En général, l’activité physique est également saine et utile pour les personnes atteintes de maladies cardiaques. Tel est le message de base de l’exposé de Thomas Weber, docteur en médecine, Olten, et de Matthias Wilhelm, docteur en médecine, Berne. Dans tous les cas, il convient toutefois de vérifier au préalable la capacité de performance et la condition physique individuelles.
Tout d’abord, le Dr Thomas Weber, spécialiste en médecine générale à Olten, a présenté le cas d’une patiente opérée très tôt en raison d’une oreillette criss-cross avec ventricule droit supérieur et ventricule gauche inférieur avec transposition des gros vaisseaux, ainsi qu’un défaut de septum ventriculaire. Après d’importantes complications postopératoires et d’autres interventions (dont l’implantation d’un stimulateur cardiaque), la jeune femme de petite taille a commencé une thérapie par l’exercice en 2005, qui a dû être interrompue au début en raison de l’épuisement et des difficultés respiratoires. Physiquement, la patiente était nettement limitée : mauvaise mobilité du tronc, des membres supérieurs et inférieurs, diminution drastique de la coordination et de la proprioception (impossibilité de se tenir sur une jambe et de se lever du sol sans aide extérieure). Une thérapie par l’exercice, active et passive, d’une durée de 18 mois a permis de rétablir la condition de l’ensemble de l’appareil locomoteur et de remédier aux limitations. La jeune femme a même participé à la course cardiaque d’Olten en 2007.
Le deuxième cas présentait des résultats similaires : Un homme, gros fumeur, hypertendu, dyslipidémique et aux antécédents familiaux positifs, boxeur et bodybuilder pendant des années, a été victime d’un infarctus aigu du mur antérieur à près de 40 ans. Grâce à un entraînement d’endurance intensif (jogging 2×/semaine), il est aujourd’hui à nouveau capable de travailler à 100% et travaille dans le service de sécurité d’une entreprise pharmaceutique.
Le sport de haut niveau est possible avec un cœur malade
Parmi les malades cardiaques, il y a même des sportifs de haut niveau, a souligné le Dr Matthias Wilhelm, médecin-chef du service de prévention cardiovasculaire, de rééducation et de médecine du sport à l’Hôpital de l’Île de Berne. Par exemple, le footballeur belge Anthony Van Loo, qui continue à exercer son métier avec une cardiomyopathie hypertrophique et un défibrillateur cardioverteur (DAI) implanté. Bien sûr, une forme aussi excessive de thérapie par l’exercice est discutable, mais en principe, l’affirmation “fit people live longer” est valable.
Même chez les malades, l’entraînement est utile, à condition que le stimulus d’entraînement et les phases de récupération soient correctement définis. “En effet, en se préparant à l’entraînement suivant pendant la phase de récupération, le corps se renforce, ce qui peut avoir un effet positif sur la santé. Faire de l’exercice 3×/semaine pendant 30 minutes est en principe utile pour tous les patients cardiaques”, a déclaré le Dr Wilhelm. “Il doit alors se trouver dans la zone dite modérée (zone II de III), entre le seuil aérobie et le seuil anaérobie. L’entraînement est alors perçu par le patient comme un effort modéré. Pour cela, il doit cependant d’abord développer une sensation de ses seuils individuels. Un test de performance initial contrôlé est donc indispensable”.
Chez certains patients, le seuil anaérobie peut être dépassé à la fois en musculation et en endurance, ce qui permet de passer en zone III à court terme. L'”entraînement par intervalles de haute intensité” alterne des séquences de puissance de quatre minutes et des pauses actives de trois minutes(figure 1).
Il va de soi qu’une telle thérapie par le mouvement ne doit généralement avoir lieu qu’une fois par semaine, dans des conditions strictement contrôlées, et ne doit pas être pratiquée à la maison, comme les exercices de base (zones I à II), a souligné le Dr Wilhelm. “Le risque ne doit en aucun cas être minimisé dans le domaine de la haute intensité. Il faut soumettre les patients individuellement à un bilan coûts/bénéfices réaliste et faire un test de performance complet”.
Source : “Sport en cas de maladies cardiaques – que peut-on faire, que doit-on respecter ?”, séminaire lors de la 15e journée de formation continue du Collège de médecine de premier recours (CMPR), 20-21 juin 2013, Lucerne