Depuis le 1er janvier 2024, l’antagoniste oral de la GnRH Relugolix est remboursé en Suisse pour le traitement des adultes atteints d’un cancer de la prostate hormono-dépendant avancé [1, 2]. Ainsi, les personnes concernées ont pour la première fois accès à un traitement oral de déprivation androgénique (ADT), qui promet une suppression rapide et durable de la testostérone sans augmentation initiale de la testostérone ainsi qu’un bon profil de sécurité [1, 3].
Jusqu’à présent, seules des injections sont disponibles pour l’ADT en cas de cancer de la prostate avancé [3, 4]. Les agonistes de la GnRH comme la leuproréline sont souvent utilisés, mais ils provoquent une poussée initiale de testostérone [3, 5]. Orgovyx® (Relugolix) offre pour la première fois une option ADT orale dans ce cadre et, en tant qu’antagoniste de la GnRH, entraîne une suppression rapide de la testostérone sans poussée initiale [1, 3]. L’initiation du traitement se fait avec une dose d’assimilation de 360 mg (3 comprimés) le premier jour, suivie d’une dose de 120 mg/jour (1 comprimé/jour) avec un horaire de prise individuel mais cohérent [1].
Suppression rapide et durable de la testostérone
Dans l’étude de phase 3 HERO, les patients atteints d’un cancer de la prostate avancé ont été randomisés 2:1 et traités pendant 48 semaines soit par Orgovyx® (120 mg par voie orale, une fois par jour ; N = 622), soit par leuproréline (injections tous les trois mois ; N = 308) [3]. Le critère d’évaluation principal était la suppression continue de la testostérone au niveau de castration (<50 ng/dl) pendant 48 semaines. Sous Orgovyx®, 96,7 % (intervalle de confiance à 95 % [KI]: 94,9 – 97,9) des patients ont maintenu la castration pendant 48 semaines, contre 88,8 % (IC 95 % : 84,6 – 91,8) des patients sous leuproréline [3]. Il n’y a pas eu d’augmentation initiale de la testostérone sérique dans le groupe Orgovyx® et, au jour 4, 56 % des patients ont atteint le niveau de castration de <50 ng/dl, contre 0 % sous leuproréline (p < 0,001). Au jour 4, le taux moyen de testostérone était de 38 ng/dl sous Orgovyx®, contre 625 ng/dl sous leuproréline (Fig. 1) [1, 3].
Rétablissement rapide des niveaux de testostérone après l’arrêt du traitement
La restauration de la testostérone après l’arrêt du traitement par Orgovyx® vs. leuproréline a été suivie dans un sous-groupe de 184 patients [3]. Alors que les patients sous Orgovyx® présentaient un taux moyen de testostérone de 288,4 ng/dl 90 jours après l’arrêt, ce taux était de 58,6 ng/dl dans le groupe leuproréline [3].
Sécurité comparable à celle des autres thérapies
Dans l’étude HERO, l’incidence globale des événements indésirables était similaire dans les groupes de traitement Orgovyx® et leuproréline (92,9% vs 93,5%) [3]. Les effets indésirables les plus fréquemment observés ont été les bouffées de chaleur, la fatigue, la constipation, la diarrhée, l’arthralgie et l’hypertension [3].
Conclusion
En résumé, le traitement nouvellement approuvé avec Orgovyx® est supérieur au traitement par leuproréline grâce à sa suppression rapide et durable des niveaux de testostérone dans le cancer de la prostate hormono-sensible avancé [3]. De plus, Orgovyx® ne provoque pas d’augmentation initiale de la testostérone [1, 3] et son administration orale permet de contourner les réactions au site d’injection, les erreurs de préparation de l’injection et la phobie de l’injection. Le traitement Orgovyx® présente un profil d’innocuité similaire à celui de la leuproréline et peut être plus facilement interrompu ou arrêté en raison de la restauration rapide des niveaux de testostérone après l’arrêt du traitement [3].

Figure 1) Taux de testostérone sérique moyen des patients entre le début de l’étude et la semaine 48. Comparé à la leuproréline (noir), Orgovyx® (jaune) n’a pas enregistré de pic initial de testostérone et a entraîné une baisse rapide et durable des taux de testostérone en dessous du niveau de castration de 50 ng/dl. Adapté de Shore et al. 2020 [3].
Abréviations:
GnRH = hormone de libération des gonadotrophines
Numéro d’approbation : CH-01901 01/2024
Les informations professionnelles succinctes d’ORGOVYX®.
Littérature
1. information professionnelle actuelle ORGOVYX®, disponible sur :
www.swissmedicinfo.ch
. Situation actuelle.
2. Liste des spécialités Orgovyx®. Office fédéral de la santé publique (OFSP).
www.spezialitaetenliste.ch
, dernier accès : 5.1.2024.
3. Shore, N.D., et al., Oral Relugolix for Androgen-Deprivation Therapy in Advanced Prostate Cancer. N Engl J Med, 2020. 382(23) : p. 2187-2196.
4. Van Poppel, H. et L. Klotz, Gonadotropin-releasing hormone : an update review of the antagonists versus agonists. Int J Urol, 2012. 19(7) : p. 594-601.
5 Oh, W.K., et al, Does oral antiandrogen use before leuteinizing hormone-releasing hormone therapy in patients with metastatic prostate cancer prevent clinical consequences of a testosterone flare ? Urology, 2010. 75(3) : p. 642-7.
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