Il y a quelques années encore, l’aromathérapie était considérée comme une méthode non scientifique, utilisée uniquement par des personnes exotiques. Aujourd’hui, la recherche s’y intéresse de plus en plus.
Ces dernières années, des résultats d’études parfois spectaculaires ont été publiés dans le domaine de l'”aromathérapie” ou des “huiles essentielles”. De nombreux scientifiques se sont exprimés à ce sujet lors de la 33e réunion annuelle suisse de phytothérapie, qui s’est tenue le 22 novembre 2018 à Baden et qui était consacrée aux huiles essentielles et à leur potentiel thérapeutique [1]. Cet article en présente une sélection.
Toutes les cellules ont des récepteurs olfactifs
Une découverte fondamentale des études publiées depuis 2000 est que chaque cellule du corps humain fabrique des récepteurs olfactifs dont la nature et la fonction dépendent des organes. Le professeur Hanns Hatt, de l’université de la Ruhr à Bochum, a abordé ce sujet dans son exposé. Les récepteurs olfactifs peuvent être activés par les odeurs et déclencher une réaction appropriée, comme la croissance d’un organe correspondant, même lorsque l’odorat est désactivé. Les phéromones peuvent activer certains récepteurs dans le cerveau et déclencher ainsi des réactions émotionnelles, par exemple.
Le corps humain possède 350 types identiques de récepteurs olfactifs ou, en d’autres termes, l’alphabet olfactif comprend 350 “lettres”. Cependant, jusqu’à présent, les “odeurs d’activation” d’environ 10% seulement de ces récepteurs olfactifs ont pu être déterminées. L’odorat humain commence dès la vie intra-utérine et les bébés reconnaissent leur mère à son odeur. Cependant, l’évaluation des odeurs n’est pas déterminée génétiquement, mais est guidée par l’éducation, le milieu culturel et l’expérience personnelle [2]. L’huile de lavande peut avoir un effet somnifère et anxiolytique avec un effet de parfum via l’intestin.
Jusqu’à présent, plus de 20 récepteurs olfactifs ont été trouvés dans les spermatozoïdes, qui influencent la direction et la vitesse de nage [3]. Les récepteurs olfactifs ont également une fonction importante dans les cellules malades de l’organisme. Il pourrait en résulter à l’avenir de nouvelles possibilités diagnostiques et thérapeutiques [4].
Possibilités thérapeutiques
L’huile de coriandre dans la dermatite atopique : Le professeur Dr. med. Dipl. Biol. Christoph M. Schempp, Université de Fribourg i.Br. Il a présenté ses propres études ainsi qu’une étude clinique [5]. Les préparations contenant de l’huile de coriandre peuvent être utilisées pour lutter contre les agents pathogènes du nasopharynx et pour traiter divers problèmes dermatologiques.
L’étude présentée a porté sur 65 patients atteints de dermatite atopique qui ont été traités pendant 15 jours (±5 jours) par une combinaison de photothérapie et de LipoLotion à la coriandre 1%. Les paramètres cibles étaient les suivants A) L’évaluation médicale de l’efficacité de la lipolotion, B) L’évaluation par le médecin de la part de la lipolotion dans le succès du traitement, C) L’évaluation par les patients de leur satisfaction globale vis-à-vis de la lipolotion. La lipolotion à 1% d’huile de coriandre a été jugée satisfaisante/moyenne à très bonne/très bonne à plus de 90% dans les trois évaluations (tableau 1).
Propriétés antimicrobiennes des huiles essentielles : les propriétés antimicrobiennes des substances naturelles ont constitué le thème de l’exposé du professeur Matthias F. Melzig, FU Berlin. Les faits suivants ont été présentés à cet égard :
- Les antimicrobiens naturels agissent de manière non spécifique et ont un effet à large spectre.
- Les bactéries ne peuvent pas développer de résistance aux substances naturelles ayant une structure terpénoïde, qui sont basées sur la formation de plasmides.
- Il existe des huiles essentielles qui empêchent la formation de résistances avec des biofilms.
- Les combinaisons d’antibiotiques et d’huiles essentielles sont utiles pour réduire l’utilisation quantitative d’antibiotiques et la formation de résistances.
Parmi les huiles essentielles mentionnées dans ce contexte, on trouve par exemple des essences d’origan, de thym, de coriandre, de certaines espèces de sauge, de romarin et de lavande.
Dans une étude, le conférencier a pu montrer comment un mélange d’huiles essentielles permettait d’obtenir une désinfection efficace des locaux, avec une réduction du nombre de germes pouvant atteindre 100% [6].
Résumé
Des recherches récentes donnent un nouvel éclairage aux huiles essentielles et aux thérapies utilisant les essences naturelles correspondantes. Entre-temps, plusieurs études pharmacologiques et cliniques ont documenté l’efficacité des huiles essentielles dans le traitement de diverses maladies.
Littérature
- 33e Congrès annuel suisse de phytothérapie 2018, 22.11.2018, Centre de congrès Trafo, Baden, Actes du congrès ZHAW, SMGP, Hôpital universitaire de Zurich, FiBL, www.smgp.ch, dernière consultation 22.02.2019.
- Hatt H, Dee R : Le petit livre de l’odorat et du goût, Munich : Knaus, 2012.
- Flegel C, et al : Caractérisation des récepteurs olfactifs exprimés dans les spermatozoïdes humains. Front Mol Biosci 2016 ; 2 : 73.
- Weber L, et al : Activation of odorant receptor in colorectal cancer cells leads to inhibition of cell proliferation and apoptosis, in PLOS One 2017. DOI : 10.1371/journal.pone.0172491
- Cavcic A, et al : Lipolotion contenant de l’huile de coriandre dans la dermatite atopique, la peau 2009 ; 3 : 110-111.
- Doran A, et al. : Vapour-phase activities of essential oils against antibiotic sensitive and resistant bacteria including MRSA. Letters in Applied Micorbiology 2009 ; 48 (4) : 387-392.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2019 ; 14(3) : 6