Les plantes médicinales ayant un effet sur les symptômes liés au stress sont appelées adaptogènes en phytothérapie ou en médecine complémentaire. L’orpin rose et le ginseng sont les représentants classiques de cette classe de plantes médicinales. Mais elles semblent également avoir d’autres effets, comme le montrent des études récentes sur la rhodiola.
Le terme “adaptogène” n’est pas utilisé dans la médecine traditionnelle. En médecine complémentaire, il s’agit d’une plante médicinale qui aide l’organisme à améliorer son état de résistance non spécifique au stress. En cas de stress, l’homéostasie risque d’être déséquilibrée. Les adaptogènes activent le système de stress qui, pendant la période de stress, aide le corps à surmonter cette phase ou à s’y adapter. Les fonctions cognitives, par exemple, sont améliorées et davantage d’oxygène est acheminé vers le SNC et les régions du corps sollicitées. L’attention est accrue et la phase d’épuisement est retardée.
Racine de rose et ginseng
L’orpin rose (Rhodiola rosea) et les deux jardins de ginseng Panax Ginseng (ginseng) et Eleutherococcus senticosus (racine de taïga ou ginseng sibérien) sont considérés comme des plantes médicinales adaptogènes classiques. L’orpin rose a déjà fait l’objet d’un article dans cette publication [1]. Comme la Rhodiola rosea et l’Eleutherococcus senticosus poussent sous des latitudes nordiques en Europe et en Asie, ce sont surtout des scientifiques russes qui se sont intéressés à ces plantes médicinales [2–9]. Le Panax ginseng est originaire de Corée. Le Panax possède une grande variété de composants, dont les ginsénosides (saponides triterpéniques) sont les plus importants.
La recherche sur le ginseng est impressionnante par son ampleur. Dans la base de données MEDLINE, on trouve plus de 3000 résultats sous le mot-clé Panax ginseng. Une société suisse a beaucoup contribué à la recherche sur le ginseng [10].
Effets du Panax ginseng
Malheureusement, il existe de nombreuses contrefaçons et des préparations de mauvaise qualité qui nuisent à la bonne réputation du ginseng ! L’extrait standardisé de Panax ginseng G115, dont les effets physiques et mentaux ont été présentés en 2009 lors du 24e congrès suisse de phytothérapie, est le plus étudié ( tableau 1) [10].
Ce tableau montre que l’extrait de ginseng G115, en tant qu’adaptogène classique, aide les personnes concernées à surmonter les situations de stress. Plusieurs fonctions physiques sont améliorées, ce qui est nécessaire en cas de stress dû à une activité physique soutenue ou à des événements soudains.
Nouvelles découvertes sur la Rhodiola rosea
L’actée à rose ayant déjà été décrite dans cette publication, nous allons maintenant présenter de nouvelles connaissances sur ses effets :
cellules musculaires : Une étude pharmacologique de 2014 [11] indique un effet positif de l’extrait de racine de rose sur les cellules musculaires exposées à un stress oxydatif chimiquement induit. Dans cette étude, un stress oxydatif induit par le peroxyde a été induit sur deux groupes de cellules musculaires du système musculo-squelettique de souris. L’un des groupes a été prétraité avec un extrait de racine de rose. Aucune diminution significative de la mobilité n’a été observée dans ce groupe, mais une concentration plus élevée de la protéine de choc thermique HSP70 a été observée. Il en résulte que les extraits de Rhodiola rosea améliorent la mobilité physique dans les situations de stress. Cela confirme une fois de plus l’efficacité adaptogène de l’herbe de rose.
la dépression : Une étude publiée cette année donne des indications sur l’effet antidépresseur de la Rhodiola rosea [12]. Cela permettrait d’élargir le spectre d’action de cette plante médicinale et ferait de l’herbe de rose une deuxième plante médicinale avec un potentiel antidépresseur, à côté du millepertuis ! Les auteurs de l’étude ont effectué une recherche dans la littérature et ont identifié deux études randomisées, en double aveugle, contrôlées par placebo, portant sur 146 sujets souffrant d’une dépression majeure, ainsi que sept études ouvertes portant sur un total de 714 sujets souffrant d’une dépression légère induite par le stress. Les résultats suggèrent un effet antidépresseur de l’extrait de racine de rose.
Autres espèces de rhodiola
Rhodiola rosea ne semble pas être la seule espèce du genre Rhodiola à avoir une efficacité thérapeutique. C’est ce que montre une récente revue de la littérature [13]. Les auteurs de cette étude ont rapporté des recherches sur différentes espèces telles que Rhodiola imbricata, Rhodiola algida et Rhodiola crenulata, ainsi que sur le salidroside, le principal ingrédient du genre. Ces études, essentiellement pharmacologiques, montrent des propriétés immunomodulatrices des différentes espèces de rhodiola. Ceux-ci semblent avoir stimulé l’immunité spécifique et non spécifique en favorisant la production de cytokines TH1, sans affecter le profil TH2. Cela indique qu’il semble exister d’autres espèces de rhodiola ayant des effets adaptogènes.
Mais ces extraits semblent également avoir un effet anti-tumoral en protégeant les tissus contre les radicaux libres et contre les mutagènes faibles et modérés. Il existe également des preuves d’une inhibition de l’angiogenèse. Les extraits de rhodiola pourraient ainsi être proposés comme médicaments d’accompagnement des chimiothérapies classiques.
Littérature :
- Bachmann C : Effets étonnants d’une nouvelle plante médicinale adaptogène du Nord. PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2014 ; 9(3) : 5-6.
- Darbinyan V, et al. : Rhodiola rosea in stress inducedfatugue – a double blind cross-over study of a standardized extract SHR-5 with a repeated low-dose regime on the mental performance of healthy physicians during nigth duty, Phytomedicine 2000 ; 7 : 365-371.
- Spasov A, et al : A double-blind, placebo-controlled pilot study of the stimulation and adaptogenic effect of Rhodiola rosea SHR-5 extract on the fatigue of students caused by stress during an examination period with a repeated low-dose regime, Phytomedicine 2000;7 ; 85-89.
- Shevtsov VA, et al. : Antifatigue et amélioration des performances mentales avec Rhodiola rosea, Phytomedicine 2003;10 : 95-105.
- Bystritsky A et al. : Plot study of Rhodiola rosea (Rodax®) for Generalized Anxiety Disorder (GAD), The Journal of Alternative and Complementary Medicine 2008(2);14:175-180.
- Panossian A, et al. : Evidence-based efficacy of adaptogens in fatigue, and molecular mechanisms related to their stress-protective activity, Curr Clin Pharma-col. 2009 Sep;4(3) : 198-219. Epub 2009 Sep 1.
- Shadrin AS, et al. : Estimation des effets prophylactiques et immunostimulants des préparations d’E-leutherococcus et de Schizandra chinensis. In : New Data on Eleu-therococcus : Proceedings of the Second International Symposium in Eleutherococ-cus, Moscow 1984. Part II. Académie des sciences de Vladivostok de l’URSS, Centre scientifique d’Extrême-Orient, 1986:289-293.
- Kozlov VK, et al. : Motivation of metabolic therapy using “energy complexes” and eleutherococcus proparations for improving adaptation disorders in children. In : New Data on Eleutherococcus : Proceedings of the Second International Symposi-um in Eleutherococcus, Moscow 1984. Part II. Vladivostok Academy of Sciences of the USSR, Far East Science Center, 1986 : 277-281.
- Barkan AN, et al. : Effect of nof eleutherococcus on the morbidity of viral respiratory infections among children in organized collectives, Pediatria 1980;4:65-66.
- Vignutelli A : Adaptogènes – la science derrière le concept, exposé présenté à la 24e réunion annuelle suisse de phytothérapie, Baden, 19.11.2009.
- Hernández-Santana A, et al. : A Rhodiola rosea root extract protects skel-etal muscle cells against chemically induced oxidative stress by modulating heat shock protein 70 (HSP70) expression, Phytother Res. 2014(4);28:623-8. doi : 10.1002/ptr.5046.
- Amsterdam JD, et al. : Rhodiola rosea L. as a putative botanical anti-depressant, Phytomedicine. 2016(7) 15;23 ; 770-83. doi:10.1016/j.phymed.2016.02.009. Epub 2016 Feb 24.
- Recio MC, et al. : Propriétés immunomodulatrices et antiprolifératives des espèces de Rhodiola, Planta Med. 2016(11-12) ; 82:952-960. doi : 10.1055/s-0042-107254.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2016 ; 11(12) : 2-3