Les inhibiteurs de la Janus kinase (JAK) inhibent, avec une sélectivité variable, la transduction du signal de nombreuses cytokines pro-inflammatoires. Avec le baricitinib, l’upadacitinib et l’abrocitinib, trois inhibiteurs JAK oraux sont actuellement autorisés en Suisse pour le traitement de la dermatite atopique modérée à sévère.
Ces dernières années, une compréhension de plus en plus approfondie de la pathogenèse de la dermatite atopique a conduit au développement de nouvelles molécules thérapeutiques ciblant les composantes inflammatoires centrales de la maladie [3]. Les Janus kinases (JAK) sont des enzymes qui transmettent des signaux intracellulaires issus d’interactions cytokines ou récepteurs de facteurs de croissance au niveau de la membrane cellulaire afin de contrôler les processus cellulaires de l’hématopoïèse et la fonction des cellules immunitaires. Au sein de la voie de signalisation intracellulaire, les JAK phosphorylent et activent les transducteurs de signal et les activateurs de transcription (STAT), qui à leur tour activent l’expression des gènes au sein de la cellule. La transmission du signal à l’intérieur de la cellule se fait par la voie de signalisation JAK-STAT (Fig. 1), ce qui entraîne finalement l’expression d’autres cytokines pro-inflammatoires [3]. En inhibant l’activité enzymatique d’une ou plusieurs kinases Janus, la phosphorylation et l’activation des STATs sont réduites. Les inhibiteurs de JAK actuellement autorisés modulent notamment l’interleukine (IL)-4 et l’IL-13, deux cytokines clés dans la pathogenèse de la dermatite atopique.
Soulagement rapide des démangeaisons
Les inhibiteurs de la Janus kinase se caractérisent par un début d’action rapide, ainsi que par un soulagement rapide et durable des démangeaisons. Outre la réduction du nombre d’exacerbations, l’un des effets thérapeutiques des inhibiteurs JAK est l’amélioration de la qualité de vie en termes de dépression, d’anxiété et de troubles du sommeil. La forme orale sous forme de comprimés est facile à utiliser pour les patients. En Suisse, le baricitinib (Olumiant®), l’upadacitinib (Rinvoq®) et l’abrocitinib (Cibinqo®) sont actuellement autorisés dans le domaine d’indication de la dermatite atopique [1].
Le baricitinib est un inhibiteur sélectif et réversible de JAK1 et JAK2. Dans les études en monothérapie BREEZE-AD1 et BREEZE-AD2, à la semaine 16, une proportion significativement plus élevée de patients sous baricitinib 4 mg a obtenu un IGA 0 ou 1, un EASI-75* ou une amélioration de ≥4 points sur le NRS prurit.
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par rapport au placebo [1]. Une proportion significativement plus élevée de patients randomisés pour recevoir le baricitinib 4 mg a obtenu une amélioration de ≥4 points dans le NRS dès la première semaine de traitement par rapport au placebo (p<0,001).
* EASI-75 = min. Amélioration de 75% de l’Eczema Area and Severity Index.
# Le Peak Pruritus NRS [2] évalue les démangeaisons, une valeur de 0 ne correspondant à aucune démangeaison et une valeur de 10 à la pire démangeaison imaginable. Une amélioration de ≥4 points est considérée comme une amélioration pertinente.
L‘upadacitinib est un inhibiteur sélectif et réversible de JAK1. Dans les études MEASURE UP en monothérapie, une proportion significativement plus élevée de patients traités par upadacitinib 15 mg a obtenu une réponse vIGA-AD de 0 ou 1 et un EASI-75 à la semaine 16 par rapport au placebo [1]. Au cours de la même période, une proportion significativement plus élevée a manifesté une réduction du prurit de ≥4 points sur le NRS prurit sous upadacitinib par rapport au placebo. Dès la semaine 1, des différences significatives ont été observées dans la réduction du prurit en faveur du bras upadacitinib (p<0,001).
L’abrocitinib est également un inhibiteur spécifique de JAK1. Dans les études de phase III MONO-1 et MONO-2, les deux critères d’évaluation primaires IGA 0 ou 1 et/ou EASI-75 ont été atteints à la semaine 12 chez une proportion significativement plus élevée de patients traités par abrocitinib 100 mg (1×d) [1]. Dans l’étude COMPARE, l’inhibiteur JAK associé au TCS** s’est avéré significativement supérieur au placebo à la semaine 16 pour ces deux critères d’évaluation. Une réduction du prurit de ≥4 points sur le Prurit-NRS s’est manifestée sous abrocitinib par rapport au placebo dès la semaine 2 chez une proportion significativement plus élevée de participants à l’étude.
** TCS= stéroïdes topiques
Littérature :
- Information sur les médicaments, www.swissmedicinfo.ch, (dernière consultation 18.08.2022)
- Yosipovitch G, et al : Peak Pruritus Numerical Rating Scale : psychometric validation and responder definition for assessing itch in moderate-to-severe atopic dermatitis. Br J Dermatol 2019 ; 181(4) : 761-769.
- Tsiogka A, et al : The JAK/STAT Pathway and Its Selective Inhibition in the Treatment of Atopic Dermatitis : A Systematic Review. J Clin Med 2022 ; 11(15) : 4431.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2022 ; 32(4) : 28