L’eczéma est la maladie de peau la plus fréquente chez les médecins généralistes et fait partie des symptômes typiques de la dermatite atopique. Un dysfonctionnement de la barrière cutanée est commun à tous les eczémas et est favorablement influencé par un traitement de base cohérent.
Cette affection cutanée chronique et récurrente se caractérise par une peau sensible très sèche et des démangeaisons plus ou moins intenses. L’évolution de la dermatite atopique (également appelée dermatite atopique) est marquée par des poussées de la maladie de durée et de gravité variables. Le tableau clinique varie d’une personne à l’autre, en fonction du stade (aigu ou intermittent), de âge et d’autres facteurs [1]. Les sites de prédilection de l’eczéma atopique chez l’adulte sont les grands fléchisseurs, bien que les lésions cutanées puissent également être présentes sur d’autres parties du corps (par ex. les mains, le visage). Chez les nourrissons, l’eczéma touche principalement le visage, le cuir chevelu (“croûtes de lait”) et les faces d’extension des membres, tandis que chez les enfants, il se manifeste plutôt sur les faces de flexion des bras et des jambes, ainsi que sur les poignets et les chevilles. Environ un tiers des personnes atteintes de dermatite atopique dans l’enfance souffrent également d’eczéma atopique à l’âge adulte. Les causes sont multifactorielles. Outre la prédisposition génétique, de nombreux facteurs déclencheurs jouent un rôle dans la première manifestation de la maladie et dans l’apparition des poussées.
Un pilier thérapeutique important à toutes les étapes
Le traitement de la dermatite atopique reste un défi. Le traitement doit être adapté individuellement aux différentes phases, à la gravité et à la chronicité. En s’appuyant sur les instances internationales, le guide actuel de l’AWMF recommande un traitement par étapes (Fig. 1) [2]. Ce schéma de traitement sommaire doit être adapté en fonction de l’âge, de l’évolution, de la localisation et de la souffrance des patients. Le traitement de fond est un pilier du traitement de la dermatite atopique et est indiqué à tous les stades, quelle que soit la gravité de la maladie [3]. Ainsi, des soins de base cohérents contribuent de manière décisive à la restauration de la fonction barrière perturbée, à la réduction de la xérose et des démangeaisons. Dans la gestion à long terme de la maladie, un traitement de base cohérent peut conduire à un intervalle prolongé sans récidive [3]. Le choix de la crème doit être adapté au stade de la maladie ou à l’état actuel de la peau et doit être appliqué idéalement deux fois par jour sur l’ensemble du tégument [3]. Les modifications au niveau des lipides de la barrière et du complexe de différenciation épidermique sont en grande partie déterminées génétiquement, de sorte qu’un traitement à vie s’impose.
Bénéfices liés à l’évolution
Pour un traitement de base optimal, différentes substances actives peuvent être appliquées en combinaison. L’urée (Urea) est la substance active la plus longtemps utilisée et fait partie du Natural Moisturizing Factor (NMF) de l’épiderme [4]. Il a été démontré que l’application topique d’un externum contenant 5 à 10 % d’urée entraîne une hydratation du stratum corneum et une diminution de la SCORAD [5,6]. Dans le cadre d’études in vitro, il a également été démontré que l’urée réduit la prolifération épidermique et induit une synthèse accrue de lipides de barrière et de peptides antimicrobiens. La régulation de l’expression des gènes impliqués dans la différenciation des kératinocytes (TG-1, involucrine, loricrine, filaggrine) et dans la synthèse de peptides antimicrobiens (LL-37, β-défensine-2) ainsi que de lipides liés à la barrière joue un rôle important [7]. Dans ce contexte, on suppose que l’urée, en tant que composant du traitement de base, a une influence positive sur la fonction des kératinocytes et la synthèse des lipides de la barrière [7]. Il a été démontré empiriquement que l’utilisation d’un traitement externe contenant de l’urée peut prolonger de manière significative l’intervalle sans récidive de la dermatite atopique [8]. Outre l’urée, la glycérine et les céramides sont des substances dont l’efficacité a été démontrée dans les formulations externes des produits de thérapie de base [9,10]. La glycérine favorise l’hydratation du stratum corneum et les céramides sont des lipides essentiels du stratum corneum, qui sont réduits chez les patients atteints de dermatite atopique [9,10].
Littérature :
- Werfel T, et al : The diagnosis and graded therapy of atopic dermatitis. Dtsch Arztebl Int 2014 ; 111 : 509-520.
- AWMF : Ligne directrice sur la dermatite atopique, numéro d’enregistrement 013 – 027, classificationS2k Version : 31.03.2015 (en cours de révision), valable jusqu’au 30.03.2020 www.awmf.org/uploads/tx_szleitlinien/013-027l_S2k_Neurodermitis_2016-06-verlaengert.pdf
- Chylla R, Schnopp C, Volz T : Traitement de base de la dermatite atopique – nouveautés et preuves. JDDG 2018 ; 16(8) : 976-979. DOI : 10.1111/ddg.13594
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PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2020 ; 15(2) : 16