Le premier congrès international de l’Association Alzheimer (AAIC 2016) s’est tenu en juillet. Plus de 5000 experts et chercheurs de 70 pays se sont réunis à Toronto pour partager les nouvelles et les résultats d’études sur la démence d’Alzheimer. Nous rapportons quatre études.
Le travail social protège-t-il de la démence ?
Les hyperintensités de la substance blanche (HWS) sont des marqueurs d’une maladie cérébrovasculaire. Souvent, ces hyperintensités sont associées à la démence d’Alzheimer (MA) et peuvent indiquer un risque accru de déclin cognitif. Un travail rémunéré avec une complexité élevée augmente à son tour la réserve cognitive et peut protéger contre le développement d’une démence. Mais existe-t-il un lien entre les cervicales, la réserve cognitive et le risque de démence ? Des chercheurs du Wisconsin Alzheimer’s Disease Research Center se sont penchés sur cette question. Ils ont examiné 284 personnes en bonne santé par IRM afin de détecter des cervicales (âge médian 60 ans, ± 6,42 ans). De plus, les capacités cognitives des participants ont été examinées et ils ont été interrogés en détail sur le travail rémunéré au cours de leur vie. Le travail rémunéré a été classé en fonction de sa complexité – en distinguant les travaux impliquant principalement des personnes, des données ou des objets. L’analyse a montré que les personnes qui effectuaient un travail complexe avec des personnes pouvaient “supporter” davantage de CCE sans perte cognitive. Chez les personnes qui travaillaient plutôt avec des données ou des choses, cette fonction préventive du travail n’a pas été démontrée. Les auteurs soulignent que les résultats de l’étude montrent l’importance des relations sociales, même au travail, pour construire une résilience face à la MA.
Symptômes neuropsychiatriques dans le MCI : fréquents et pénibles
Les personnes atteintes de Mild Cognitive Impairment (MCI) peuvent également présenter des symptômes neuropsychiatriques (NPS), tels que l’apathie, les sautes d’humeur ou les troubles du contrôle des impulsions. Les NPS chez un MCI sont associés à une progression plus rapide vers la démence. Mais quelle est la fréquence réelle de ces NPS et quel est le fardeau qu’ils représentent pour les proches des personnes atteintes de MCI ? Une étude canadienne a examiné 282 patients consécutifs d’une clinique de la mémoire qui souffraient d’un déclin cognitif subjectif ou d’un MCI diagnostiqué [2]. 81,6% des patients présentaient des troubles neuropsychiatriques. Les troubles de l’humeur/affectifs/anxiété étaient les plus fréquents (77,8%), suivis des troubles du contrôle des impulsions/de l’agitation (64,4%), de l’apathie/des troubles de l’impulsion (51,7%), des troubles du comportement social (27,8%) et des symptômes psychotiques (8,7%). La fréquence n’a montré aucune différence en termes d’âge, de sexe ou de score au test du Mini Mental Status. La conclusion des auteurs : Les NPS sont très fréquents dans les syndromes pré-démentiels et sont associés à un fardeau plus important pour les proches.
Nouvelle liste de contrôle des troubles du comportement
Un groupe d’experts de l’Alzeimer’s Association a récemment souligné que le Mild Behavioral Impairment (MBI, défini comme les NPS qui apparaissent à un âge avancé) peut être un signe précurseur de déclin cognitif et de développement d’un MCI ou d’une démence. Les personnes âgées ayant des NPS mais une cognition normale ont un risque plus élevé de développer une démence – ce qui indique que les NPS sont probablement la manifestation précoce d’une neurodégénérescence. Cependant, les questionnaires habituellement utilisés pour rechercher les NPS sont axés sur les personnes déjà démentes et ne sont pas adaptés à une utilisation auprès de personnes plus jeunes et pas (encore) démentes. Il serait toutefois important de diagnostiquer les NPS à un stade précoce.
Un groupe de recherche canadien s’est penché sur ce problème. Les auteurs de l’étude présentée à l’AAIC 2016 ont développé une liste de contrôle MBI [3]. Celle-ci est basée sur l’inventaire neuropsychiatrique (NPI-C), mais adaptée à une population plus jeune, plus autonome et pré-démentielle, et complétée par des questions appropriées. Les symptômes demandés relèvent de cinq catégories : apathie/impulsion/motivation, humeur/affection, contrôle des impulsions/agitation, comportement social et pensées/perception. Les NPS doivent exister depuis au moins six mois. La liste de contrôle MBI est actuellement en cours d’évaluation. Elle devrait à l’avenir aider les cliniciens à mieux détecter les NPS chez les personnes qui ne présentent pas (encore) de troubles cognitifs.
Alzheimer : erreurs de diagnostic plus fréquentes chez les hommes
Environ deux tiers des patients atteints de la maladie d’Alzheimer sont des femmes – c’est ce que disent les manuels de neurologie. Cependant, la confirmation pathologique du diagnostic de la MA fait souvent défaut, et il n’est donc pas certain que cette répartition par sexe soit vraiment exacte. La présente étude menée en Floride, aux États-Unis, s’est penchée sur cette question [4]. L’étude s’est appuyée sur la Florida Alzheimer’s Disease Brain Bank, un réseau d’institutions régionales axé sur la recherche, dont l’objectif est d’examiner le cerveau des patients diagnostiqués comme atteints de démence après leur décès et d’obtenir des tissus pour la recherche. La base de données a permis d’identifier 1 600 patients ayant reçu un diagnostic confirmé de MA et d’enregistrer leurs caractéristiques démographiques et cliniques, y compris l’âge au moment du diagnostic, l’éducation, les antécédents familiaux, la durée de la maladie et les caractéristiques génétiques.
Dans l’ensemble, les femmes avaient un niveau d’éducation moins élevé que les hommes et étaient plus âgées au moment du décès. Au moment du diagnostic, les hommes étaient plus jeunes que les femmes, la maladie durait moins longtemps chez eux et ils souffraient plus souvent de manifestations atypiques (p. ex. dégénérescence corticobasilaire ou aphasie) (tableau 1). Les caractéristiques génétiques étaient les mêmes pour les deux sexes. Chez les femmes, la fréquence des diagnostics a augmenté jusqu’à l’âge de 70 ans, puis a diminué. Chez les hommes, la courbe s’est inversée : la fréquence des diagnostics a diminué entre 49 et 70 ans, puis a nettement augmenté. Les auteurs concluent que la MA est probablement aussi fréquente chez les hommes que chez les femmes, mais que le moment du diagnostic (âge) diffère. Chez les hommes, la maladie évolue plus souvent de manière atypique, il est donc logique que la MA ne soit pas diagnostiquée chez eux.
Source : Alzheimer’s Association International Conference, 22-28 juillet 2016, Toronto
Littérature :
- Boots E, Okonkwo O, et al. : Occupational Complexity, Cognitive Reserve, and White Matter Hyperintensities : Findings from the Wisconsin Registry for Alzheimer’s Prevention. Présentation AAIC 2016, Toronto, ID O3-05-01.
- Zahinoor I, et al : Prevalence of Mild Behavioral Impairment (MBI) in a Memory Clinic Population and the Impact on Caregiver Burden. Présentation AAIC 2016, Toronto, ID 11588.
- Zahinoor I, et al : The Mild Behavioral Impairment Checklist (MBI-C) : A New Rating Scale for Neuropsychiatric Symptoms As Early Manifestations of Neurodegenerative Disease. Présentation AAIC 2016, Toronto, ID O1-13-03.
- Murray M, et al : Alzheimer’s Disease May Not Be More Common in Women ; Men May Be More Commonly Misdiagnosed. Présentation AAIC 2016, Toronto, ID O3-04-04.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2016 ; 14(5) : 46-47