Les agents anti-inflammatoires et immunomodulateurs influencent le mode de réaction du système immunitaire. Les personnes atteintes de psoriasis sous traitement systémique courent-elles un risque accru d’infection à coronavirus ? Que faut-il prendre en compte ?
Dans une déclaration, le professeur Dr Alexander Navarini, médecin-chef et membre du comité directeur de l’Association suisse du psoriasis et du vitiligo (ASPV), résume comme suit les recommandations actuelles du consensus pour les patients atteints de psoriasis sous traitement systémique [1] : En se basant sur les directives de l’OFSP, selon lesquelles les patients de plus de 65 ans et/ou avec une maladie préexistante font partie d’un groupe à risque, le risque est également considéré comme élevé pour les personnes atteintes de psoriasis. En principe, les patients sous traitement systémique doivent continuer à être traités, mais il convient de peser le pour et le contre au cas par cas. “Nous n’avons pas de consensus pour les différents médicaments, sauf pour les produits biologiques suivants : IL-17, IL-23 et antagonistes 12/23, que nous transmettons tous”, explique le professeur Navarini. Toutefois, en cas d’infection confirmée par le COVID-19, les immunosuppresseurs doivent être arrêtés.
Le Dr Ralph von Kiedrowski, membre du conseil d’administration de l’association professionnelle des dermatologues allemands, fait remarquer que l’on sait encore peu de choses sur les conséquences d’une infection par le SRAS-CoV-2 [2]. Les patients atteints de psoriasis, qui sont par ailleurs en bonne santé, sont soumis aux mêmes mesures d’hygiène et de précaution que tout le monde. Pour les personnes atteintes de psoriasis qui n’ont pas encore été vaccinées contre la grippe et le pneumocoque, cette mesure préventive supplémentaire peut encore être recommandée maintenant, selon le Dr Kiedrowski. La question de savoir si un traitement systémique du psoriasis doit être arrêté à titre prophylactique dépend de l’état de santé de l’individu et des substances actives. Chez les patients qui, sous immunothérapie, ont également souffert d’infections plus fréquentes jusqu’à présent et/ou qui ont une maladie pulmonaire supplémentaire, une pause dans le traitement peut être envisagée le cas échéant. Selon les données actuelles, les antagonistes du TNF-alpha présentent un risque d’infection plus élevé que les inhibiteurs de l’IL17 et de l’IL23 ou les inhibiteurs de la PDE4. “En outre, des substances telles que l’IL12/23 ou le MTX présentent plus souvent des évolutions infectieuses prolongées dans la pratique clinique quotidienne ; dans le cas du MTX, il faut en outre tenir compte du fait que la substance peut, dans de rares cas exceptionnels, avoir un effet nocif sur les poumons”, ajoute le Dr Kiedrowski. Dès l’apparition des premiers symptômes d’une infection à coronavirus, les patients doivent d’abord vérifier si la suspicion d’infection à coronavirus est fondée et prendre contact (par téléphone) avec leur médecin généraliste et éventuellement avec leur dermatologue traitant. “Un traitement systémique du psoriasis doit être mis en pause jusqu’à ce que la suspicion soit levée”, ajoute-t-il.
Littérature :
- Société Suisse du Psoriasis et du Vitiligo (SSPV) : Déclaration des experts suisses en matière de psoriasis (état au 24 mars 2020), www.spvg.ch
- Association professionnelle des dermatologues allemands (BVDD) : Risques coronariens dans le psoriasis : même sous traitement systémique, pas de quoi paniquer (17.03.2020), www.bvdd.de
DERMATOLOGIE PRAXIS 2020 ; 30(2) : 5 (publié le 24.4.20, ahead of print)