Au printemps, le conseiller fédéral Berset présentera son plan directeur. Médecins de famille Suisse décidera de ce qu’il adviendra de l’initiative sur la médecine de famille. Pensez-vous également que les problèmes de soins médicaux seront alors enfin résolus ?
Un tiers des médecins libéraux ont plus de soixante ans. Ils recherchent de jeunes confrères pour reprendre leurs cabinets. De nombreux confrères estiment que leur cabinet constitue une part importante de leur retraite. Ils voudront donc vendre leur cabinet au plus offrant. Cependant, les jeunes collègues ne feront généralement pas partie des personnes les plus intéressées par les offres. Plus de la moitié des jeunes médecins sont des femmes et plus de la moitié d’entre elles travaillent à moins de soixante pour cent. Il est facile de comprendre que les médecins travaillant à temps partiel n’ont aucun intérêt à s’endetter de quelques centaines de milliers de francs et à rembourser des dettes pendant dix à vingt ans. Vous ne reprendrez donc pas un ancien cabinet pour une somme importante.
L’histoire récente montre que les anciens cabinets, surtout dans les zones urbaines, sont rachetés par des mutuelles et d’autres investisseurs. Les caisses d’assurance maladie semblent disposer de tous les moyens pour acheter des cabinets médicaux, puis souvent les fermer purement et simplement et orienter les patients vers leurs centres de santé. Outre les caisses d’assurance maladie, on trouve aujourd’hui sur le marché des investisseurs entreprenants qui rachètent également à bon prix des cabinets orphelins pour les exploiter ensuite avec des médecins salariés. Les pharmaciens connaissent d’ailleurs ce phénomène depuis plusieurs années. Ainsi, plus de cinquante pour cent de toutes les pharmacies appartiennent à de grandes sociétés, et la majorité des pharmaciens ne travaillent plus comme des PME indépendantes, mais sont salariés, souvent dans leur “propre” pharmacie, qui n’est pas identifiable de l’extérieur comme une “pharmacie de chaîne” !
Chers collègues, vous avez donc la possibilité de mettre votre cabinet au placard ou de le brader à la caisse d’assurance maladie ou au groupe d’investisseurs le plus offrant, ou bien vous avez votre propre plan directeur. Investissez dans votre cabinet même après cinquante ans. Faites subir à votre cabinet une cure de jouvence. Créez un espace pour qu’au moins un collègue supplémentaire puisse pratiquer en même temps que vous. La jeune collègue aime travailler dans son cabinet lumineux, accueillant et meublé de façon moderne. Elle est fière que son partenaire de cabinet plus âgé ait déjà un dossier médical électronique et dispose d’un équipement de radiographie numérique. La collègue est ravie de pouvoir s’installer progressivement dans le cabinet sans prendre de risque financier et elle a déjà trouvé une collègue qui peut la rejoindre en tant que mère de famille à temps partiel et médecin généraliste à temps partiel.
Votre plan directeur pourrait ressembler à cela. D’ailleurs, ni l’initiative sur les médecins de famille ni le plan directeur du conseiller fédéral Berset ne résoudront votre problème. N’attendez donc pas le miracle de Berne !
Cordialement, votre