Médicaments à base de plantes contre les troubles musculo-squelettiques

Depuis quelques années, la recherche médicale s’intéresse de nouveau aux médicaments à base de plantes ayant un potentiel analgésique et antiphlogistique. Et la désillusion causée par les inhibiteurs de la COX-2 a certainement contribué à ce que les extraits d’écorce de saule et de griffe du diable soient de nouveau plus utilisés aujourd’hui.

Ecorce de saule

Dans la médecine occidentale, le saule, Salix, est, avec l’opium, la plus ancienne plante médicinale ayant une action analgésique et antiphlogistique. L’acide acétylsalicylique, l’Aspirine®, est dérivé de l’un de ses composants, le glycoside salicine ou l’acide salicylique, l’aglycone de la salicine.
L’efficacité des extraits standardisés d’écorce de saule a été documentée pour les troubles suivants :

• Cox- et gonarthrose [1, 2]
• Douleurs dorsales aiguës [3]
• exacerbation des douleurs dorsales chroniques [4].

März et Kemperer attribuent cet effet à une inhibition du TNF alpha, de l’IL-6 ainsi que de la PGE2 [5]. Ces auteurs, ainsi que Khayyal et al. [6] indiquent que l’extrait d’écorce de saule est plus efficace qu’une quantité équivalente de salicine ou qu’une quantité adéquate d’acide acétylsalicylique seul. Khayyal et al. en ont déduit que d’autres composants de l’extrait d’écorce de saule étaient impliqués dans l’effet.

Églantine

Alors que ces résultats ont permis d’enregistrer en Suisse des extraits d’écorce de saule en tant que médicament, l’un d’entre eux étant même admis dans l’assurance de base, les préparations à base de cynorrhodon (Rosa canina) n’ont jamais obtenu l’enregistrement de médicament. Certes, quelques études in vivo [7] et cliniques [8–10] ont été publiées, démontrant l’efficacité des préparations à base de cynorrhodon dans le traitement de l’ostéoarthrite. L’églantier n’a cependant pas réussi à s’imposer comme plante médicinale.

Griffe du diable

Ces derniers temps, l’attention des chercheurs s’est concentrée sur la griffe du diable, Harpagophytum procumbens, une plante médicinale d’Afrique australe utilisée depuis des siècles par les populations indigènes pour traiter les douleurs et les troubles gastro-intestinaux. La plante doit son nom à ses fruits ligneux et à ses excroissances en forme de bras.

Des études pharmacologiques ont montré une suppression du TNF-Kappa-B [11, 12] ou du TNF-Alpha [13] et donc une inhibition du NO et de la COX-2.

La griffe du diable contre l’ostéoarthrite

Plusieurs études cliniques ont démontré l’efficacité des préparations à base d’harpagophytum dans le traitement de l’ostéoarthrite. Les extraits hydro-alcooliques se sont révélés les plus efficaces, avec une dose quotidienne de 50 à 100 mg d’harpagoside [14].

Chantre et al. ont démontré, dans une étude comparative publiée en 2000 [15], que chez les patients souffrant d’ostéoarthrite de la hanche et du genou, une préparation à base de griffe du diable était aussi efficace que la diacéréine après quatre mois de traitement.

Warnock et al. ont démontré en 2007 [16] que 60% des sujets souffrant d’ostéoarthrite ont pu soit arrêter soit réduire les analgésiques qu’ils prenaient simultanément après un traitement avec une préparation à base de griffe du diable.

En 2007, une méta-analyse [17] a confirmé l’efficacité analgésique et anti-inflammatoire des préparations standardisées à base de griffe du diable, en particulier pour les douleurs arthritiques.

Griffe du diable (Harpagophytum procumbens) d’Afrique australe

Sécurité de l’harpagophytum

Une revue publiée en 2008 [18] a examiné la sécurité de l’harpagophytum procumbens sur la base de 28 études cliniques. Aucune de ces études n’a montré une incidence d’effets indésirables plus importante dans les groupes Griffe du diable que dans les groupes placebo correspondants. De plus, les préparations à base de griffe du diable ne présentent pas les effets secondaires typiques des AINS synthétiques.

Faits

Cynorrhodon (Rosa canina)

• Effet incertain sur les troubles musculo-squelettiques. Pas de préparation enregistrée.

Saule (Salix spp.)

• Effet documenté sur différents troubles inflammatoires.
• Un produit enregistré dans l’assurance de base (^Assalix®).

Griffe du diable (Harpagophytum procumbens)

• Effet bien documenté sur les troubles inflammatoires. Plusieurs préparations enregistrées, dont deux couvertes par l’assurance de base (^Harpagomed®, ^{Harpagophyt®} Mepha).

Conclusion

Les préparations standardisées à base d’écorce de saule et de griffe du diable sont, dans de nombreux cas, des alternatives valables aux analgésiques et anti-inflammatoires synthétiques ou des compléments efficaces pour les troubles musculo-squelettiques, en particulier l’ostéoarthrite. Ils se caractérisent par une bonne efficacité et une bonne sécurité.

Littérature :

1. Schmid B : Traitement de la coxarthrose et de la gonarthrose avec un extrait sec de Salix purpurea × daphnoides, étude en double aveugle contrôlée par placebo sur la cinétique, l’efficacité et la tolérance de l’écorce de saule. Université Eberhard-Karls 1998.
2. Schmid B, et al. : Efficacité et tolérance d’un extrait standardisé d’écorce de saule chez les patients souffrant d’arthrose : Étude randomisée, contrôlée par placebo, en double aveugle. Z Rheumatologie 2000 ; 59 : 314-320.
3. Chrubasik S, et al. : Potentiel impact économique de l’utilisation d’un extrait de feuilles de saule propriétaire dans le traitement en consultation externe des douleurs lombaires : une étude ouverte non randomisée. Phytomedicine 2001 ; 8 : 241-251.
4. Chrubasik S, et al. : Treatment of low back pain excerbations with willow bark extract : A randomized double-blind study, Am J Med 2000 ; 109 : 9-14.
5. März RW, Kemper F : Extrait d’écorce de saule – effets et efficacité. Connaissances sur la pharmacologie, la toxicologie et la clinique, Wien Med Wschr 2002 ; 152 : 354-359.
6. Khayyal MT, et al. : Mécanismes impliqués dans l’effet anti-inflammatoire d’un extrait standardisé d’écorce de saule. Recherche pharmaceutique 2005(11) ; 55 ; 677-687.
7. Lattanzio F, et al. : Effet anti-inflammatoire in vivo de l’extrait de Rosa canina L. J Ethnopharmacol 2011(1) ; 137 : 880-885.
8. Rein E, et al. : Un remède à base de plantes, Hyben Vital (poudre d’une sous-espèce de fruits de Rosa canina), réduit la douleur et améliore le bien-être général chez les patients atteints d’arthrose – un essai randomisé en double aveugle, contrôlé par placebo. Phytomédecine 2004 ; 11 : 383-289.
9. Warholm O, et al. : Les effets d’un remède à base de plantes standardisé fabriqué à partir d’un sous-type de Rosa Canina chez les patients souffrant d’arthrose : un essai clinique en double aveugle, randomisé, contrôlé par placebo. Current Therapeutic Research, 2003 ; 64 (1).
10. Winther K, Kharazmi A : Une poudre préparée à partir de graines et d’enveloppes d’un sous-type de rosier Rosa canina réduit la douleur chez les patients souffrant d’arthrose de la main – une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo. P353, présenté au 9e Congrès mondial OARSI, Chicago, 2004.
11. Huang TH, et al : Harpagosid supresses lipopolysaccharide-induced iNOS and COX-2 expression through  inhinbition of NF-kappa B activation. J Ethnopharmacol 2006 ; 104 : 149-155.
12. Kaszkin M, et al. : Downregulation of INOS expression in rat mesangial cells by special extracts of Harpagophytum procumbens derives from harpagoside-dependent and independent effects. Phytomedicine 2004 ; 11 : 585-595.
13. Fiebich BL, et al. : Cibles moléculaires de l’anti-inflammatoire Harpagophytum procumbens /claw du diable) : inhibition de l’expression des gènes TNFα et CoX-2 par prévention de l’activation de l’AP-1.
14. Warnock M, et al : Efficacité et sécurité des comprimés de griffe du diable chez les patients atteints de rhumatisme généralisé. Phytother Res 2007 ; 21 : 1128-1233.
15. Chantre P, et al. : Efficacité et tolérance de l’harpagophytum procumbens versus diacerhéine dans le traitement de l’ostéoarthrite. Phytomédecine 2000 ; 7 : 177-183.
16. Warnock M, et al : Efficacité et sécurité des comprimés de griffe du diable chez les patients atteints de rhumatisme généralisé. Phytother Res 2007 ; 21 : 1228-1233.
17. Grant L, et al. : A review of the biological and potential therapeutic actions of harpagophytum procumbens. Phytother Res 2007 ; 21 : 128-150.
18. Vlachojannis J, et al : Systematic review on the safety of harpagophytum preparations for osteoarthritic and low back pain. Phytother Res 2008 ; 22 : 149-152.