Les études épidémiologiques et les recherches scientifiques fournissent de plus en plus d’éléments indiquant que la metformine pourrait avoir un effet antitumoral. Mais on ne sait pas encore si la substance active améliore la survie des patients diabétiques atteints de cancer, car les études sont contradictoires.
Deux chercheurs chinois ont rassemblé les données de différentes études épidémiologiques dans une méta-analyse afin de déterminer dans quelle mesure la metformine peut effectivement prolonger la survie chez les patients diabétiques atteints de cancer ou est associée à une survie plus longue [1].
Au total, 28 études ont été examinées. Il s’est avéré que les valeurs de risque concernant la mortalité totale sous metformine étaient significativement inférieures à celles des patients ne recevant pas de metformine, en particulier pour le cancer du sein, le cancer colorectal, le cancer des ovaires et le cancer de l’endomètre. La mortalité spécifique au cancer était également plus faible avec la substance.
Le dernier mot n’est pas encore dit
Par le passé, certaines études ont montré un avantage en termes de survie pour les patients diabétiques atteints de cancer (ce qui est compréhensible compte tenu du mode d’action antitumoral de la metformine qui semble plausible), mais les études sont restées globalement contradictoires.
Cette méta-analyse renforce l’hypothèse selon laquelle un tel effet positif de la metformine pourrait effectivement exister. La mortalité plus faible s’est traduite par les valeurs suivantes :
- Cancer du sein (“pooled relative risk” [RR] 0,70, 95% CI 0,55, 0,88 ; p=0,003)
- Cancer colorectal (RR 0,70, IC 95% 0,59, 0,84 ; p<0,001)
- Cancer de l’ovaire (RR 0,44, IC 95% 0,30, 0,64 ; p<0,001)
- cancer de l’endomètre (RR 0,49, IC 95% 0,32, 0,73 ; p=0,001).
Le risque de mortalité a donc été réduit de 30 % pour les cancers du sein et du côlon, de 51 % pour le cancer de l’endomètre et de 56 % pour le cancer des ovaires. Les résultats doivent être relativisés dans la mesure où les études étaient très hétérogènes et contenaient parfois trop peu d’informations sur le traitement anticancéreux appliqué et le dosage de la metformine.
Perspectives
Les facteurs pronostiques tels que la taille, le type et le stade de la tumeur et la présence de métastases n’ont pas été pris en compte dans les études. Il est donc nécessaire de rattraper le retard dans ce domaine pour les recherches futures. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra mieux comprendre en détail le lien entre la prise de metformine et de meilleures chances de survie en cas de cancer.
Source : Zhang ZJ, Li S : The pronostic value of metformin for cancer patients with concurrent diabetes : a systematic review and meta-analysis. Diabetes, Obesity and Metabolism 2014 ; 16(8) : 707-710.