Les tumeurs malignes du sein masculin sont très rares. En cas de suspicion, il est très important de procéder à un examen minutieux des symptômes cliniques et des données anamnestiques. L’échange d’informations avec le radiologue peut être décisif. L’examen d’imagerie est réalisé en premier lieu par la mammographie, l’échographie fournissant des informations complémentaires.
Les tumeurs bénignes et malignes du sein chez la femme ont fait l’objet d’une information détaillée dans les numéros 6/2019 et 7/2019 de HAUSARZT PRAXIS. Les critères d’évaluation des techniques d’imagerie y ont été discutés et sont également valables pour les tumeurs du sein masculin. Les masses mammaires masculines sont relativement rares. Dans la plupart des cas, il s’agit de modifications bénignes (gynécomastie, pseudogynécomastie), les cancers du sein étant relativement rares. Aux États-Unis, par exemple, la prévalence du cancer du sein chez l’homme est estimée à 1% de toutes les tumeurs mammaires malignes [1]. Cette donnée est également valable pour les autres pays occidentaux [2], le taux de nouveaux cas augmentant chaque année avec l’âge. Elle est de 0,1 pour 100 000 chez les personnes de 35 ans et de 11 pour 100 000 chez les personnes de 85 ans. L’âge principal de survenue de la maladie se situe entre 61 et 65 ans.
En principe, trois entités différentes peuvent être à l’origine de modifications volumineuses dans le sein chez l’homme (tableau 1).
Outre une anamnèse précise, notamment en ce qui concerne les traitements médicamenteux, les maladies antérieures pertinentes et les éventuelles antécédents familiaux de tumeurs, les examens cliniques et la mammographie revêtent une importance décisive. L’échographie mammaire peut fournir des informations complémentaires sur les structures des tissus mous et le statut local des ganglions lymphatiques. En ce qui concerne l’imagerie médicale, les critères de malignité sont les mêmes chez l’homme que chez la femme. L’adiposomastie (pseudogynécomastie) est généralement associée à une augmentation du tissu adipeux du tronc, alors que la véritable gynécomastie peut être observée sans autre augmentation du tissu adipeux du corps. En principe, les hypertrophies des seins masculins peuvent provoquer des problèmes psychologiques chez les patients, qui conduisent ensuite à des corrections chirurgicales [4]. Le traitement chirurgical du cancer du sein chez l’homme est indispensable, y compris les mesures thérapeutiques adjuvantes. La prévalence du carcinome mammaire en cas de gynécomastie préexistante est estimée entre 0,11 et 0,18%. Les cas unilatéraux dominent.
La tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique ne jouent aucun rôle dans le diagnostic primaire des tumeurs du sein masculin.
Études de cas
Les cas répertoriés ici documentent les différentes causalités des lésions spatiales du sein masculin. L’anamnèse et l’examen clinique peuvent déjà donner une orientation, mais n’excluent pas l’imagerie pour vérifier avec certitude la prolifération des tissus.
Le cas 1 (Fig. 1) montre, en technique d’imagerie médiolatérale oblique (MLO), les seins droit et gauche (Fig. 1A et 1B) d’un homme obèse de 68 ans, chez qui une gynécomastie doit être exclue. Il n’y avait pas de facteurs prédisposants, ni de symptomatologie douloureuse avec une palpation pâteuse et lipomateuse.
Dans le cas 2 (Fig. 2), un homme de 49 ans sans antécédents d’obésité se plaignait depuis quelques semaines d’une modification rétromamelonnaire nodulaire douloureuse du côté gauche. Il a reçu un traitement médicamenteux antihypertenseur. La mammographie (Fig. 2A et 2B) (clichés MLO) a révélé une gynécomastie bilatérale dominante à gauche. Un petit ganglion lymphatique axillaire dégénéré graisseux non spécifique a été inclus à droite de l’aisselle.
Dans le cas 3 (Fig. 3), un examen de routine chez un homme de 66 ans souffrant d’obésité sévère a révélé un nodule rétromamellaire mobile indolent qui semblait tumoral à la mammographie (Fig. 3A et 3B) . L’échographie complémentaire (Fig. 3C) a permis d’attester la présence de la tumeur maligne. L’histologie a confirmé le diagnostic morphologique de l’image.
Messages Take-Home
- Lors de l’établissement du diagnostic d’une augmentation tissulaire du sein masculin, il est très important de recueillir des informations précises sur les antécédents familiaux et personnels, de clarifier le traitement médicamenteux et les symptômes cliniques et de les communiquer au radiologue.
- Les tumeurs malignes du sein chez l’homme sont très rares, le risque de dégénérescence de la gynécomastie est faible.
- L’imagerie de l’augmentation tissulaire du sein chez l’homme se fait en premier lieu par la mammographie, l’échographie fournissant des informations complémentaires.
- La classification BI-RADS est la même pour les tumeurs mammaires des deux sexes.
Littérature :
- Leon-Ferre RA, et al : A contemporary review of male breast cancer : current evidence and unanswered questions. Cancer Metastasis Rev 2018 ; 37(4) : 599-614.
- Fischer U (éd.) : Mammographie par rayons X. Georg Thieme Verlag Stuttgart, New York, 2003 : 226-227.
- Heywang-Köbrunner SH, Schreer I : Diagnostic mammaire par imagerie. Georg Thieme Verlag Stuttgart, New York, 2996 : 143-145.
- Lapid O, Jolink F, Meijer SL : Pathological findings in gynecomastia : analysis of 5113 breasts. Ann Plast Surg 2015 ; 74(2) : 163-166.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2020 ; 15(7) : 46-48