Lors du 3e atelier Swiss Life sur le peeling chimique, le Dr Oliver Ph. Kreyden a résumé les principaux points qui déterminent le succès des peelings chimiques. En tant qu’initiateur de l’atelier, il a démontré aux participants, lors d’une conférence et de traitements en direct, les différences entre les substances, la technique qu’elles nécessitent et les indications pour lesquelles elles sont utilisées. Dans l’entretien qui suit, le Dr Oliver Kreyden nous informe sur les facteurs à prendre en compte pour chaque peeling et nous explique quel aspect est malheureusement souvent oublié en dermatologie esthétique.
Dr Kreyden, qu’avez-vous voulu transmettre en premier lieu aux participants de l’atelier ?
Dr. med. Kreyden :
Qu’il est très, très important de poser un diagnostic, même en dermatologie esthétique. Malheureusement, il arrive souvent que les médecins ne traitent pas ce qui serait nécessaire chez le patient, mais qu’ils traitent en fonction de ce qu’ils peuvent. Et c’est là qu’intervient l’atelier.
Comment procédez-vous pour clarifier les besoins d’un patient ?
Pour établir un diagnostic, il faut analyser le visage du patient et déterminer où se situe le problème. Il s’agit de comprendre le contexte. Il s’agit alors de mettre en balance les options de traitement de base. Le principe est relativement simple : pour les rides d’expression, on utilise la toxine botulique, pour le manque de volume, on utilise des produits de comblement et pour les modifications structurelles de la peau, on a recours à des peelings chimiques.
Pouvez-vous donner un exemple concret ?
Une patiente se présente au cabinet et souhaite combler son sillon nasogénien. Cependant, dans cette situation, l’augmentation de la ride elle-même n’apporte rien ou presque. Il faut plutôt traiter la cause de la ride. Et celle-ci est, dans ce cas, un manque de volume dans la partie médiane du visage. La peau s’affaisse sous l’effet de la gravité et c’est ainsi que se forme le sillon nasogénien. Mon credo est le suivant : ne traitez jamais la ride elle-même, mais toujours sa cause !
Quand utiliser quel peeling chimique pour obtenir un résultat optimal ?
Pour les altérations pigmentaires superficielles comme les lentigines, il s’agit d’un peel superficiel, pour les rides du sourire, qui sont déjà un problème structurel de la peau, un peel moyennement profond est indiqué et pour les rides profondes, il faut un peel profond. Là encore, il est bien sûr essentiel que les médecins sachent ce qu’ils font. Les peelings moyennement profonds et profonds présentent un risque de cicatrices et nécessitent une grande expérience pour appliquer une solution. La technologie joue ici un rôle très important.
Quelle est la différence entre les peelings en termes d’efficacité ?
Les substances superficielles telles que les acides de fruits, les acides glycoliques, les acides salicyliques provoquent une irritation de la peau. On laisse le pH de la peau aussi bas que possible et on laisse agir la substance aussi longtemps que possible, c’est-à-dire pendant plusieurs minutes. Le résultat est modéré et, en cas de modification de la pigmentation, le traitement atteint déjà ses limites. Le TCA et le phénol, quant à eux, ne fonctionnent pas avec une irritation, ils provoquent une dénaturation des protéines. Les protéines sont détruites et le “gel” se forme sur les tissus. Plus l’exfoliation est profonde, plus le gel est puissant. Il s’agit d’un processus irréversible.
Quels sont les éléments à prendre en compte lors de la sélection d’un patient pour un peeling ?
Dans le cas d’un peel, qui entraîne des modifications structurelles, nous nous trouvons dans une zone comparable à une opération chirurgicale. Et cela, les patients ne le savent généralement pas. Ils ont peu d’idée de ce qui les attend. C’est la raison pour laquelle il faut une explication très minutieuse. Souvent, la première question est : combien de temps dure l’effet ? J’explique ensuite que la peau est traitée de manière à ce qu’elle se régénère de l’intérieur et que l’effet est donc permanent.
En raison de la réaction violente lors d’un peel, tous les patients ne sont pas adaptés à ce traitement. La principale différence entre le laser et le peeling est que ce dernier entraîne une très longue période d’inflammation. Dans le cas du phénol, le visage est ensuite très rouge pendant six à douze semaines. L’inflammation entraîne la formation de fibres de collagène fermes à la place des fibres élastiques, ce qui améliore l’aspect général de la peau.
Comment expliquez-vous aux patients ce qui les attend ?
Lors de l’entretien préliminaire, je montre des photos de patients récemment traités et j’explique les étapes de la guérison. Les informations préalables ne doivent pas être enjolivées en ce qui concerne la réaction. Je voudrais souligner une fois de plus qu’il faut beaucoup d’éducation, il faut préparer soigneusement les patients à ce qui les attend. Ensuite, les patients rentrent chez eux et se demandent s’ils veulent vraiment ce traitement. S’ils choisissent cette option, un autre entretien d’une heure suivra, au cours duquel je leur expliquerai en détail le déroulement du traitement. Ensuite, selon le traitement, le patient prend encore rendez-vous avec l’anesthésiste.
Quand travaillez-vous avec un anesthésiste ?
En cas de peel profond, il est impératif que le médecin traitant fasse appel à un anesthésiste local. Il faut une anesthésie car la douleur est très intense lors d’un traitement au phénol. L’anesthésie nécessite également une information minutieuse et des examens préalables appropriés. Plus la concentration est élevée, plus la solution pénètre en profondeur et plus la douleur est forte, même après le traitement. Avec l’acide trichloracétique (TCA), elles disparaissent au bout d’une demi-heure environ, tandis qu’avec le phénol, elles peuvent durer des heures.
Quelles sont les précautions à prendre dans les premiers temps après le traitement ?
Les patients sont affectés pendant des semaines. Ils ne se sentent pas malades, mais leur apparence est fortement affectée. C’est le cas des peelings profonds, mais aussi des peelings moyennement profonds. Et c’est pourquoi les facteurs dits “soft” jouent un rôle important et doivent être pris en compte en conséquence. Par exemple, si le patient vit seul, s’il est aidé dans l’organisation de sa vie quotidienne et comment. Parfois, ce sont des petits détails qui ont une grande importance et qui doivent également être clarifiés au préalable.
Vous proposez dans votre cabinet un nouveau traitement combiné, le photo peeling. Quels sont les avantages de cette méthode ?
J’utilise le photo peeling pour traiter les pigmentations du visage, des mains et du décolleté. Avec le laser, les résultats ont été inférieurs aux attentes, surtout pour le traitement des hyperpigmentations. J’ai donc commencé à utiliser des gommages. Dans la zone des mains et du décolleté, les peelings sont limités à des peelings superficiels avec un maximum de TCA 25% en raison de la densité réduite des follicules (régénération), avec un effet limité en conséquence.
Le principe du photo peel consiste maintenant à traiter deux lésions superficielles de la même structure cible avec deux systèmes différents. J’effectue d’abord le traitement au laser, ce qui provoque un premier dommage, puis je double le traitement avec une solution de TCA à 15%. J’obtiens ainsi une multiplication des effets avec deux substances superficielles et le risque reste faible, car je peux travailler avec un peeling superficiel.
Dr Kreyden, merci beaucoup pour cet entretien.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2016 ; 26(6) : 26-28