Une anamnèse minutieuse est essentielle comme base d’un diagnostic et d’un traitement différenciés. Les céphalées de tension représentent plus de 90% des symptômes primaires de céphalées. Les mesures de style de vie sont un pilier important de la thérapie et peuvent être combinées avec des médicaments analgésiques pour le traitement aigu ou comme prophylaxie.
Avec une prévalence à un an d’environ 60% chez les adultes et de plus de 70% chez les adolescents, les maux de tête font partie, avec les douleurs dorsales non spécifiques, des deux problèmes de santé les plus fréquents [1]. 20% de tous les arrêts de travail liés à la maladie sont dus à des maux de tête [2]. Selon la Société internationale des céphalées, il existe 200 types de céphalées différentes, parmi lesquelles on distingue les formes primaires et secondaires. Dans plus de 90% des cas, il s’agit de céphalées primaires, le plus souvent de type tensionnel, les migraines venant en deuxième position (Fig. 1) [2].
Les maux de tête affectent la qualité de vie des personnes qui en souffrent
Si les maux de tête surviennent régulièrement, ils peuvent entraîner non seulement des coûts économiques pour la santé, mais aussi une diminution considérable de la qualité de vie. Les céphalées de tension et les migraines surviennent le plus souvent entre 20 et 60 ans Le traitement moderne des céphalées est multimodal. L’intégration de mesures de style de vie est particulièrement importante pour le type de tension.
Le tableau 1 présente les causes possibles de céphalées secondaires, qui représentent moins de 10% de la fréquence des céphalées, mais qui doivent néanmoins être prises en compte lors de l’établissement du diagnostic [2]. Les plaintes des patients souffrant de maux de tête doivent être prises au sérieux, car il s’agit d’un symptôme pénible pour les personnes concernées, quelle qu’en soit la cause.
S’agit-il de migraines ou de céphalées de tension ?
Dans plus de la moitié des cas de maux de tête primaires présentés au médecin généraliste, il s’agit de ceux de type tension. La forme chronique, en particulier, est souvent associée au stress, à la dépression et aux troubles anxieux. La physiopathologie des céphalées de tension est supposée impliquer une sensibilité accrue des nocicepteurs myofasciaux périphériques et une sensibilité accrue des voies centrales de traitement de la douleur [3]. La Société suisse des céphalées recommande d’utiliser les critères de l’International Headache Society pour établir le diagnostic [4].
Lors de la première consultation, une difficulté anamnestique peut être liée au fait que les patients ne peuvent pas décrire précisément la nature des symptômes. Il est donc important d’informer le patient et de revenir sur ce point lors d’une consultation ultérieure afin de pouvoir procéder à une classification. Contrairement aux céphalées de tension, la migraine a souvent une phase prodromique qui peut durer jusqu’à deux jours et s’accompagne de symptômes associés tels que la sensibilité à la lumière et les nausées (tableau 2) [2]. Les céphalées de tension, à la différence des migraines, se caractérisent par une douleur bilatérale, non pulsatile, qui n’est pas aggravée par les activités physiques de routine. Il convient de déterminer si l’une des causes suivantes est à l’origine de la céphalée de tension : grincement de dents, presbytie, sinusites.
Plan de traitement personnalisé
Les céphalées de tension occupent une place particulière dans le traitement de la douleur en raison de leur prévalence élevée. Les céphalées primaires chroniques, en particulier, entraînent une nette dégradation de la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Un objectif important du traitement est la réintégration dans la vie quotidienne et l’amélioration de la qualité de vie. L’éducation des patients et l’information jouent un rôle important à cet égard. Il est recommandé d’établir un plan de traitement avec le patient en tenant compte des aspects individuels, y compris la souffrance et l’anxiété. Il est important de mobiliser les ressources du patient pour réduire la souffrance.
Les facteurs liés au mode de vie jouent un rôle important
L’intégration de mesures de style de vie est essentielle dans le traitement des céphalées de tension. Il s’agit notamment de promouvoir un mode de vie équilibré et sain. Il convient de veiller à un bon équilibre entre activité et détente. Il est recommandé de réduire le stress et de faire régulièrement de l’exercice physique, si possible en plein air. Les sports d’endurance sont utiles pour réduire le stress. En outre, des mesures visant à tonifier le système nerveux végétatif, telles que des douches alternées, peuvent avoir un effet positif [9]. Une alimentation équilibrée et un sommeil suffisant sont également des facteurs importants.
Médicaments recommandés pour le traitement aigu et la prophylaxie
Dans le cas des céphalées de tension, on distingue le traitement des crises de céphalées et les mesures prophylactiques. Dans le cas des céphalées de tension épisodiques, la durée des symptômes est généralement limitée à une demi-heure ou quelques jours, et les maux de tête disparaissent généralement au bout d’une à deux heures. On parle de céphalées de tension chroniques lorsque les maux de tête surviennent plus de 15 jours par mois.
Parmi les médicaments utiles en cas de céphalées de tension aiguës, on trouve par exemple l’acide acétylsalicylique, l’ibuprofène, le paracétamol ou le naproxène (tableau 3) [2]. Il convient de noter que les analgésiques sont utilisés au maximum 10 jours par mois à une dose adéquate afin d’éviter que les céphalées ne deviennent chroniques en raison d’une surconsommation de médicaments. L’utilisation de médicaments doit être combinée avec des mesures d’hygiène de vie. Si les maux de tête sont peu fréquents et faciles à contrôler, il n’est pas nécessaire de recourir à une prophylaxie médicamenteuse. En cas de céphalées chroniques, l’amitriptyline, la mirtazapine, la venlafaxine, la trimipramine ou la clomipramine sont recommandées comme pharmacothérapie prophylactique (tableau 3).
Comment identifier et éviter les effets de rebond
Les maux de tête liés à la surconsommation de médicaments touchent plus souvent les hommes que les femmes [10]. Les causes exactes de ce phénomène de rebond n’ont guère été élucidées jusqu’à présent. On pense que des facteurs génétiques jouent un rôle. On pense que les personnes concernées ont un système nerveux hypersensible, de sorte que les cellules nerveuses du cerveau qui déclenchent la douleur sont stimulées trop rapidement. Les maux de tête liés à la surconsommation de médicaments sont diagnostiqués lorsque tous les critères suivants sont réunis [10]les maux de tête surviennent plus de 15 jours par mois, les personnes concernées prennent régulièrement trop de médicaments ou plusieurs médicaments pour soulager leurs maux de tête depuis plus de 3 mois et les symptômes ne peuvent pas être mieux expliqués par un autre trouble de la tête. Le nombre de jours par mois où l’on peut parler de consommation excessive de médicaments dépend également de la substance active. La littérature spécialisée indique 10 à 15 jours par mois. Les patients doivent en être informés. Pour traiter les symptômes de sevrage qui peuvent survenir après l’arrêt, il est recommandé de prescrire un autre type de médicament contre les maux de tête. Les personnes concernées doivent être invitées à ne plus utiliser les médicaments qu’elles prenaient auparavant en excès ou à utiliser des médicaments contre les maux de tête au maximum 10 jours par mois. Il est également important de donner des conseils sur les habitudes de vie saines [10].
Une nouvelle ligne directrice est prévue pour 2021
L’année dernière, la Société allemande de la migraine et des céphalées a lancé un registre des céphalées afin d’améliorer la prise en charge clinique des personnes souffrant de céphalées [5]. Et dans le courant de l’année, il est prévu de publier la nouvelle édition du guide sur le traitement des céphalées épisodiques et chroniques de type tensionnel, sous la direction de la Deutsche Gesellschaft für Neurologie e.V. (DGN) et de la Deutsche Migräne- und Kopfschmerzgesellschaft e.V. (DMKG) [6].
Littérature :
- Straube A, et al. : Period prevalence of self-reported headache in the general population in Germany from 1995-2005 and 2009 : results from annual nationwide population-based cross-sectional surveys. J Headache Pain 2013 ; 14 : 11.
- Palla A : Maux de tête : diagnostic et traitement. PD Dr. med. Antonella Palla. Forum sur la formation médicale continue 23.6.2020.
- Brüne B, Erni S, Huber F, Beise U : Maux de tête. Guideline, Dernière révision : 11/2018 Dernière modification : 11/2018, www.medix.ch (Dernière consultation 15.03.2021)
- Société suisse des céphalées : Recommandations thérapeutiques pour les céphalées primaires, 10e édition entièrement révisée 2019, https://headache.ch, (dernière consultation 15.03.2021)
- “DMKG-Kopfschmerzregister gestartet”, www.aerzteblatt.de/nachrichten/115198/DMKG-Kopfschmerzregister-gestartet (dernière consultation 15.03.2021)
- AWMF : Projet de lignes directrices notifié, www.awmf.org/leitlinien/detail/anmeldung/1/ll/030-077.html, (dernière consultation 15/03/2021)
- Swiss Concussion Center, https://swissconcussion.com (dernière consultation 15.03.2021)
- International Headache Society (IHS) : “International Classification of Headache Disorders”, 3ème édition, ICHD-3, https://ihs-headache.org/en (dernière consultation 15.03.2021)
- Neurologicum Zürichsee, https://neurologicum.ch/diagnostik/kopfschmerzen-migraene (dernière consultation 17.03.2021)
- Silberstein S : Kopfschmerzen durch übermäßigen Medikamentengebrauch, MSD-Manual, www.msdmanuals.com/, (dernière consultation 17.03.2021)
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2021 ; 16(4) : 26-27
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2021 ; 19(5) : 27 (version abrégée)
InFo DOULEUR & GERIATRIE 2021 ; 3(2) : 28