Existe-t-il des stratégies sérieuses à base de plantes pour la perte de poids ? L’article suivant clarifie le maquis des produits amincissants et présente des préparations ou des extraits à base de plantes avec des preuves scientifiques.
L’obésité est très répandue. Dans les pays industrialisés, les enfants sont souvent les premiers touchés, mais les pays émergents sont également de plus en plus confrontés aux conséquences d’un mode de vie sédentaire. Entre le Nouvel An et Noël, ce problème prend de l’ampleur. Les facteurs étiologiques sont bien connus et les conséquences sanitaires et socio-économiques bien documentées. Malgré cela, certaines personnes ne parviennent pas à modifier leurs habitudes alimentaires de manière à ramener leur IMC à des niveaux acceptables ; une prédisposition génétique défavorable peut même rendre ces efforts encore plus difficiles. Les régimes à succès garanti promettent une aide rapide, mais restent souvent sans effet durable. Il est temps d’examiner l’offre de produits et de substances actives en fonction des preuves.
Usage abusif fréquent de médicaments
Tous les médicaments sympathomimétiques efficaces indiqués pour le surpoids ou l’obésité ont été retirés du marché en raison des effets secondaires connus. Plusieurs médicaments sympathomimétiques ayant d’autres indications, comme les hormones thyroïdiennes ou les vasoconstricteurs, continuent aujourd’hui d’être utilisés de manière abusive pour la perte de poids.
Le seul groupe de substances actives efficace et cliniquement documenté pour le contrôle ou la réduction du poids est celui qui diminue l’absorption intestinale des graisses, des glucides ou des acides aminés ingérés. Le premier de ces agents était l’orlistat, un inhibiteur de lipase, mais il pose problème à certains utilisateurs en raison des selles grasses.
Réduction naturelle du poids
La volonté des personnes concernées de suivre un traitement et de prévenir un éventuel effet yo-yo par des mesures appropriées est une condition préalable à la réussite du traitement. Cela vaut également pour les produits phytothérapeutiques. Les stratégies de perte de poids à base de plantes qui ont été testées cliniquement sont présentées ci-dessous. Les préparations riches en fibres ne sont pas décrites ici. Ils ont certes un certain effet en tant que remplissage de l’estomac, mais ils ne conviennent qu’aux patients très disciplinés qui peuvent surmonter la sensation de faim qui existe malgré tout.
Fenugrec : les graines de fenugrec (Trigonella foenum-graecum L.) semblent avoir une certaine efficacité pour réduire l’absorption des graisses. C’est ce que rapporte une étude publiée en 2010 [1]. Dans ce cadre, 39 volontaires en bonne santé souffrant d’obésité ont été traités avec un extrait de graines de fenugrec dans le cadre d’une étude en double aveugle, randomisée et contrôlée par placebo menée en parallèle pendant six semaines. L’étude a donné des résultats intéressants, bien que l’effet principal souhaité, à savoir une réduction du poids chez les personnes en surpoids, n’ait pas été obtenu : l’apport quotidien en graisses et le rapport insuline-glucose ont diminué de manière significative dans le groupe traité par le verum par rapport au placebo. L’utilisation à long terme pourrait néanmoins entraîner une perte de poids, bien que des études soient encore nécessaires à ce sujet.
YY-312 : derrière cette appellation abstraite se cache une poudre composée de trois plantes médicinales asiatiques : Imperata cylindrica, Citrus unshiu et Evodia officinalis. Cette poudre a été administrée à des adultes coréens en surpoids dans le cadre d’une étude coréenne de 12 semaines publiée en 2017 [2]. Dans cette étude randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo, la graisse corporelle totale, le poids et le tour de hanches ont diminué de manière significative dans le groupe traité par le verum par rapport au placebo.
Yerba maté : Le yerba maté (Ilex paraguariensis) est une plante très répandue en Amérique du Sud, qui est souvent consommée sous forme de thé au maté. Une étude randomisée, contrôlée par placebo et en double aveugle, également menée en Corée et publiée en 2015, a montré que cette plante pourrait également réduire l’IMC ainsi que le tour de hanches [3]. Les sujets ayant un IMC de 25 à 35 et un WHR >0,90 (hommes) ou >0,85 (femmes) ont pris trois grammes de yerba maté ou un placebo par jour pendant douze semaines. Dans le groupe traité par le médicament, une réduction significative du taux de graisse corporelle, du pourcentage de graisse corporelle et de la WHR a été observée après 12 semaines.
Figuier de Barbarie capteur de graisse
Comme les trois études décrites concernent des extraits qui ne sont pas disponibles en Suisse sous forme de produits commerciaux, nous allons encore discuter ici d’une préparation à base de figuier de barbarie qui est disponible en Suisse sous forme de préparation prête à l’emploi. Il s’agit d’un complexe fibreux breveté, produit à partir des feuilles du figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica), utilisé depuis longtemps en médecine populaire au Mexique (Fig. 1). Ce complexe de fibres est composé de fibres solubles et non solubles qui ont une très grande affinité de liaison avec les graisses. Les fibres non solubles se lient aux graisses des aliments dans l’estomac et forment avec les graisses un complexe entouré de fibres hydrosolubles. Les différents niveaux de pH de l’estomac et de l’intestin ne peuvent pas influencer ce complexe, qui est donc naturellement éliminé dans les selles. Contrairement à l’orlistat, il n’y a pas d’accumulation de graisse.
Une étude clinique randomisée en double aveugle et contrôlée par placebo a montré que le complexe fibreux augmentait l’excrétion fécale de graisse de 26,6% par rapport au placebo et que le poids corporel diminuait en moyenne de 0,72 kg en trois jours. La sensation de satiété a augmenté de modérément à fortement dans le groupe traité par le verum [4]. Une autre étude a documenté une diminution du cholestérol sérique chez des patients obèses ou diabétiques [5].
Résumé
Certaines plantes médicinales permettent d’obtenir une réduction du poids corporel cliniquement documentée. Outre les plantes médicinales asiatiques, le fenugrec et le maté sud-américain en font partie. Mais avant de pouvoir réellement les intégrer dans la thérapie, ils doivent être examinés plus en détail dans d’autres études. En revanche, le figuier de barbarie mexicain est une préparation mature disponible en Suisse (encadré). Jusqu’à présent, les patients devaient le payer eux-mêmes. Mais là encore, seul un changement simultané des habitudes alimentaires permet d’obtenir un succès à long terme et de stabiliser le poids corporel à un niveau plus bas.
Littérature :
- Chevassus H, et al : A fenugreek seed extract selectively reduces spontaneous fat intake in overweight subjects. Eur J Clin Pharmacol 2010 ; 66(5) : 449-455.
- Cho YG, et al : Effet d’une poudre d’extrait végétal (YY-312) d’Imperata cylindrica Beauvois, de Citrus unshiu Markovich et d’Evodia officinalis Dode sur la masse graisseuse corporelle des adultes obèses : un essai clinique randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, en groupes parallèles, d’une durée de 12 semaines. BMC Complement Altern Med 2017 ; 17(1) : 375.
- Kim SY, et al. : Effets anti-obésité de Yerba Mate (Ilex Paraguariensis) : un essai clinique randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, BMC Complement Alten Med 2015 ; 15 : 338.
- Graubaum HJ : 2-armd, randomized, double blind, placebo-controlled fat excretion study of Litramine®, 2009. Données sur fichier.
- Frati-Munari AC, et al. : Effets du nopal (Opuntia sp.) sur les lipides sériques, la glycémie et le poids corporel. Arch Invest Med (Mex) 1983 ; 14(2) : 117.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2019 ; 14(1) : 3-4