Lors de son séjour dans les Alpes, Ötzi, qui date du néolithique, transportait déjà dans sa poche des spores de bouleau qui servaient probablement de médicament. L’homme moderne prend également des précautions contre les petits désagréments lorsqu’il est en déplacement. Contrairement à ce qui se passait autrefois, les pharmacies de voyage contiennent aujourd’hui le plus souvent des produits synthétiques. Mais il est également possible aujourd’hui de se constituer une pharmacie de voyage entièrement à base de plantes et néanmoins tout à fait efficace.
Dans les cabinets médicaux, mais aussi dans les pharmacies, on parle très souvent des soins médicaux en voyage. La question de la composition de la “bonne” ou “idéale” pharmacie de voyage revient souvent. Il n’est évidemment pas possible de répondre de manière univoque à cette question, car la composition dépend de la personne qui voyage, de son état de santé général, de la destination et de l’infrastructure médicale disponible sur place. Il faut également décider si l’on veut emporter un minimum de médicaments en vacances ou si l’on veut être couvert pour le plus grand nombre possible de troubles potentiels. La règle souvent suivie “aussi naturel que possible, aussi synthétique que nécessaire” s’applique-t-elle également ici ? Qu’en est-il des médecins qui partent eux-mêmes en voyage ? Il est difficile d’emporter une mallette de médecin remplie de médicaments divers et variés !
Tout ce qui est végétal ?
Est-il possible de constituer une pharmacie de voyage avec uniquement des préparations à base de plantes qui couvrent néanmoins les troubles bénins habituels du voyage ? C’est ce que nous allons montrer dans la suite de cet article. Il faut toutefois préciser que cela ne doit pas se faire dans l’attitude naïve de croire que l’on peut traiter tous les maux avec des médicaments à base de plantes. Il ne s’agit donc pas de préconiser le traitement d’une cystite avancée avec une teinture de capucine, ni de proposer de soulager une colique biliaire avec une préparation à base de menthe poivrée.
Troubles du voyageur
Lors d’un voyage, la première plainte peut être une cinétose avec les symptômes gênants que l’on connaît, contre laquelle on utilise souvent la diphénhydramine ou la méclozine.
Gingembre : outre les études dont les résultats sont négatifs, il existe également des études qui donnent des indications sur l’efficacité du gingembre (encadré) dans le traitement des nausées et des vomissements liés à la cinétose [1,2]. L’étude de Groentved [1] a été réalisée avec des cadets de la marine danoise en haute mer, donc dans des circonstances réalistes.
Désinfection
Un désinfectant est indispensable dans toute pharmacie de voyage, et l’on trouve généralement une préparation à base de chlorhexidine ou de PVP iodé. Mais la nature offre également des stratégies de désinfection.
Calendula : les teintures ou les pommades à base de calendula (Calendula officinalis), utilisé depuis longtemps en médecine populaire, ont montré un effet favorisant la cicatrisation des plaies lors d’études pharmacologiques sur des animaux [3].
Camomille : la camomille (Matricaria recutica), connue depuis l’Antiquité comme plante médicinale, peut également être utilisée pour la cicatrisation des plaies. Une étude contrôlée par placebo datant de 1987 a démontré la nette supériorité d’un extrait de camomille par rapport à un placebo en termes de séchage et d’épithélialisation [4].
En Suisse, il existe plusieurs fournisseurs de préparations désinfectantes qui sont des mélanges de différentes teintures ou teintures mères – des préparations souvent utilisées, mais pour l’efficacité desquelles on ne peut pas citer d’études.
Blessures contondantes
Dans le numéro 8/2014 de HAUSARZT PRAXIS, il a été question en détail des possibilités de traitement des blessures contondantes avec Arnica/Spilanthes ou Wallwurz. Les préparations qui y sont mentionnées permettent de traiter les conséquences de petites blessures contondantes.
Diarrhée
Il n’est pas toujours nécessaire d’emporter du lopéramide, même si la plupart des voyageurs souhaitent avoir dans leurs bagages cette substance à action immédiate et puissante. Ce qui peut être raisonnable pendant un vol ou un long voyage en train ou en bus ne doit pas être utilisé pour chaque diarrhée du voyageur. Très souvent, un antidiarrhéique à base de plantes plus doux fait également l’affaire. Il existe plusieurs préparations à base de charbon médicinal qui peuvent arrêter ou raccourcir une diarrhée légère à modérée [5]. En Suisse, outre les préparations correspondantes à base de charbon médicinal, des préparations combinant charbon médicinal et levure sont également commercialisées.
Troubles gastro-intestinaux
Lors d’un voyage ou de vacances, une gastro-entérite peut rapidement apparaître en raison d’une nourriture souvent étrangère ou d’une préparation non irréprochable. Dans la plupart des pharmacies de voyage des médecins, on trouve des préparations à base de métoclopramide ou de dompéridone pour de tels cas. Mais là encore, il existe un certain nombre d’alternatives à base de plantes : La préparation STW5, composée de sept extraits végétaux différents, a déjà été présentée dans le numéro 4/2015 de HAUSARZT PRAXIS. Nous nous contenterons donc de rappeler ici qu’il peut être utilisé contre les dyspepsies d’origines diverses, contre l’estomac et le côlon irritables.
La Suisse produit également une préparation à base de plantes, basée sur des recettes tibétaines, qui peut être utilisée avec succès pour traiter différents troubles digestifs et dont l’efficacité a été démontrée dans une étude [6].
Allergies
Il est relativement difficile d’utiliser des préparations purement végétales lorsqu’il s’agit de lutter contre une allergie provoquée par une exposition au soleil ou une piqûre d’insecte. L’ingestion et l’application d’une teinture d’ortie peuvent apporter un soulagement, mais ne peuvent pas être comparées aux antihistaminiques modernes !
Analgésiques
Il en va de même pour les analgésiques. L’huile de menthe poivrée peut rendre de bons services en cas de maux de tête. Il existe même des études qui le prouvent. Cependant, il est beaucoup plus facile d’avoir recours au paracétamol, à l’acide acétylsalicylique ou à l’ibuprofène, et il faut une bonne dose de conviction pour ne pas emporter de produit correspondant en voyage et pour ne prendre “que” de l’huile de menthe.
Littérature :
- Groentved A, et al. : Racine de gingembre contre le mal de mer. Un essai contrôlé en pleine mer. Acta Otolaryngol 1988 ; 105(1-2) : 43-49.
- Schmid R, et al. : Comparaison de sept agents couramment utilisés pour la prophylaxie du mal de mer. J Travel Med 1994 ; 1 : 203-206.
- Parente LM, et al. : Cicatrisation des plaies et effet anti-inflammatoire dans des modèles animaux de Calendula officinalis L. cultivés au Brésil. Evid Based Complement Alternat Med 2012. doi : 10.1155/2012/375671.
- Glowania HJ, et al. : L’effet de la camomille sur la cicatrisation des plaies. Une étude contrôlée en double aveugle. Journal des maladies de la peau 1987 ; 62(12) : 1267.
- Hennemann A : Maladies diarrhéiques – Le charbon médical réduit la durée. Revue mensuelle de médecine Pharm 2005 ; 28(10) : 366-367.
- Meier R, et al : The Tibetan herbal formula Padma Digestin in functional dyspepsia : an open-label study. Forsch Komplementmed. 2013 ; 20(Suppl 2) ; 2-7.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2015 ; 10(5) : 2-4