Cette année, l’European Lung Cancer Congress (ELCC) était centré sur le cancer du poumon. Le professeur Oliver Gautschi, co-médecin-chef de la clinique d’oncologie médicale de l’hôpital cantonal de Lucerne (LUKS), n’était pas seulement présent en tant que participant, mais aussi en tant que conférencier. Il a accepté de répondre à nos questions et de partager avec nous ses conclusions sur le congrès.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Cette année, le Congrès européen du cancer du poumon s’est déroulé entièrement virtuellement fin mars. Comment vivez-vous ce format désormais très répandu ? Pensez-vous que les congrès seront de plus en plus virtuels après la pandémie ?
Prof. Oliver Gautschi, docteur en médecine :
Les événements virtuels de l’ESMO et de l’IASLC sont très bien organisés et fonctionnent parfaitement sur le plan technique. Même pendant la pandémie de COVID qui se poursuit, il est important que nous nous formions en oncologie et que nous échangions des résultats. Il manque toutefois un contact personnel. Celui-ci serait important pour les discussions critiques, la conception de nouvelles études et pour la promotion de la relève.
Quels ont été pour vous les messages clés de l’ELCC de cette année ? Quels sont les points que vous avez particulièrement retenus ?
Malgré des progrès considérables dans le traitement, les tumeurs thoraciques restent imprévisibles et dangereuses. Il y a un grand besoin de mettre en œuvre des diagnostics et des traitements modernes. Il existe également une grande inégalité entre les pays européens en ce qui concerne ces possibilités.
Y a-t-il eu quelque chose qui vous a vraiment surpris ?
Les présentations de Mme Blackhall et de M. Vansteenkiste dans le cadre de la remise du prix Heine Hansen. Je connais assez bien les deux. Apprendre plus de détails sur son parcours et ses réalisations scientifiques était très intéressant pour moi.
Avec le nombre croissant d’options ciblées, le traitement du NSCLC devient de plus en plus spécifique. Les procédures de diagnostic actuelles sont-elles à la hauteur de ce défi ? Quels développements espérez-vous à cet égard ?
Les thérapies ciblées se développent rapidement. Nous avons longuement parlé des nouveaux inhibiteurs RET lors de l’ELCC. Même les oncologues engagés ont de plus en plus de mal à rester “dans le coup” dans ce domaine. Je pense que les systèmes de soins médicaux devront s’adapter à l’avenir pour que les patients concernés puissent être davantage pris en charge dans des centres.
Existe-t-il de nouvelles substances dont l’utilisation dans le cancer du poumon pourrait, selon vous, avoir une importance clinique significative dans les années à venir ?
Outre les nouvelles thérapies moléculaires, je m’attends également à de nouvelles immunothérapies. D’une part, il existe de nouvelles données sur les inhibiteurs de point de contrôle PD-L1 par voie orale. D’autre part, il existe de nouveaux points de contrôle, comme le TIGIT, qui peuvent être abordés de manière pharmacologique. Dans ce domaine, nous sommes à la veille de nouveaux développements importants.
Votre présentation portait plus particulièrement sur les patients atteints de NSCLC avec des métastases cérébrales. Quels sont les défis spécifiques à ce groupe de patients ?
Malheureusement, de nombreux patients atteints de cancer du poumon développent des métastases cérébrales. La question est de savoir si les métastases cérébrales doivent toujours être traitées par radiothérapie ou chirurgie, ou si l’on peut d’abord attendre l’effet de la thérapie systémique. Nous en avons discuté avec des experts européens et américains dans le cadre d’un “tumorboard” virtuel.
Quels sont vos espoirs d’améliorer le pronostic des patients atteints de métastases cérébrales ?
Les médicaments à ciblage moléculaire sont d’ores et déjà “conçus” pour avoir un effet sur le cerveau. C’est moins possible avec les immunothérapies. Dans ce cas, l’inhibition de différents points de contrôle pourrait améliorer la réponse des métastases cérébrales. Des études cliniques dans ce sens sont en cours.
Quelle est votre position sur la prévention et le dépistage du cancer du poumon ? Par exemple, les fumeurs ayant au moins 30 paquets-années doivent-ils être surveillés par scanner à faible dose ?
La prévention reste importante, car le tabagisme reste un problème majeur. En ce qui concerne le dépistage précoce par scanner à faible dose, l’Europe n’est pas encore aussi avancée que les États-Unis dans sa mise en œuvre. En Suisse, les avantages potentiels sont actuellement examinés par une commission indépendante. Il n’existe pas d’étude à l’échelle nationale, de sorte qu’aucun dépistage à grande échelle n’est effectué en dehors du programme de la SUVA.
Cet entretien a eu lieu en avril 2021 a eu lieu sous forme écrite. Elle a été conçue par Amelie Stüger.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2021 ; 9(3) : 22 (publié le 16.6.21, ahead of print)