La Suisse possède un système de santé exemplaire au niveau international, ce qui favorise une répartition équitable des chances d’être en bonne santé. L’équité en matière de santé est un objectif fondamental de la politique de santé et signifie que, dans la mesure du possible, tous les individus ont les mêmes possibilités de développer, de maintenir et, si nécessaire, de rétablir leur santé. Mais est-ce le cas ?
(red) À tous les stades de leur vie, les individus s’exposent à des risques qui peuvent avoir un impact négatif sur leur santé. Les études scientifiques montrent que les ressources des individus pour faire face aux risques sont inégalement réparties. “La pauvreté rend malade” et “La maladie rend pauvre” décrivent brièvement l’interaction souvent défavorable entre les déterminants sociaux de la santé d’une part et les comportements et l’état de santé d’autre part.
Outre les déterminants sociaux classiques tels que l’éducation, la profession et le revenu, le sexe, le statut marital, le contexte migratoire et la santé mentale ont également un impact sur la gestion des risques pour la santé. Qu’en est-il de l’égalité des chances en matière de santé en Suisse ? Bien que l’espérance de vie soit élevée en Suisse, elle peut varier considérablement. Plus le statut socio-économique (SES) d’une commune ou d’un quartier est bas, plus l’espérance de vie est faible. A Berne et à Lausanne, par exemple, les hommes meurent en moyenne 4,5 ans plus tôt et les femmes 2,5 ans plus tôt dans les quartiers où le SSE est faible que dans les quartiers où le SSE est élevé. On constate également des différences en termes d’activité physique. Plus des deux tiers de la population suisse pratiquent une activité physique intense au moins deux fois par semaine pendant leurs loisirs. Les personnes ayant un revenu ou un niveau d’éducation plus élevé sont plus souvent physiquement actives que celles ayant un revenu ou un niveau d’éducation plus faible.
Un niveau d’éducation plus faible augmente le risque de maladies respiratoires
Le risque de développer un cancer du poumon est six fois plus élevé chez les personnes à faible revenu que chez les personnes à revenu élevé. Cela concorde avec le fait que plus de 75% des personnes qui estiment que leur état de santé est “très bon”, c’est-à-dire qui ont une très bonne qualité de vie déclarée, sont des non-fumeurs. Les hommes sont les plus susceptibles de développer un cancer de la prostate, mais ce sont eux qui meurent le plus souvent d’un cancer du poumon.
Des différences notables se font également sentir en ce qui concerne les maladies respiratoires. Environ 400 000 personnes en Suisse sont touchées par des maladies respiratoires telles que la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Les personnes ayant un niveau d’éducation et un revenu plus faibles en sont plus souvent atteintes que les personnes ayant un niveau d’éducation et un revenu plus élevés. Les fumeurs de longue date sont particulièrement touchés par la BPCO.
Environ 390 000 personnes en Suisse fument 20 cigarettes ou plus par jour. Les gros fumeurs sont plus souvent issus de couches sociales ayant un niveau d’éducation plus faible que la moyenne. Les fumeurs ont un risque plus élevé de souffrir, entre autres, d’un infarctus du myocarde ou d’un cancer du poumon. Le tabac est responsable de 90% des cancers du poumon. Entre 1997 et 2012, la proportion de fumeurs est passée de 34% à 28%. La baisse la plus importante a été enregistrée dans le groupe de population aux revenus les plus élevés. En revanche, le groupe de population aux revenus les plus faibles est celui qui a le moins réduit sa consommation.
Source : www.bag.admin.ch/bag/fr/home/zahlen-und-statistiken/zahlen-fakten-zu-chancengleichheit.html (dernier accès le 21.08.2024).
InFo PNEUMOLOGIE & ALLERGOLOGIE 2024 ; 6(3) : 44 (publié le 6.9.24, ahead of print)