifications de l’excrétion urinaire d’albumine, une diminution de la filtration glomérulaire et le développement ou l’aggravation d’une hypertension, d’une dyslipoprotéinémie et d’autres complications typiques du diabète. Un contrôle et un ajustement cohérents de la glycémie, un traitement de la pression artérielle et une modification du mode de vie peuvent prévenir ou au moins ralentir le développement et/ou la progression de la néphropathie diabétique à un stade précoce. La maladie étant associée à un risque cardiovasculaire très élevé, il est également nécessaire de cibler les facteurs de risque cardiovasculaire, tels que l’augmentation du cholestérol LDL, l’obésité et l’augmentation de l’agrégation plaquettaire.
Les patients bénéficient des inhibiteurs de SGLT2
L’une des options thérapeutiques consiste à administrer des inhibiteurs de SGLT2. SGLT2 (sodium-glucose cotransporteur-2) est une protéine présente dans les reins et responsable de la réabsorption du glucose dans les tubules rénaux. Si SGLT2 est bloqué, le glucose ne peut pas être réabsorbé dans le sang, mais est éliminé dans l’urine. Conséquence – la glycémie diminue. Avec l’introduction des inhibiteurs de SGLT2, les experts parlent d’une étape importante, surtout pour le traitement de la néphropathie diabétique. Jusqu’à présent, quatre substances actives de cette nouvelle classe de médicaments ont été autorisées en Suisse : la dapagliflozine, la canagliflozine, l’empagliflozine et l’ertugliflozine [2]. Les inhibiteurs de SGLT-2 peuvent réduire les taux de glucose sanguin jusqu’à 30 mg/dl et le taux d’HbA1c d’environ 0,6 % en trois mois. Il n’y a pas de risque d’hypoglycémie ni de perturbation de l’équilibre électrolytique.
Des effets cardioprotecteurs ont déjà été démontrés dans plusieurs études [3,4]. Indépendamment de la baisse de l’HbA1c, une réduction des critères d’évaluation cardiovasculaires (survenue d’un AVC, d’un infarctus du myocarde ou d’un décès d’origine cardiovasculaire et fréquence des hospitalisations pour insuffisance cardiaque) a été démontrée. Même chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque mais pas de diabète sucré, une réduction significative du critère d’évaluation primaire (décès cardiovasculaire, hospitalisation en raison de l’insuffisance cardiaque) a été observée [5].
Protéger les reins
Les résultats d’études récentes ont maintenant également démontré un effet néphroprotecteur significatif [6]. Il apparaît que l’inhibiteur du SGLT2, en plus du traitement standard (blocage du SRAA par des inhibiteurs de l’ECA ou des bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine), a permis de ralentir de manière significative la progression de la néphropathie. Le médicament a permis de réduire d’environ un tiers (34%) le risque relatif d’atteindre le critère d’évaluation rénal de l’étude (atteinte de la dialyse, doublement de la créatinine sérique ou décès rénal) (HR 0,66 ; intervalle de confiance 0,53-0,81 ; p=0,001). Le risque de décès par maladie cardiaque ou vasculaire était également très significativement plus faible chez les patients traités par l’inhibiteur de SGLT2. L’étude a été interrompue prématurément en raison de la supériorité significative du médicament à l’étude qui se dessinait déjà.
Efficace et bien toléré
La nouvelle classe de médicaments n’est pas seulement efficace, elle est aussi généralement bien tolérée. Seul le risque d’infection par des bactéries et des champignons dans la région génitale augmente. Ce sont surtout les femmes (5-10%) qui sont concernées. Toutefois, l’expérience montre aujourd’hui qu’elle ne se produit généralement qu’une fois au cours de la première semaine de traitement, si tant est qu’elle se produise, et qu’elle est facile à traiter. Rarement, une carence en insuline, un stress ou un effort physique extrême peuvent entraîner une acidocétose diabétique.
Littérature :
- Schlosser M, Hasslacher C, Wolf G : Néphropathie chez les diabétiques. Diabétologie 2017 ; 12 : 115-120
- www.d-journal.ch/diabetes-aktuell/sglt2-hemmer-mehr-als-nur-blutzuckersenkung/ (dernier accès le 19.02.2020).
- Zinman B, Wanner C, Lachin JM, et al : Empagliflozin, Cardiovascular Outcomes, and Mortality in Type 2 Diabetes. N Engl J Med 2015 ; 373 : 2117-2128.
- Neal B, Perkovic V, Mahaffex KW, et al : Canagliflozin and Cardiovascular and Renal Events in Type 2 Diabetes. N Engl J Med 2017 ; 377 : 644-657.
- McMurray JJV, Solomon SD, Inzucchi SE, et al : Dapagliflozin in Patients with Heart Failure and Reduced Ejection Fraction. N Engl J Med 2019 ; 381 : 1995-2008.
- Perkovic V, Jardine MJ, Neal B, et al : Canagliflozin and Renal Outcomes in Type 2 Diabetes and Nephropathy. N Engl J Med 2019 ; 380 : 2295-2306.
CARDIOVASC 2020 ; 19(1) : 18