Deux conférences ont été consacrées à l’AVC lors de la 23e European Stroke Conference à Nice. D’une part, il s’agissait d’une prophylaxie efficace. Comment aborder une hémorragie intracérébrale ou la croissance d’un hématome afin d’éviter de graves séquelles et des accidents vasculaires cérébraux ? D’autre part, l’accent a été mis sur les concepts de soins qui pourraient aider les patients après un AVC. Il s’est avéré que l’ergothérapie n’était pas une approche appropriée, du moins dans les maisons de soins.
(ag) Comment prévenir efficacement l’expansion d’un hématome intracérébral ? C’est la question que s’est posée une nouvelle sous-analyse post-hoc de l’étude randomisée et contrôlée INTERACT2 [1]. Les hémorragies intracérébrales peuvent parfois être dues à un traitement antithrombotique. Ces formes sont associées à une croissance plus importante de l’hématome et donc à des taux plus élevés de décès et d’invalidité. Malgré le mauvais pronostic, les stratégies de prévention ou de traitement efficaces sont limitées. La sous-analyse présentée à l’ESC visait donc à vérifier si une baisse précoce et intensive de la pression artérielle pouvait influencer la croissance de l’hématome chez les patients présentant de telles hémorragies intracérébrales. Les patients dont l’hémorragie intracérébrale pouvait être attribuée à un traitement antithrombotique (car les personnes avaient pris de tels médicaments auparavant) ont été comparés au reste de la population (sans ce traitement antérieur). Les données regroupées des patients d’INTERACT2 qui ont également participé aux sous-études de tomographie assistée par ordinateur ont été utilisées.
Selon Lili Song, MD, Shanghai, 963 patients souffrant d’hémorragie intracérébrale aiguë et d’hypertension artérielle ont été randomisés pour recevoir soit un traitement intensif, soit un traitement antihypertenseur conforme aux guidelines. Dans le premier groupe, la valeur cible de la pression artérielle systolique était de 140 mmHg, dans le second de 180 mmHg. Les substances actives préférées du médecin ont été utilisées. Comme indiqué précédemment, des scanners ont été réalisés chez tous les participants au moment de la ligne de base, puis de manière répétée. Le critère d’évaluation était la croissance de l’hématome avec/sans hémorragie intraventriculaire après 24 heures.
Résultats : 207 des 963 patients ont présenté une hémorragie intracérébrale associée à l’antithrombose. Il est apparu que l’augmentation absolue du volume de l’hématome avec/sans hémorragie intraventriculaire était plus importante chez les patients ayant reçu un traitement antithrombotique préalable (5,8/6,9 ml) que chez ceux n’ayant pas reçu ce traitement (2,4/2,0 ml ; p=0,028/0,033). En effet, la réduction intensive de la pression artérielle a réduit la croissance absolue de l’hématome de 4,6/7,4 ml chez les patients ayant reçu un traitement antithrombotique préalable et de 1,1/1,4 ml chez les patients n’ayant pas reçu ce traitement.
“Bien que la différence ne soit pas significative, elle mérite d’être soulignée. Ainsi, alors que l’utilisation préalable d’agents antithrombotiques est associée à un hématome plus important, une réduction intensive précoce de la pression artérielle semble justement entraîner une plus grande atténuation de la croissance dans cette population (par rapport aux patients sans traitement antithrombotique préalable)”, conclut Song.
Quel est le rôle de l’ergothérapie après un accident vasculaire cérébral ?
Une autre étude contrôlée et randomisée, menée par le professeur Catherine M. Sackley de Norwich, a examiné le succès de l’ergothérapie dans 228 maisons de soins. Les participants à l’étude étaient des résidents de maisons de retraite ayant déjà subi un accident vasculaire cérébral. Les maisons de soins infirmiers ont été randomisées en un groupe d’ergothérapie (n=114) et un groupe de contrôle (n=114). Dans le premier bras, une ergothérapie a été effectuée pendant trois mois, tandis que dans l’autre, les soins se sont déroulés selon les normes. L’indice de Barthel (degré de dépendance) a été utilisé pour calculer le critère d’évaluation primaire. Les domaines suivants ont été considérés comme faisant partie de l’intervention :
- Ergothérapie ciblée individualisée
- Formation des travailleurs à domicile à l’ergothérapie pour améliorer l’indépendance et la mobilité des résidents
- Utilisation de dispositifs d’assistance.
Les évaluateurs indépendants n’ont pas été informés du statut de chaque patient (intervention ou contrôle), mais logiquement, le type de traitement n’a pas pu être mis en aveugle, ni pour les soignants ni pour les soignés.
Résultats : 568 résidents de la maison de retraite ont bénéficié de l’ergothérapie, les 474 autres non. 71% des participants ont été évalués comme sévèrement ou très sévèrement limités sur l’indice de Barthel au moment de la ligne de base. Pour le calcul du critère d’évaluation primaire à trois mois, la différence moyenne entre les bras était de 0,19 sur l’indice de Barthel (IC à 95% -0,33-0,70, p=0,48).
“Il n’y a donc pas eu d’effet significatif de l’ergothérapie dans cette grande étude randomisée. Il faut toutefois tenir compte du fait que les patients ne séjournent pas dans un établissement de soins par hasard, mais pour des raisons tout à fait justifiées. Ils ont tous besoin de soins et d’aide. C’est notamment pour cette raison que l’ergothérapie n’apporte qu’un bénéfice minime à cette population. Chez les anciens patients victimes d’un AVC qui vivent encore chez eux, l’approche donne de bien meilleurs résultats. Probablement parce que les limitations sont moins importantes dès le début que chez les résidents des maisons de soins. Après cette étude, nous pouvons toutefois partir du principe qu’une mise en œuvre à grande échelle de l’ergothérapie dans les maisons de soins avec d’anciens patients victimes d’un AVC n’est pas judicieuse. Jusqu’à présent, de tels concepts n’ont d’ailleurs été que rarement appliqués à cette population”, conclut l’oratrice.
Source : 23e Conférence européenne sur les AVC, 6-9 mai 2014, Nice
Littérature :
- Craig S, et al : Rapid Blood-Pressure Lowering in Patients with Acute Intracerebral Hemorrhage. N Engl J Med 2013 ; 368 : 2355-2365.