L’évolution démographique actuelle se traduit par un nombre croissant de personnes âgées et donc par une augmentation du nombre de patients souffrant de maladies liées à l’âge, comme la démence. Relever ce défi de santé nécessite un processus de diagnostic précis et des stratégies thérapeutiques efficaces.
L’évolution démographique actuelle se traduit par un nombre croissant de personnes âgées. En conséquence, les maladies liées à l’âge augmentent. On estime que le nombre de cas de démence concernera 131,5 millions de patients d’ici 2050. La démence est un terme générique désignant des troubles cérébraux d’origines diverses. Les patients souffrent de plus en plus d’une perte de la mémoire, de l’orientation, de la communication et de l’autonomie (aperçu 1).
Déroulement par phases
Les scientifiques estiment que la maladie est asymptomatique pendant 30 ans avant que les premiers signes n’apparaissent. Dès la puberté, on peut trouver les premiers indices de changements, même si les plaques amyloïdes ne sont visibles que bien plus tard. Différents biomarqueurs dans le liquide céphalorachidien peuvent également être détectés 20 ans avant l’apparition de la maladie. Il s’agit par exemple des peptides bêta-amyloïdes et de la protéine tau. Si elles s’accumulent avec le temps et qu’elles dépassent un seuil critique, la phase de pré-démence commence. C’est à ce moment-là que les premières défaillances cognitives occasionnelles se font sentir. La mémoire et la concentration diminuent.
Au cours des quatre années suivantes, on observe alors une diminution significative de la masse cérébrale dans l’hippocampe. Le langage et la compréhension verbale en pâtissent et la vie quotidienne devient également plus difficile. Alors qu’au début, c’est plutôt la mémoire à court terme qui semble être touchée, la mémoire à long terme s’affaiblit de plus en plus. Les expériences des dernières années sont oubliées, alors que les souvenirs d’enfance sont soudain vécus comme s’ils venaient de se produire. La personnalité du patient évolue également. La méfiance, l’irritabilité, la nervosité et les accès d’agressivité sont l’expression d’une perte progressive de repères.
À un stade tardif, la dégradation physique commence également. Souvent, les patients souffrent de spasmes musculaires et de raideurs articulaires. Ils finissent par devenir des patients grabataires. La langue se tarit et il faut trouver de nouveaux moyens de communication.
Démence égale Alzheimer ?
On estime que 28 000 nouveaux malades viennent s’ajouter chaque année aux quelque 148 000 personnes actuellement atteintes de démence en Suisse. La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus courante, avec plus de la moitié des cas diagnostiqués, suivie par la démence vasculaire (20%). Toutefois, les formes mixtes sont fréquentes, en particulier chez les personnes âgées.
Il est donc important d’établir un diagnostic précis afin de pouvoir mettre en place des thérapies adaptées et efficaces. Les tests neuropsychologiques sont très complets et couvrent au total six domaines (Fig. 1). En règle générale, les tests papier-crayon sont effectués, y compris L’anamnèse peut prendre environ 2,5 heures. Toutefois, les autotests sur tablette sont de plus en plus utilisés. Un examen médical, une IRM et, si nécessaire, une analyse du liquide céphalorachidien complètent le diagnostic. Un pas supplémentaire dans la bonne direction peut être fait avec des biomarqueurs significatifs détectables dans le sang. Des recherches intensives sont actuellement menées dans ce domaine.
Régime thérapeutique multimodal
Un diagnostic efficace est également important dans la mesure où la démence ne peut pas être guérie, mais qu’elle peut être influencée positivement dans son évolution à un stade précoce. Une thérapie multimodale comprenant une intervention pharmacologique, un entraînement de la mémoire ainsi qu’une thérapie comportementale et sociale est indiquée. Pour la pharmacothérapie, on utilise principalement des antidépresseurs. Dans les cas de démence légère à modérée, ce sont surtout les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase qui se sont révélés efficaces. Le donépézil, la rivastigmine et la galantamine ont tous trois entraîné une amélioration de la cognition, des capacités quotidiennes et du comportement. Les inhibiteurs de la cholinestérase bloquent l’enzyme responsable de la dégradation de l’acétylcholine. La concentration du neurotransmetteur augmente en conséquence.
En cas de démence d’Alzheimer sévère, on utilise le donépézil ou la mémantine, un modulateur des récepteurs NMDA. Les antagonistes du glutamate bloquent les sites de réception du glutamate au niveau des synapses, inhibant ainsi la transmission de l’excitation au niveau des neurones régulés par le glutamate.
Futures options de traitement
De nouvelles approches thérapeutiques sont à l’étude, notamment en ce qui concerne l’accumulation de β-amyloïde. L’anticorps monoclonal se lie à la bêta-amyloïde soluble et insoluble dans le cerveau, entraînant une réduction significative du peptide neurotoxique. De nouvelles analyses d’une étude de phase III devraient démontrer que les espoirs placés dans cette nouvelle substance sont justifiés. Après que l’absence de perspective d’effet significatif ait d’abord conduit à l’arrêt de l’étude, de nouvelles informations ont été publiées. À fortes doses, le nouveau médicament contre la maladie d’Alzheimer serait bien capable de réduire le déclin cognitif chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce. Les patients traités par l’aducanumab à forte dose (10 mg/kg de poids corporel) ont présenté une réduction significative de l’aggravation clinique par rapport à la valeur initiale des scores CDR-SB après 78 semaines (23% par rapport au placebo, p=0,01).
Source : Forum bâlois de la démence
Littérature complémentaire :
- www.beobachter.ch/gesundheit/krankheit/demenz (dernier accès le 14.01.2020)
- www.bag.admin.ch/bag/de/home/krankheiten/krankheiten-im-ueberblick/demenz.html (dernier accès le 14.01.2020)
- https://alzheimer.ch/de/angehoerige/diagnose/magazin-detail/50/alzheimer-ist-die-haeufigste-form-von-demenz/ (dernier accès le 14.01.2020)
- www.nature.com/articles/s41582-019-0295-9 (dernier accès le 14.01.2020)
- www.dasgehirn.info/krankheiten/morbus-alzheimer/schleichend-zum-vergessen?gclid=EAIaIQobChMI0Ob-ruqH5wIVFODtCh2-Ew2uEAAYAiAAEgIMCPD_BwE (dernier accès le 16.01.2020)
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2020, 18(1) : 36-37 (publié le 23.1.20, ahead of print)