Le diagnostic de l’épilepsie place souvent les personnes concernées, mais aussi leur entourage, devant de grands défis et des changements dans leur vie quotidienne. De plus, chez un tiers des patients, le traitement médicamenteux ne permet pas d’éliminer les crises. L’approbation d’un médicament en tant que premier de sa classe de substances est considérée comme un élargissement majeur de l’éventail des traitements disponibles pour les patients atteints d’épilepsie focale.
L’épilepsie focale est la forme d’épilepsie la plus courante. Cependant, il est effrayant de constater que chez environ un tiers de ces patients, la maladie reste incontrôlée malgré le traitement médicamenteux. Ces personnes souffrent énormément en raison d’un succès thérapeutique non optimal et doivent faire face à des handicaps massifs dans leur vie quotidienne. Les présentations de l’événement “News in Epilepsie” ont été consacrées à ces sujets.
Favoriser la compréhension et faciliter la vie quotidienne
PD Dr. med. Fabienne Picard, Hôpitaux universitaires de Genève, a d’abord présenté son projet de film “Art & Epilepsie – Conférence, spectacle et reportage”. Dans ce travail expérimental, la neurologue tente d’améliorer la compréhension de l’épilepsie. Pour ce faire, des textes de personnages célèbres atteints d’épilepsie, tels que Socrate, Molière, Vincent van Gogh ou Agatha Christie, qui décrivent ou décrivent les crises, sont lus, interprétés et accompagnés de musique.
La réalité des malades et les difficultés qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne ont été présentées par Susanne Egli, directrice d’Epi Suisse. Epi Suisse est l’association suisse pour l’épilepsie et s’occupe depuis dix ans des besoins psychosociaux des personnes concernées. Selon Mme Egli, environ 70 000 personnes vivent en Suisse avec l’épilepsie et sont souvent confrontées à de grandes incertitudes, car “d’une part, les crises ne sont pas prévisibles, mais d’autre part, les relations avec les employeurs ou les supérieurs sont souvent peu claires”. Faut-il déclarer à l’employeur que l’on souffre d’épilepsie ? Est-ce un motif de licenciement ? Comment soulager la famille ? Un enfant épileptique peut-il être emmené en sortie scolaire et, si oui, à quoi faut-il faire attention ? Il ne s’agit là que d’un extrait des exemples pratiques présentés par Mme Egli, tirés du travail quotidien de l’association. Chaque consultation est individuelle et l’approche est souvent très différente. Il est d’autant plus important de promouvoir la compréhension de l’épilepsie dans la société et de faciliter ainsi les relations avec les personnes concernées et leurs besoins spécifiques, selon Mme Egli.
Le premier agent thérapeutique de son genre
Grâce à des médicaments antiépileptiques bien tolérés, il est aujourd’hui possible d’obtenir l’absence de crises chez 60 à 70% des patients. D’un côté, c’est un grand succès, mais d’un autre côté, aucune amélioration fondamentale du traitement n’a pu être obtenue depuis 1990, notamment grâce aux nouveaux antiépileptiques. “Thomas Klaus-Dieter Dorn, médecin-chef au Centre suisse de l’épilepsie (EPI), Zurich.
C’est précisément dans les formes focales et symptomatiques généralisées de l’épilepsie que l’on observe souvent une pharmacorésistance, bien que dans une partie des épilepsies focales pharmacorésistantes, l’absence de crises puisse être obtenue par une intervention chirurgicale de l’épilepsie. Avec Fycompa®, un médicament doté d’un tout nouveau mécanisme d’action est désormais autorisé sur le marché suisse. Ce médicament, dont la substance active est le pérampanel, est indiqué comme traitement d’appoint des crises focales avec ou sans généralisation secondaire chez les patients épileptiques âgés de 12 ans et plus. Ce médicament offre donc un espoir aux 30% de malades dont les crises focales ne sont que partiellement contrôlables malgré un traitement médicamenteux approprié. Le perampanel attaque sélectivement les récepteurs AMPA, ce qui le différencie fondamentalement des antiépileptiques actuellement sur le marché, car il s’agit d’un antagoniste des récepteurs du glutamate de type AMPA hautement sélectif et non compétitif. Le récepteur AMPA est une protéine du cerveau qui joue un rôle essentiel dans le déclenchement des crises d’épilepsie. Le perampanel a un effet allostérique et bloque le récepteur en empêchant le neurotransmetteur glutamate de se lier au récepteur, car celui-ci est désactivé – ce qui entraîne une diminution des crises. L’autorisation de mise sur le marché du médicament par Swissmedic a été accordée sur la base des résultats cohérents de trois études d’autorisation de mise sur le marché de phase III, randomisées, en double aveugle et contrôlées par placebo, menées dans le monde entier. Que le mécanisme d’action des antiépileptiques soit basé sur les synapses inhibitrices ou excitatrices, “en fin de compte, les médicaments doivent prouver leur efficacité dans la pratique”, a déclaré le Dr Dorn.
Source : Media Roundtable “News in Epilepsy”, 19 mars 2013, Zurich.