Le “lumbago” est généralement bénin et se résout de lui-même en quelques heures/jours. Les douleurs aiguës doivent être terminées le plus rapidement possible afin d’éviter qu’elles ne deviennent chroniques. Un diagnostic plus poussé n’est nécessaire qu’en cas d’évolution prolongée ou de récidives fréquentes.
Comme “à l’improviste” ou “comme un coup de baguette magique”, ou même après un mouvement banal et quotidien, typiquement lors d’une flexion ou d’une hyperextension du tronc ou d’une mauvaise rotation, une douleur très intense, lancinante, lancinante et paralysante apparaît dans le dos, entraînant une posture forcée et rigide immédiate en raison de l’inhibition des mouvements. La personne concernée reste typiquement dans cette position et évite le moindre mouvement.
Cette douleur qui survient en l’absence totale de symptômes – le lumbago – est appelée en langage technique “lumbago” ou “lombalgie aiguë”. Comme le suggère la terminologie, il se produit le plus souvent dans la région lombaire. Une symptomatologie similaire (avec la même pathogenèse) peut également provoquer des troubles dans la région du cou ou au niveau de la colonne vertébrale thoracique. Dans la lombalgie pure, il n’y a pas d’irradiation dans les extrémités (celles-ci correspondraient terminologiquement à une lombosciatique).
La lombalgie aiguë peut être causée par différents troubles au niveau de la colonne vertébrale, par exemple un blocage des petites articulations vertébrales ou un étirement des capsules ou des ligaments articulaires, mais aussi une hernie discale aiguë. Le dysstress psychologique augmente considérablement le risque. La genèse de la douleur (au sens propre, il s’agit d’une nociception provenant des structures mentionnées avec activation des potentiels d’action des fibres nerveuses conduisant la douleur vers le centre et la libération locale de substances pro-nociceptives) est dans ce cas entretenue par une contraction spastique réactive des muscles autochtones et secondaires du dos. Dans cette zone, il y a en plus une activation des fibres nerveuses pré-terminales de la douleur, mais aussi un maintien du blocage, par exemple au niveau des petites articulations vertébrales.
Un lumbago est “normalement” inoffensif, à l’exception d’une forte souffrance pour la personne concernée, et se résout “spontanément” en quelques heures. Pour rester dans la métaphore, “la hantise des sorcières est vite passée”. Les troubles résiduels qui subsistent disparaissent complètement en quelques jours.
Conseils en cas d’urgence
Lorsqu’une personne (ou les personnes de son entourage immédiat) vit une lombalgie aiguë pour la première fois, elle est souvent également “paralysée” dans sa façon d’agir en raison du caractère dramatique de la situation. Les personnes expérimentées, directement ou indirectement concernées, peuvent réagir rapidement et efficacement :
- Une hyperextension de la colonne lombaire à partir de la position ventrale (Fig. 1) selon le concept McKenzie [1] peut apporter un soulagement très rapide. Dans l’idéal, un prolapsus discal est (partiellement) réduit et un éventuel contact avec une racine nerveuse est corrigé.
- La chaleur locale aide à détendre les muscles contractés.
- De petits mouvements harmonieux et doux, mais aussi des techniques d’auto-mobilisation (ill. 2), conviennent pour soulager, par exemple, un blocage des petites articulations vertébrales. Si vous y parvenez, les muscles contractés se détendent très rapidement.
- Un positionnement progressif (ill. 3) soulage en particulier les structures nerveuses irritées, le cas échéant.
- Dans le cas de la lombalgie aiguë, le principe de base est de traiter la douleur aiguë le plus rapidement possible de manière agressive et efficace afin d’éviter qu’elle ne devienne chronique, comme c’est le cas pour les autres douleurs aiguës. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens locaux ou oraux (à effet antiphlogistique), mais aussi le paracétamol (à effet analgésique), doivent être utilisés généreusement. Les mesures non médicamenteuses, par exemple l’acupuncture si elle est accessible, sont extrêmement efficaces dans ces situations [2].
Physiopathologie
L’activation des fibres nerveuses préterminales conduisant la douleur à partir des structures impliquées mentionnées ci-dessus permet d’envoyer des potentiels d’action afférents dans le système nerveux central, ce qui entraîne la participation du système nerveux végétatif (ganglions rachidiens) au niveau de la moelle épinière et la commutation synaptique dans la corne postérieure de la moelle épinière. Efferent, dans le sens d’une inflammation neurogène, des mécanismes locaux sont initiés, qui renforcent et entretiennent les phénomènes douloureux. Cela se produit dans une fourchette de quelques secondes à quelques minutes [3]. Même dans ce laps de temps relativement court (de quelques minutes à quelques heures), des processus de sensibilisation, notamment des récepteurs nociceptifs impliqués, sont déjà en cours à la fois dans la périphérie et dans le neurone impliqué de la moelle épinière. Les conséquences thérapeutiques en découlent, à savoir une terminaison rapide de la douleur avant que les processus de chronicisation ne se manifestent en termes de nouvelles connexions neurogènes structurelles et de processus moléculaires (par exemple, synthèse accrue de récepteurs intégrés dans la modulation et la transmission de la douleur) [4]. Concrètement, cela signifie
- Arrêt de la nociception (positionnement, relâchement musculaire, réduction/déblocage)
- mesures locales analgésiques/anti-inflammatoires [5].
- Mesures analgésiques/anti-inflammatoires systémiques [5]
S’il devient possible de mettre fin à ces processus en agissant rapidement, la chronicité peut être évitée.
Approche postale
En cas de convalescence prolongée ou de guérison incomplète de la lombalgie aiguë, il convient de consulter un spécialiste. Il s’agit en premier lieu du médecin généraliste. En plus de l’examen clinique, il interrogera le patient sur les signes d’alerte (“red flags” [6]) et, en cas de résultat positif, forcera la poursuite du diagnostic. En cas de doute ou de retard de guérison, il est conseillé de faire appel à un rhumatologue. En l’absence de “red flags”, on peut se passer (mais pas plus de quatre semaines maximum !) d’imagerie. Sur le plan thérapeutique, il est avant tout important d’induire une analgésie suffisante par des moyens non médicamenteux et médicamenteux. Dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire de continuer à immobiliser le patient (même si ce n’est que pour une courte période). L’incapacité de travail est une option dans certains cas individuels, mais elle devrait être limitée à la durée la plus courte possible. Chaque fois que cela est possible, il convient d’examiner si le patient peut être temporairement employé dans une activité ou un service adapté. En effet, des études scientifiques montrent que plus l’incapacité totale de travail se prolonge, plus la fréquence de retour au travail diminue de manière exponentielle [7].
Prévention secondaire pour éviter les douleurs chroniques
En cas d’épisodes répétés de lombalgie aiguë et de diagnostic connu, des mesures prophylactiques secondaires sont indiquées :
- Instruire le patient sur la manière de s’aider lui-même en cas de “lumbago”.
- le reconditionnement physique [8], la vigilance et la formation posturale, ainsi que l’enseignement de mouvements ergonomiques (figure 4)
- Automédication
- Possibilité de contacter rapidement un spécialiste (médecin généraliste, rhumatologue/thérapeute interventionnel de la douleur [9])
En raison des processus de chronicisation qui s’installent rapidement, le principe premier devrait être de les interrompre rapidement et efficacement afin d’éviter la carrière d’un patient souffrant de lombalgie chronique, avec des répercussions sur sa qualité de vie, ses activités, sa profession et son environnement, et finalement sa situation financière et sociale.
Messages Take-Home
- Le “lumbago” (lombalgie aiguë) est généralement bénin et se résout de lui-même en quelques heures/jours.
- Structurellement, un blocage des petites articulations vertébrales ou un étirement des capsules ou des ligaments articulaires, mais aussi une hernie discale aiguë peuvent en être la ou les causes, souvent déclenchées par des mouvements banals du tronc.
- L’auto-assistance est possible par des mesures simples (positionnement, déblocage, mesures locales non médicamenteuses). Pour la prophylaxie secondaire, une bonne instruction est nécessaire.
- Un diagnostic plus approfondi par un spécialiste est une recommandation en cas d’évolution prolongée ou de récidives fréquentes.
- La douleur aiguë doit être traitée le plus rapidement et le plus efficacement possible afin de stopper les processus de chronicisation.
- L’incapacité totale de travail doit être évitée dans la mesure du possible.
- Les activités/taux d’occupation temporairement adaptés sont à privilégier.
Remerciements : Je remercie Mme N. Carnovale pour la conception des illustrations.
Littérature :
- Stankovic R, et al : Traitement conservateur des douleurs lombaires aiguës. A prospective randomized trial : McKenzie method of treatment versus patient education in “mini back school”. Spine (Phila Pa 1976) 1990 ; 15 : 120-123.
- Hasegawa TM, et al : Acupuncture for acute non-specific low back pain : a randomised, controlled, double-blind, placebo trial. Acupunct Med 2014 ; 32 : 109-115.
- Carr DB, et al : Acute pain. Lancet 1999 ; 353 : 2051-2058.
- Sprott H : Physiopathologie de la douleur périphérique – cibles thérapeutiques. Pratique 2016 ; 105 : 1267-1271.
- Sprott H, et al. : Médicaments et infiltrations pour les douleurs dorsales. Ther Umsch 2013 ; 70 : 549-553.
- Verhagen AP, et al : Red flags presented in current low back pain guidelines : a review. Eur Spine J 2016 ; 25 : 2788-2802.
- Opsahl J, et al : Les attentes de retour au travail et la satisfaction professionnelle prédisent-elles le retour effectif au travail chez les travailleurs atteints de LBP de longue durée ? BMC Musculoskelet Disord 2016 ; 17 : 481.
- Mannion AF, et al : Exercices de stabilisation de la colonne vertébrale dans le traitement des lombalgies chroniques : un bon résultat clinique n’est pas associé à une amélioration de la fonction musculaire abdominale. Eur Spine J 2012 ; 21(7) : 1301-1310.
- Sprott H : Traitement interventionnel de la douleur sous ultrasons. PraxisDepesche 2016 ; 5 : 39.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2017 ; 12(7) : 8-10