Selon une publication du New England Journal of Medicine, les patients atteints de tumeurs neuroendocrines (TNE) avancées et progressives de l’intestin moyen, positives pour les récepteurs de la somatostatine, pourraient bénéficier d’une radiothérapie dite à médiation peptidique (PRRT). L’une d’entre elles cible la tumeur avec des peptides analogues à la somatostatine radiomarqués. La survie sans progression et le taux de réponse ont été prolongés par rapport à l’octréotide LAR, un analogue de la somatostatine administré à haute dose (par voie intramusculaire à raison de 60 mg toutes les quatre semaines). Des données définitives sur la survie globale sont actuellement attendues.
Pour la PRRT, l’étude de phase 3 concernée [1] a utilisé le 177Lutetium Dotatate, un peptide analogue à la somatostatine marqué au Lu-177. Les cellules tumorales neuroendocrines présentent généralement une forte densité de récepteurs de la somatostatine. Le peptide analogue à la somatostatine atteint le récepteur concerné sur la cellule tumorale et y reste fixé pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, le 177Lutetium, une particule radioactive, permet d’irradier et de tuer les cellules tumorales environnantes. Il s’agit donc d’une irradiation interne ciblée.
Les 116 participants ont été randomisés pour recevoir quatre perfusions intraveineuses avec le meilleur traitement concomitant possible, y compris l’octréotide LAR par voie intramusculaire à une dose de 30 mg. Les 113 patients restants n’ont subi qu’un traitement par octréotide LAR à la dose indiquée ci-dessus.
Les données de survie donnent de l’espoir
Le critère d’évaluation principal était la survie sans progression. Les critères d’évaluation secondaires comprenaient le taux de réponse et la survie globale, pour laquelle il n’existe actuellement qu’une analyse intermédiaire préliminaire.
- Après 20 mois, les taux de PFS calculés étaient de 65,2% contre 10,8% dans le groupe témoin. Le risque de progression ou de décès a donc été significativement réduit de 79% avec la PRRT (rapport de risque 0,21 ; IC à 95% 0,13-0,33 ; p<0,0001).
- L’analyse intermédiaire de la survie globale allait dans le même sens : 14 vs 26 décès sont survenus dans les deux groupes (p=0,004).
- La réponse a également été significativement améliorée dans le groupe 177Lutetium dotatate, passant de 3% à 18% par rapport au groupe témoin.
Une myélosuppression cliniquement significative a été observée chez moins de 10% des patients du groupe étudié : Par rapport à zéro patient dans le groupe témoin, une neutropénie est survenue chez 1% des patients traités, une thrombocytopénie chez 2% et une lymphopénie chez 9% (tous de grade 3-4). Aucun effet toxique sur les reins n’a été observé en cas d’administration simultanée d’un agent protecteur des reins, du moins pendant cette période d’étude.
La progression de la maladie est un défi
Actuellement, les options thérapeutiques sont limitées pour les personnes atteintes de TNE avancées de l’intestin moyen qui présentent une progression de la maladie sous un traitement de première ligne par un analogue de la somatostatine. Les résultats de l’étude sont donc prometteurs et laissent espérer une nouvelle alternative de traitement. Les taux de réponse objective, en particulier, sont impressionnants et n’étaient pas attendus dans ce collectif. On attend avec impatience les données finales de l’analyse finale prévue.
Littérature :
- Strosberg J, et al : Phase 3 Trial of 177Lu-Dotatate for Midgut Neuroendocrine Tumors. N Engl J Med 2017 ; 376 : 125-135.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2017 ; 5(1) : 3