Il se murmure déjà que les primes d’assurance maladie augmenteront à nouveau l’année prochaine. Les différentes caisses vont à nouveau intensifier leurs efforts de recrutement de nouveaux membres à l’automne. L’attitude des fonctionnaires des caisses est parfois très arrogante. Autant d’arguments qui incitent de nombreux concitoyens, mais aussi de nombreux collègues, à faire la leçon aux caisses. Des raisons rationnelles sont certes évoquées, mais en réalité, ce sont les arguments émotionnels du ventre et de la colère qui décideront du vote sur l’initiative pour l’introduction d’une caisse unique. Les questions rationnelles sont refoulées et recouvertes émotionnellement.
Par exemple, comment administrer les presque huit millions d’habitants de la Suisse ? Une nouvelle caisse-maladie peu coûteuse est-elle créée à Berne ou doit-on rattacher cette nouvelle caisse à l’AI ou à la SUVA ? Où trouver les collaborateurs ? Peut-être faut-il fusionner les grandes caisses ? La Confédération doit-elle racheter les caisses d’assurance maladie ? L’expérience des grandes fusions montre en effet que les différentes cultures commerciales ne peuvent pas être réunies sans problème. Et pourquoi exactement les coûts de ce projet colossal ne devraient-ils pas augmenter, mais diminuer ? Pourquoi les Suisses de l’Est devraient-ils subventionner les coûts de santé faramineux de l’autre côté de la barrière de rösti ?
Il y a quelques semaines, nous avons assisté au vote sur l’initiative sur l’immigration. Ce vote est également un exemple de la façon dont les émotions fortes conduisent à la décision. Les pendulaires en ont assez du chaos du trafic dans les villes et votent donc oui, les autres se sentent comme des citadins ouverts sur le monde, ont voté non et ont aujourd’hui honte de la Suisse. Ceux qui s’insurgent contre la grande bureaucratie de l’État veulent que les contingents soient gérés, mais de préférence sans personnel administratif. L’initiative vise à faire baisser les loyers des logements et à mettre un terme au bétonnage du paysage. On pourrait encore énumérer de nombreux arguments pour et contre. Mais le fait qu’un oui ou un non lapidaire révèle la complexité du problème, nous en faisons l’expérience aujourd’hui. Les recettes simples pour résoudre tous les problèmes sont inutiles et créent une multiplication de nouveaux problèmes. Seuls ceux qui ont une vision tubulaire insouciante peuvent sérieusement penser qu’une solution simple est la panacée !
Chers collègues, même si vous êtes irrités par le comportement des fonctionnaires des caisses et par les salaires prétendument exorbitants des patrons des caisses, vous ne devez pas laisser vos émotions prendre le pas sur votre réflexion et vos actions professionnelles et globales ! Le rêve d’une caisse unique bon marché et résolvant tous les problèmes se transformera en cauchemar dès la semaine suivant la glorieuse victoire ! Vous n’êtes pas d’accord ?
Malheureusement, les émotions décideront probablement aussi de ce vote et nous devrons apprendre à nos dépens qu’un rêve peut se transformer en cauchemar !
Cordialement, votre
Dr. med. Josef Widler
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2014 ; 9(3) : 1