Les experts recommandent un dépistage du cancer colorectal chez les patients âgés de 50 ans et plus. Il est scientifiquement prouvé que les mesures de prévention structurées sont associées à une réduction des taux de mortalité. Cela s’explique par le fait que les tumeurs colorectales sont faciles à traiter à un stade précoce.
Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents, touchant le plus souvent les personnes de plus de 50 ans. Souvent, les symptômes se développent de manière insidieuse. Les cancers du côlon, du rectum et de l’intestin sont regroupés sous le terme de “cancer colorectal”. Si le traitement est administré à un stade précoce, les chances de guérison sont bonnes par rapport à d’autres types de cancer. On estime qu’il faut environ dix ans pour qu’un polype bénin dans l’intestin se transforme en tumeur maligne. Les cancers colorectaux se manifestent de manière oligosymptomatique. Parmi les signes les plus courants d’une tumeur intestinale, on trouve les changements dans les habitudes de défécation et la présence de sang dans les selles. Le traitement fait appel à la chirurgie, à la chimiothérapie et à la radiothérapie.
Facteurs de risque non modifiables et modifiables
“En Suisse, on compte environ 4500 nouveaux cas de cancer colorectal par an”, explique le PD Dr Emanuel Burri, responsable du service de gastroentérologie de l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne [1]. L’incidence du cancer colorectal augmente dans les pays occidentaux industrialisés en raison de facteurs liés au mode de vie et à l’évolution démographique. En se référant aux données de l’OMS, on prévoit une augmentation de 50 à 60% de l’incidence des cancers colorectaux d’ici 2040 si aucune mesure n’est prise, le risque étant particulièrement élevé pour les personnes de plus de 70 ans [1]. “Le plus grand et le plus important facteur de risque est l’âge”, explique le conférencier. Parmi les facteurs de risque modifiables, l’obésité et la consommation de tabac sont les principaux déclencheurs du cancer colorectal. La plupart des tumeurs intestinales apparaissent spontanément, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’antécédents familiaux. Cela signifie qu’il faut faire un bilan même s’il n’y a pas de tumeur connue dans la famille, souligne le conférencier. En Suisse, la recommandation est de réaliser une coloscopie tous les 10 ans, et un intervalle de deux ans est proposé pour la détection de sang dans les selles. Toutefois, seules 13% des personnes de plus de 50 ans ont recours au dépistage du cancer colorectal dans notre pays, bien qu’une nouvelle réglementation sur la prise en charge des coûts par l’assurance obligatoire des soins soit en vigueur depuis 2013. C’est trop peu, c’est pourquoi plusieurs cantons ont lancé des mesures préventives structurées.
Les programmes de dépistage sont associés à une réduction de la mortalité
Un aperçu des méthodes de test et de leurs critères de qualité est présenté dans le tableau 1. La coloscopie a une sensibilité élevée pour la détection des carcinomes ainsi que des adénomes et présente un “Number needed to screen” plus faible. De plus, il s’agit aujourd’hui d’une procédure à faible risque de complications. L’effet de la mise en œuvre d’un programme de dépistage structuré a été étudié aux États-Unis dans le cadre de la “Kayser Permanente Cohort”, il s’agit d’un échantillon de près d’un million de patients, selon l’orateur [1]. Le message clé est que les taux de mortalité de cette cohorte ont été considérablement réduits depuis l’introduction de ces mesures de précaution strictes [2]. Cela reflète le fait que si les tumeurs sont diagnostiquées à un stade précoce, elles peuvent être bien traitées, explique le Dr Burri. L’effet des mesures préventives était particulièrement élevé dans le groupe de population âgé, c’est-à-dire dans la sous-population qui présente un risque de tumeur plus élevé. En Suisse, la Société suisse de gastroentérologie a défini des critères de qualité pour la réalisation d’une coloscopie de dépistage [3].
Le nettoyage des intestins est l’une des conditions préalables à l’obtention de résultats fiables. “Seul un intestin propre peut être examiné avec une bonne précision et une bonne sécurité pour le dépistage des tumeurs”, explique le conférencier.
Les critères de qualité de la coloscopie de dépistage dans son ensemble sont les suivants [1,3]:
- Nombre d’examens : au moins 200 coloscopies par an
- Préparation de l’intestin : Boston Bowel Preparation Score
- Coloscopie complète au moins 90% (objectif : 95%)
- Temps de retrait d’au moins 6 min
- Taux de détection des adénomes (ADR)
- Le taux de perforation par examinateur est inférieur à 1/1000
- Le taux de saignement après polynectomie est inférieur à 1/100
- Le taux de documentation, y compris complications est de 100%.
Il existe également des directives pour le suivi de la polypectomie. En fonction de la taille, du nombre et du type histologique des adénomes, un examen de contrôle est recommandé tous les 3, 5 ou 10 ans, à condition que l’espérance de vie estimée soit d’au moins dix ans.
Source : FOMF Webup
Littérature :
- Burri E : Dépistage du cancer colorectal : diagnostic basé sur les preuves. PD Dr. med. Emanuel Burri, Directeur de la gastroentérologie, Hôpital cantonal de Bâle-Campagne. WebUp (vidéoconférence), 06.04.2020.
- Levin TR, et al : Effects of Organized Colorectal Cancer Screening on Cancer Incidence and Mortality in a Large Community-Based Population. Gastroenterology 2018 ; 155(5) : 1383-1391.e5.
- Société suisse de gastroentérologie, https://sggssg.ch
- Brenner H, Tao S : Superior diagnostic performance of faecal immunochemical tests for haemoglobin in a head-to-head comparison with guaiac based faecal occult blood test among 2235 participants of screening colonoscopy. European Journal of Cancer 2013 ; 49(14) : 3049-3054.
- R-Biopharm AG : https://clinical.r-biopharm.com/de/produkte/ridascreen-haemoglobin
HAUSARZT PRAXIS 2020 ; 15(5) : 36-37 (publié le 8.5.20, ahead of print)