Outre la dapagliflozine, un inhibiteur du SGLT-2 autorisé par Swissmedic en juillet dernier pour le traitement de l’insuffisance cardiaque (HFrEF) chez les non-diabétiques, un autre représentant de cette classe de médicaments, l’empagliflozine, s’est révélé être une option thérapeutique potentielle pour cette indication. La Société européenne de cardiologie (ESC) a publié une recommandation actualisée.
Dans une prise de position de la Heart Failure Association (HFA) de la Société européenne de cardiologie (ESC), des experts en cardiologie se sont prononcés en faveur d’un traitement par dapagliflozine ou empagliflozine en cas d’insuffisance cardiaque, sur la base de deux études, DAPA-HF et EMPEROR-Reduced [1–3]. Selon ce document, la dapagliflozine ou l’empagliflozine sont recommandées pour réduire le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque et la mortalité cardiovasculaire chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque symptomatique et de réduction de la fraction d’éjection (HFrEF), qu’ils soient ou non atteints de diabète de type 2.
Les études renforcent la place des inhibiteurs du SGLT-2 dans l’insuffisance cardiaque
Dans l’étude EMPEROR-Reduced, l’empagliflozine (10 mg/jour) a permis d’obtenir une réduction significative du risque de décès d’origine cardiovasculaire et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les patients HFrEF par rapport au placebo [4]. Avec l’empagliflozine, un deuxième inhibiteur du SGLT-2 a donc démontré qu’il permettait de réduire considérablement les événements cliniques liés à l’insuffisance cardiaque chronique, en complément du traitement standard*, qu’il y ait ou non un diabète de type 2. Les données ont été présentées lors du congrès virtuel ESC 2020. Au cours de la période de suivi de l’étude (médiane de 16 mois), le risque de décès d’origine cardiovasculaire et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les patients atteints d’HFrEF a été réduit de 25% dans le groupe empagliflozine par rapport au placebo, atteignant ainsi le niveau de significativité (hazard ratio [HR] 0,75 ; IC 95% 0,65-0,86 ; p<0,0001) [4]. Ces événements sont survenus chez 19,4% des participants à l’étude dans le groupe empagliflozine et chez 24,7% de ceux du groupe placebo. La réduction relative du risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque était de 31%. En ce qui concerne la mortalité cardiovasculaire, une diminution relative de 8% a été observée dans le groupe empagliflozine (10,0% vs. 10,8%, HR : 0,92 ; IC à 95% : 0,75-1,12). Il existe donc, avec la dapagliflozine, une preuve d’efficacité pour l’empagliflozine, deuxième inhibiteur du SGLT-2, dans l’indication de l’insuffisance cardiaque de phénotype HFrEF.
* par ex. inhibiteurs de l’ECA, bêtabloquants, antagonistes de l’aldostérone, antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA) ou inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine/néprilysine (IRA)
La dapagliflozine, une option thérapeutique concrète chez les patients HFrEF
Dans l’étude DAPA-HF, la dapagliflozine (Forxiga®) [5], un inhibiteur du SGLT-2 autorisé en Suisse depuis l’année dernière pour le traitement des patients souffrant d’insuffisance cardiaque, a réduit de 26% le risque du critère d’évaluation composite de mortalité cardiovasculaire ou d’aggravation de l’insuffisance cardiaque chez les patients HFrEF par rapport au placebo [1]. Sur une durée d’étude médiane relativement courte de 18,2 mois, un NNT (Number needed to treat) de seulement 21 a pu être atteint pour le critère d’évaluation primaire. Le profil de sécurité de Forxiga® dans l’étude DAPA-HF était conforme au profil de sécurité déjà connu du médicament. Avec une posologie de 10 mg une fois par jour, sans titration, Forxiga® s’intègre parfaitement dans tout régime de traitement de l’insuffisance cardiaque pour optimiser le traitement [5].
Résumé
Les données actuelles ont conduit les auteurs de la mise à jour de la prise de position de la HFA/ESC à recommander plus fortement les deux inhibiteurs du SGLT-2, l’empagliflozine (Jardiance®) et la dapagliflozine (Forxiga®), en cas d’insuffisance cardiaque manifeste avec ou sans diabète de type 2. Une recommandation précédente avait déjà confirmé que la dapagliflozine, l’empagliflozine, la canagliflozine et l’ertugliflozine avaient montré une efficacité cohérente dans la prévention des hospitalisations pour insuffisance cardiaque chez les patients atteints de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires manifestes ou à haut risque cardiovasculaire [3].
L’insuffisance cardiaque est une maladie qui met la vie en danger, avec une fraction d’éjection réduite dans environ la moitié des cas. Pour ce groupe de patients, les inhibiteurs du SGLT-2 sont porteurs d’importants espoirs d’optimisation des possibilités de traitement.
Littérature :
- McMurray JJV, et al : Dapagliflozin in Patients with Heart Failure and Reduced Ejection Fraction. N Engl J Med 2019 ; 381(21) : 1995-2008.
- Packer M, et al : Cardiovascular and Renal Outcomes with Empagliflozin in Heart Failure. N Engl J Med 2020 ; 383 : 1413-1424.
- Overbeck P : Prise de position de l’ESC : Inhibiteurs du SGLT2 recommandés en cas d’insuffisance cardiaque, 27.10.2020, www.kardiologie.org, (dernière consultation, 28.02.2021)
- Overbeck P : Auch Empagliflozin sich empfiehlt als Herzinsuffizienz-Therapie, 29.08.2020, www.kardiologie.org/esc-kongress-2020, (dernière consultation 28.02.2021).
- Information professionnelle Forxiga®, www.swissmedicinfo.ch, mise à jour juillet 2020.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2021, 16(3) : 29