Une patiente de 32 ans, connue pour un RGO, se présente à son cabinet de médecine générale à la 27e semaine de grossesse avec des brûlures d’estomac et des régurgitations croissantes en position couchée. Auparavant, elle contrôlait bien ses brûlures d’estomac en modifiant son alimentation.
Informations de base : La patiente se plaint de reflux intermittents depuis environ 10 ans. Elle ressent de fortes brûlures d’estomac, en particulier après de gros repas ou des aliments gras, pour lesquelles elle reconnaît très bien le lien entre l’alimentation et l’apparition des symptômes. Une gastroscopie a été réalisée il y a huit ans, aucune œsophagite n’a été trouvée à l’époque et le diagnostic de RGO sans œsophagite a été posé. Ce diagnostic reposait également sur le fait qu’un traitement unique par IPP avait été administré pendant 14 jours et que les symptômes avaient complètement cessé en dessous. Par la suite, la patiente n’a jamais repris d’IPP, mais est restée sous un bon contrôle symptomatique grâce à des adaptations alimentaires et à la prise occasionnelle de produits en vente libre, moins d’une semaine par trimestre. Il n’y a pas d’autres maladies ou symptômes. La patiente mène un mode de vie sain, avec un poids corporel conforme aux normes et une activité physique suffisante. Actuellement, la patiente est à 27 semaines de grossesse et signale que les brûlures d’estomac et les régurgitations en position couchée se sont multipliées au cours des dernières semaines et qu’elle ne parvient plus à les maîtriser par le biais d’un régime.
Traitement et évolution : Les options thérapeutiques possibles pour le traitement symptomatique des troubles du reflux sont discutées avec la patiente. Une nouvelle gastroscopie ne semble pas appropriée dans la situation actuelle. Bien que les IPP aient autrefois permis une amélioration rapide et satisfaisante des symptômes, elle refuse catégoriquement de prendre un médicament contenant un agent chimiquement défini en raison de sa grossesse. Pour cette raison, il est recommandé à la patiente de suivre un traitement symptomatique avec un alginate et, en raison des troubles de reflux et des régurgitations nocturnes désormais persistants, de prendre une dose quotidienne le soir, 30 minutes avant le coucher. La thérapie à l’alginate convient à la patiente en raison de son mécanisme d’action perçu comme naturel, de sorte qu’elle accepte cette recommandation. Il lui est également conseillé de continuer à suivre les recommandations alimentaires du RGO, sans toutefois en abuser, car il s’agit d’une exacerbation réversible d’un RGO connu de longue date dans le cadre de la grossesse actuelle.
Lors de sa nouvelle présentation 3 semaines plus tard, la patiente indique qu’un bon contrôle des symptômes a pu être obtenu. Elle apprécie particulièrement le fait que les régurgitations qui interrompaient le sommeil nocturne soient désormais très bien contrôlées. La patiente est informée qu’en raison de sa grossesse, il est impossible de prévoir l’évolution de ses symptômes et que la pression intra-abdominale et donc les symptômes de reflux peuvent augmenter avec la durée de la grossesse.
Commentaire du Prof. Dr. med. Martin Storr : Les médicaments contre le reflux peuvent être utilisés pendant la grossesse pour le traitement symptomatique des troubles du reflux, conformément aux recommandations des sociétés savantes. L’indication d’un traitement médicamenteux suit alors les mêmes règles que pour les patientes sans grossesse. En cas de symptômes sévères, un antagoniste des récepteurs H2 ou un IPP à dose standard peuvent être prescrits. En cas de grossesse, une information détaillée sur les bénéfices et les risques ainsi que sur les alternatives thérapeutiques doit être fournie avant d’entreprendre un traitement médicamenteux. Les femmes enceintes étant généralement plus sensibles aux effets secondaires des substances actives définies chimiquement, il est judicieux d’envisager également des thérapies alternatives avec des substances actives naturelles et peu d’effets secondaires.
Le traitement du RGO consiste généralement en des recommandations alimentaires, des modifications du mode de vie et, si nécessaire, un traitement médicamenteux intermittent, à court ou à long terme. Les changements de régime alimentaire et de mode de vie permettent d’obtenir des résultats en cas de mode de vie défavorable préexistant. Dans le cas présent, il n’y avait pas de tels facteurs de mode de vie déraisonnables et le conseil de suivre un régime encore plus strict n’aurait de toute façon pas été approprié compte tenu de la grossesse existante.
Dans cette situation, la grossesse en tant que facteur déclenchant de l’exacerbation du RGO connu était bien identifiée et bien expliquée à la patiente avec toutes ses conséquences. En particulier, la mention du pronostic positif après la fin de la grossesse a entraîné un soulagement perceptible. Dans cette situation, l’approche médicamenteuse doit être adaptée à la symptomatologie et à la gravité. Dans le cas présent, les troubles, que l’on peut désormais qualifier de modérés, ont augmenté lentement, mais existaient quotidiennement au moment de la présentation, de sorte qu’une prise régulière et conséquente d’un produit semblait indiquée. Le traitement avec un alginate a permis un excellent contrôle des symptômes et a répondu au souhait du patient de ne pas être traité avec un agent chimiquement défini, ce qui aurait pu mettre son enfant en danger. L’efficacité et la tolérance du traitement du RGO par les alginates sont bien établies par des études cliniques pendant la grossesse. Si les symptômes continuent d’augmenter au fur et à mesure de l’avancement de sa grossesse, la posologie choisie laisse une marge de manœuvre suffisante pour augmenter la médication et permettre un bon contrôle des symptômes du RGO pendant le reste de la grossesse.
Littérature complémentaire :
- Koop H, Fuchs KH, Labenz J, et al : TGS2k guideline : gastroesophageal reflux disease guided by the German Society of Gastroenterology. Z Gastroenterol. 2014 Nov;52(11) : 1299-1346.
- Lindow SW, Regnéll P, Sykes J, Little S : An open-label, multicentre study to assess the safety and efficacy of a novel reflux suppressant (Gaviscon Advance) in the treatment of heartburn during pregnancy. Int J Clin Pract. 2003 avr;57(3) : 175-179.