D’un point de vue physiopathologique, la dermatite atopique est due à un dysfonctionnement de la barrière cutanée, à un manque de facteurs naturels d’hydratation et à une modification de la composition des lipides et des protéines. Le rétablissement de la fonction physiologique de la barrière cutanée est un objectif thérapeutique important. Des soins de base cohérents avec des topiques hydratants contenant des lipides sont donc un pilier important de la prise en charge réussie de la dermatite atopique. Ceci est particulièrement vrai pour les enfants en bas âge et les nourrissons.
La dermatite atopique (synonyme : dermatite atopique) est la maladie inflammatoire chronique de la peau la plus fréquente chez l’enfant [1]. Les principaux symptômes sont l’eczéma sur des sites de prédilection typiques en fonction de l’âge et des démangeaisons atroces [2]. La prévalence de la dermatite atopique chez les enfants en Europe centrale est d’environ 10 à 15%, la plupart des symptômes apparaissant dès la première année de vie [3–5]. À partir de 2 ans et jusqu’à 12 ans, on retrouve l’eczéma chronique typique de l’enfance avec une atteinte des grands fléchisseurs et une peau sèche (xérose cutanée) [1]. Dans la grande majorité des cas, la dermatite atopique se manifeste avant l’âge de cinq ans, l’eczéma ne commençant qu’à l’âge de sept ans pour environ 10% d’entre eux [5].
Défaut de la barrière cutanée et cercle de grattage-démangeaison comme mécanismes pathologiques
La dermatite atopique repose sur une pathogenèse multifactorielle. Une perturbation génétiquement déterminée de la fonction de barrière épidermique ainsi que des réactions immunitaires modifiées de manière caractéristique sont des processus physiopathologiques pertinents. La structure de la barrière épidermique présente des altérations spécifiques dans la peau atopique. Lorsque le manteau protecteur de l’épiderme est déficient, les facteurs exogènes peuvent pénétrer plus facilement dans la peau, ce qui affaiblit davantage la barrière cutanée et provoque des poussées d’eczéma (Fig. 1). Parmi les facteurs déclencheurs qui déclenchent ou renforcent une réaction inflammatoire cutanée, on trouve des irritants microbiens, irritants, allergènes ou non spécifiques [7–9].
Une réaction inflammatoire cutanée peut déboucher sur un cercle de démangeaisons et de grattage, ce qui peut conduire à une aggravation des symptômes et favoriser les exacerbations aiguës [6–8]. En effet, le grattage déclenche des processus inflammatoires et contribue à la détérioration de la barrière cutanée déjà défectueuse, ce qui entraîne la libération de cytokines épidermiques qui activent les cellules du derme, lesquelles produisent à leur tour davantage de facteurs pro-inflammatoires, ce qui renforce à son tour l’inflammation et les démangeaisons [25].
Le “Natural Moisturizing Factor” régule la perte d’eau transépidermique
Des mutations génétiques de perte de fonction dans le gène de la filaggrine peuvent conduire à un déficit en filaggrine [10]. Les filaggrines sont des protéines ayant une fonction structurante importante pour la barrière cutanée. Dans les couches supérieures du stratum corneum, la filaggrine est dégradée en acide pyrrolidone carboxylique, en acide urocanique et en acides aminés libres, qui forment ensemble ce que l’on appelle le “Natural Moisturizing Factor” (NMF), qui est essentiel pour la capacité de rétention d’eau de la couche cornée [11]. Une peau saine doit normalement être capable de retenir 10-20% d’eau pour assurer une fonction de barrière intacte [11]. Une couche lipidique intercellulaire fonctionnelle, une disposition et une différenciation régulières des cornéocytes avec une teneur suffisante en facteur naturel d’hydratation (NMF) sont essentielles pour obtenir un tel niveau d’hydratation de la peau [11]. Grâce à son effet hydro-rétenteur, le NMF réduit la perte d’eau transépidermique (“Transepidermal water loss”, TEWL).
Les soins de base avec des émollients hydratants et relipidants sont essentiels.
Le traitement de la dermatite atopique dépend de l’évolution et de la gravité des symptômes et suit un schéma progressif. Un traitement de base adéquat permet de prévenir le cycle démangeaisons-grattage et d’allonger ainsi l’intervalle sans récidive. Outre la réduction des facteurs de provocation, elle repose notamment sur l’utilisation d’émollients, c’est-à-dire d’excipients topiques aux propriétés relipidantes et dépourvus d’agents actifs. L’utilisation régulière d’émollients est judicieuse à plus d’un titre [12]:
- La xérose cutanée est un problème fréquent dans la dermatite atopique
- La peau sèche entraîne des démangeaisons et des brûlures
- Une peau déshydratée présente un risque accru d’inflammation.
- La sécheresse de la peau est liée à un défaut de la barrière cutanée et une barrière cutanée perturbée peut favoriser les sensibilisations allergiques.
Les soins cutanés topiques de base sont recommandés dans les directives nationales et internationales, non seulement pour le traitement intermittent, mais aussi pour tous les stades et degrés de sévérité de la dermatite atopique [13–15]. D’une part, des soins de base cohérents sont un facteur essentiel pour la régénération de la fonction barrière perturbée, ainsi que pour la réduction de la xérose et des symptômes de démangeaison (Fig. 1) [9,24]. D’autre part, les poussées aiguës d’eczéma nécessitent moins de stéroïdes topiques.
Utiliser des produits de soins adaptés aux enfants en bas âge et aux nourrissons
La peau sèche doit être hydratée 1 à 2 fois par jour avec des lotions, des crèmes ou des onguents réhydratants afin d’atteindre un niveau de lipides et d’hydratation adéquat et de renforcer la barrière cutanée (aperçu 1) [17]. Les produits thérapeutiques de base appropriés doivent d’une part garantir un bon approvisionnement durable de la peau en lipides et en humidité et d’autre part être hypoallergéniques. Des études montrent que le fait de commencer à donner des soins de base dès l’âge de trois semaines aux nourrissons ayant des antécédents familiaux d’atopie peut réduire jusqu’à 50% le développement de la dermatite atopique [16,17]. Toutefois, l’utilisation de préparations contenant de l’urée doit être évitée chez les enfants en bas âge et les nourrissons, car même à faible concentration, elles provoquent des brûlures cutanées (effet “stining”) chez les enfants de moins de cinq ans [18]. Les produits de soins de base avec des agents hydratants qui ne contiennent pas d’urée sont, par exemple, des formulations à base de glycérine ou d’acide lactique et d’huile d’amande. Les dérivés de l’acide lactique font partie des ingrédients actifs du NMF [11], le facteur naturel d’hydratation qui hydrate la cornée et réduit la perte d’eau transépidermique (“Transepidermal water loss”, TEWL).
Formation sur la dermatite atopique Les programmes d’éducation pour les parents et les enfants jouent également un rôle important dans la prise en charge optimale des patients, et plusieurs études randomisées contrôlées ont démontré leur utilité fondée sur des données probantes [21,22]. Les participants acquièrent des connaissances pratiques sur leur maladie et les principes thérapeutiques qui en découlent. Il est particulièrement important de comprendre le traitement local adéquat, y compris les soins systématiques de la peau et le choix des produits de soins adaptés à l’état de la peau. Un soin quotidien, parfois plusieurs fois par jour, avec des hydratants est essentiel [23]. |
Outre l’application régulière de crème, il est recommandé de donner aux enfants à la peau atopique un bain ou une douche tiède quotidien avec des lotions lavantes douces et des additifs huileux anti-allergiques et relipidants. Outre l’élimination des microbes et des résidus de pommade, cela permet d’hydrater la peau et de mieux absorber les crèmes appliquées par la suite [19]. Les formations sur la dermatite atopique permettent d’acquérir un savoir-faire théorique et pratique pertinent pour la gestion de la maladie au quotidien. Il s’agit d’offres régionales interdisciplinaires (encadré).
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