Le syndrome de Schnitzler est une maladie auto-inflammatoire rare. Les symptômes principaux incluent une urticaire chronique et récurrente. Il existe un besoin de nouvelles options de traitement, en particulier pour les patients qui ne répondent pas à un traitement anti-IL1. Les effets d’un traitement par tocilizumab, un anticorps anti-IL6, ont été évalués dans le cadre d’une étude de preuve de concept en marque ouverte.
Les résultats de l’équipe de recherche, à laquelle participent des dermatologues de la Charité Universitätsmedizin de Berlin, ont été présentés lors de la réunion virtuelle annuelle de l’Arbeitsgemeinschaft dermatologische Forschung (ADF) de cette année [1]. L’étude de phase II à un seul bras et à centre ouvert [2] comprenait une phase de traitement de 20 semaines (partie A), suivie d’une phase d’extension optionnelle de 32 semaines pour les patients présentant une réponse complète ou partielle au traitement (partie B). Les participants à l’étude ont reçu des injections sous-cutanées hebdomadaires de 162 mg de tocilizumab. Le critère d’évaluation principal était défini comme la variation du score Physician Global Assessment (PGA) entre la ligne de base et la semaine 20. Le PGA est un score composite qui comprend les cinq principaux symptômes cliniques suivants du syndrome de Schnitzler : Urticaire, fatigue, fièvre, myalgie et arthralgie/douleurs osseuses. Chaque sous-score a été évalué sur une échelle de 0 (pas d’activité de la maladie) à 4 (activité maximale de la maladie) et un score total a été calculé (fourchette : 0-20). Les critères d’évaluation secondaires comprenaient l’activité de la maladie rapportée par les patients eux-mêmes (outil de mesure : score d’activité de Schnitzler)*, les modifications des marqueurs de l’inflammation (protéine C-réactive [CRP], amyloïde A sérique [SAA], taux de sédimentation des érythrocytes [ESR], S100A8/9) et la qualité de vie rapportée par les patients eux-mêmes (Dermatology Life Quality Index, DLQI**). La sécurité et la tolérance du traitement par tocilizumab ont également été évaluées.
* Le score d’activité de Schnitzler comprend cinq sous-échelles qui correspondent aux cinq principaux symptômes du syndrome de Schnitzler.
** DLQI : 36- Item forme courte
Indices d’efficacité
8 patients ont été inclus dans l’étude. L’analyse des données montre une diminution des scores moyens de PGA à la semaine 20 (3,3 [SD 3,6]) par rapport à la ligne de base (12,1 [2,5]; p<0,001). En ce qui concerne le score d’activité de Schnitzler*, le traitement par tocilizumab a entraîné des scores globaux plus faibles à la semaine 20 (jours 134 à 140 ; 1,3 [ET*** 1 ,0]) par rapport à la phase de dépistage (jours -7 à -1 ; 3,0 [1,4]). Les concentrations moyennes des marqueurs inflammatoires se sont normalisées à la semaine 20 (CRP 0,6 mg/l [SD*** 1 ,0] ; ESR 12,6 mm/h [13,1]; SAA 4,1 mg/l [3,5]) par rapport à la ligne de base (CRP 31,7 mg/l [54,1]; ESR 37,6 mm/h [29,3]; SAA 176 mg/l [260,2]). Les évaluations exploratoires des concentrations d’IgMκ et d’IgGκ n’ont pas non plus montré de changement significatif. Les valeurs moyennes des concentrations d’IL6 sont passées de 7,1 pg/ml [SD*** 2 ,7] à la ligne de base à 0,9 pg/ml [35 .4] à la semaine 20 (p=0,0162). Les concentrations des antagonistes des récepteurs IL18 et IL1 n’ont pas changé de manière significative.
*** [SD]=écart-type
Trois des quatre patients présentant des scores élevés pour l’urticaire, la fatigue, la myalgie et l’arthralgie/les douleurs osseuses avaient des scores PGA plus élevés à la fin de la partie B de l’étude par rapport à la fin de la partie A. Les deux autres patients présentaient des scores PGA plus élevés à la fin de la partie B de l’étude. En revanche, les concentrations des marqueurs inflammatoires sont restées faibles pendant la partie B de l’étude, comme le montre un examen des données recueillies à la semaine 52 (moyennes [SD***]) : CRP : 0,4 mg/l [0,3]; ESR : 4,5 mm/h [1,9]; SAA 6,4 mg/l [7,8]. Les niveaux de cytokines et la qualité de vie n’ont pas changé pendant la phase d’extension. Au total, 57 effets indésirables légers ou modérés ont été rapportés, la plupart d’entre eux étant des infections.
En résumé, le traitement par tocilizumab a initialement entraîné une réduction des symptômes cliniques et une diminution des marqueurs inflammatoires, mais l’efficacité a diminué au fil du temps chez la plupart des patients. Les auteurs suggèrent d’envisager le tocilizumab chez les patients qui ne répondent pas suffisamment à d’autres thérapies ciblées (par ex. anti-IL1) [1].
Congrès : Groupe de travail sur la recherche dermatologique (ADF) 2021
Littérature :
- Bonnekoh H, et al. : P041, Clinical research, ADF Dermatology Awards V, ADF annual meeting 6.3.2021.
- NCT03046381, https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT03046381, (dernière consultation 30.03.2021)
- Bonnekoh H, Krause K : Le syndrome de Schnitzler… Akt Rheumatol 2017 ; 42 : 53-58.
- Krause K, et al : J Allergy Clin Immunol 2020 ; DOI : 10.1016/j.jaci.2019.12.909.
- Krause K, et al : Allergy Clin Immunol. États-Unis 2012 : 129(3) : 848-850.
DERMATOLOGIE PRAXIS 2021 ; 31(2) : 33 (publié le 12.4.21, ahead of print)