Les reins et le cœur forment une construction finement coordonnée. Si l’équilibre est rompu, les deux organes en sont affectés. Les inhibiteurs de SGLT2, initialement développés pour le traitement du diabète, ont récemment démontré qu’ils étaient plus que de simples hypoglycémiants. Les effets cardiologiques et néphrologiques, en particulier, ont fait l’objet d’une attention accrue de la part des scientifiques – avec succès.
L’hypothèse selon laquelle le cœur n’est qu’un simple muscle préglomérulaire a été largement réfutée. De plus, le cœur fait l’objet d’une grande attention. Ne serait-ce que parce qu’un débit cardiaque de seulement 15% est une limitation évidente. Pour les reins, la situation est différente, comme le confirme le Dr Jan Bruegger, de Zurich. Une diminution de 15% de la performance rénale n’est pas nécessairement symptomatique. En conséquence, le dépistage s’est jusqu’à présent focalisé sur les maladies cardiovasculaires, l’hypertension ou le diabète. Toutefois, l’interaction entre les maladies rénales chroniques (MRC) et les maladies cardiovasculaires est désormais reconnue. Il est donc essentiel que les cardiologues ne s’intéressent pas uniquement au cœur, mais aussi aux reins. En effet, les cardiologues voient les patients atteints d’IRC bien plus tôt que les néphrologues, a souligné l’expert.
En fait, l’IRC est nettement sous-diagnostiquée : 59,3% des cas ne sont pas connus. L’insuffisance rénale de stade 3 n’est même pas diagnostiquée à temps dans près de 90% des cas. Cela est principalement dû au fait que le dépistage est trop faible et que les patients sont oligosymptomatiques. Dans ce contexte, une intervention thérapeutique précoce est indiquée pour retarder le plus longtemps possible l’insuffisance rénale. Il ne faut pas oublier que le risque de mortalité est augmenté de 25% chez un patient ayant subi un infarctus du myocarde. Si l’on ajoute à cela une IRC de stade 3a, le risque augmente de 191%. L’insuffisance rénale est donc un facteur à prendre au sérieux, même en cardiologie, selon Bruegger.
Un besoin urgent d’un traitement efficace
Cependant, les néphrologues ne disposent jusqu’à présent que d’un arsenal limité. C’est pourquoi le dépistage devrait surtout porter sur les domaines dans lesquels des mesures thérapeutiques peuvent être mises en œuvre. Il s’agit notamment de l’hypertension, du diabète et des maladies cardiovasculaires. Comme les reins sont principalement endommagés par le diabète (42%) ou l’hypertension (18%), un traitement efficace de ces maladies sous-jacentes est déjà un objectif.
Des études ont démontré que les inhibiteurs de SGLT2, initialement développés pour le traitement du diabète, peuvent également être bénéfiques en termes de critères néphrologiques. Dans une étude portant sur 17160 patients atteints de diabète de type 2, l’administration quotidienne de 10 mg de dapagliflozine a permis d’atteindre une réduction relative du risque de 47% en ce qui concerne le critère exploratoire rénal. Cette étude a été suivie d’une autre visant à évaluer le risque d’événements rénaux et cardiovasculaires chez les patients atteints ou non de diabète de type 2 par rapport à un placebo. Plus de 4000 patients ont été randomisés. Ils ont tous reçu un traitement par IEC ou ARA, ainsi que 10 mg d’inhibiteur de SGLT2 par jour. Le critère d’évaluation principal était une combinaison d’une baisse persistante d’au moins 50% du DFG estimé, d’une maladie rénale en phase terminale ou d’un décès d’origine rénale ou cardiovasculaire. Sur une période médiane de 2,4 ans, un événement de résultat primaire est survenu chez 197 participants sur 2152 (9,2%) dans le groupe dapagliflozine et chez 312 participants sur 2152 (14,5%) dans le groupe placebo. Au final, le risque relatif pour le critère d’évaluation principal a été réduit de 39%. Il est passionnant de constater que le statut de diabète n’a pas eu d’incidence sur les bénéfices positifs du traitement, a noté l’expert. Les patients diabétiques et non diabétiques en ont bénéficié de la même manière.
Inhibiteurs de SGLT2 pour le cœur et les reins
Les effets positifs sur les reins ont également été observés avec d’autres inhibiteurs de SGLT2 tels que l’empagliflozine ou la canagliflozine. Ils ont également montré une progression significativement plus lente des maladies rénales, a rapporté le PD Dr. med. Simon Stämpfli, Lucerne. Mais les préparations ont également un effet positif sur le cœur. Même les patients qui n’ont jamais présenté d’insuffisance cardiaque bénéficient de cette nouvelle classe de médicaments. Stämpfli a résumé que les inhibiteurs de SGLT2 réduisent le risque d’insuffisance cardiaque chez les patients atteints de diabète de type 2. De même, ils réduisent le risque de mortalité chez les patients HFrEF. Enfin, ils ont un effet protecteur sur la fonction rénale. Par conséquent, les médicaments contre le diabète proprement dits peuvent également être considérés comme des agents thérapeutiques pour l’insuffisance cardiaque et en néphrologie.
Congrès : FomF Update Refresher
CARDIOVASC 2022 ; 21(1) : 23