NeoSphere est une étude de phase II dans laquelle 417 femmes atteintes d’un cancer du sein précoce HER2-positif, opérable, localement avancé ou inflammatoire nouvellement diagnostiqué ont été randomisées dans quatre bras de traitement néoadjuvant différents. L’opération a été suivie d’une phase de traitement adjuvant d’un an. Les données du congrès ASCO 2015 confirment désormais le bénéfice à long terme de l’ajout du pertuzumab au docétaxel et au trastuzumab.
L’ajout de pertuzumab au docétaxel et au trastuzumab entraîne significativement plus de rémissions complètes dans le sein (augmentation de 16,8%, p=0,0141). C’est ce que montrent les données de NeoSphere, déjà publiées en 2012 [1]. Ce paramètre est défini comme l’absence totale de tissu tumoral détectable dans le sein au moment de l’opération. Les rémissions complètes dans le sein et l’aisselle ont également augmenté de 17,8% grâce à l’ajout (39,3% vs 21,5%, p=0,0063). Les effets secondaires n’ont pas été plus fréquents.
Les données de survie à trois ans de l’étude ont été présentées au congrès ASCO 2015 :
- Trois ans après l’opération, 92% des patientes ayant reçu du pertuzumab, du trastuzumab et du docétaxel étaient en vie sans progression, contre 85% dans l’autre groupe (trastuzumab et docétaxel). Cela correspond à une réduction du risque de survie sans maladie de 40%.
- Trois ans après la randomisation, 90% des patients du premier groupe ont vécu sans progression, contre 86% dans le second groupe (réduction du risque de survie sans progression de 31%).
- Dans les deux autres bras étudiés (pertuzumab et trastuzumab ; pertuzumab et docétaxel), les taux de survie sans maladie ont été de 88% et 84%, et de 81% et 82% pour la survie sans progression.
- Le risque de progression ou de décès a été considérablement réduit chez les patientes ayant obtenu une rémission complète. Par rapport aux participantes à l’étude qui ont manqué le critère d’évaluation principal, le rapport de risque de survie sans maladie était ici de 0,68 (IC à 95% : 0,36-1,26) et de 0,54 (IC à 95% : 0,29-1,00) pour la survie sans progression. Cela soutient l’hypothèse selon laquelle les améliorations du résultat à long terme sont associées à l’obtention d’une rémission complète.
Conclusion du suivi
Dans l’ensemble, les données à long terme plaident en faveur d’un bénéfice de l’ajout du pertuzumab au docétaxel et au trastuzumab en situation de traitement néoadjuvant (quatre cycles ont été administrés pendant douze semaines). Cela permet non seulement à un nombre significativement plus élevé de femmes d’obtenir une rémission complète, mais aussi d’allonger la période sans progression ou jusqu’au décès. Ceci tout en conservant le même traitement adjuvant, qui dans NeoSphere consistait en une chimiothérapie et du trastuzumab dans les quatre groupes.
Grâce, entre autres, aux données convaincantes de NeoSphere, l’EMA a approuvé fin juillet 2015 le pertuzumab en association avec le trastuzumab et la chimiothérapie pour le traitement néoadjuvant des patientes atteintes d’un cancer du sein HER2-positif, localement avancé, inflammatoire ou précoce et présentant un risque élevé de récidive.
Source : Congrès ASCO, 29 mai au 2 juin 2015, Chicago
Littérature :
- Gianni L, et al : Efficacité et sécurité du pertuzumab et du trastuzumab néoadjuvants chez les femmes atteintes d’un cancer du sein localement avancé, inflammatoire ou HER2-positif précoce (NeoSphere) : un essai randomisé, multicentrique, en ouvert, de phase 2. Lancet Oncol 2012 Jan ; 13(1) : 25-32.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2015 ; 3(9-10) : 3