La normalisation croissante de la vie quotidienne et de la vie publique soulève de nouvelles questions. Quelles sont les mesures de protection appropriées ? Quels sont les scénarios d’avenir possibles ? Plusieurs experts se sont penchés sur ces questions dans le cadre du digitalMedArt du 8 mai 2020.
La protection dans le secteur de la santé et au sein de la population est essentielle. “C’est la seule chose que nous pouvons utiliser actuellement contre le SRAS-CoV-2 avec une efficacité documentée”, explique le professeur Andreas Widmer, directeur adjoint de l’Institut de recherche sur le cancer (IRC). Médecin-chef de la clinique d’infectiologie et d’hygiène hospitalière de l’Hôpital universitaire de Bâle et président du Centre national de prévention de l’infection [1]. Il s’agit notamment de masques, de désinfectants pour les mains et de gants. Malheureusement, environ 50% des infections ont lieu avant le début de la maladie, ce qui signifie que ces mesures doivent logiquement être mises en place lorsque les gens se sentent en bonne santé afin d’obtenir un effet maximal.
Quel masque dans quel contexte ?
Il existe de nombreux types de masques différents, les masques certifiés de qualité en Europe sont les masques chirurgicaux et les masques FFP2/3 (tableau 1). L’OFSP recommande l’utilisation du masque chirurgical (type I R, type II R) pour les professionnels de la santé ou de l’éducation. dans le secteur des services, lorsqu’une distance minimale de deux mètres ne peut pas être respectée, ainsi que pour les personnes présentant des symptômes d’infection respiratoire aiguë qui doivent sortir de chez elles (par exemple pour un rendez-vous médical) [2]. L’utilisation d’une Masque FFP2/FFP3 est, selon l’OFSP, particulièrement utile pour les professionnels (de la santé) directement exposés lors d’activités à haut risque de formation d’aérosols, ainsi qu’en cas de contact avec des patients pour lesquels il existe une suspicion fondée ou un COVID-19 confirmé. Il est recommandé de porter le masque FFP2 jusqu’à 30 minutes après la mesure de génération d’aérosols, et tant que la personne malade est présente dans la pièce. Les masques FFP2 peuvent être portés par un employé pendant toute une équipe [2]. Un exemple d’utilisation d’un masque de type I R ou de type II R est la situation où un chirurgien souhaite protéger un patient pendant une intervention chirurgicale. “Le type I filtre le staphylocoque doré à 95%, le type II à 98%”. “R” signifie “fluid resistant”, ce qui signifie que si une éclaboussure se produit dans la salle d’opération, ce masque vous en protège. Les masques avec lesquels les professionnels de la santé peuvent se protéger eux-mêmes sont les modèles FFP2 et FFP3. Il existe des normes internationales tant pour les masques chirurgicaux que pour les masques respiratoires. Les masques FFP2 et FFP3 se caractérisent par une bonne étanchéité au niveau du visage – le critère de la norme européenne (EN149-2001) est que ≤8% de l’air peut s’échapper sur le côté [1]. Les masques chirurgicaux sont donc avant tout destinés à protéger le patient. Le type I R ou le type II R offrent également une certaine protection contre la transmission de gouttelettes. Une étude des National Health Services a montré que les masques chirurgicaux entraînaient une réduction de l’exposition de 6 fois, les masques FFP2/3 étant nettement supérieurs avec une réduction de 100 fois [3]. Une étude américaine publiée en 2019 a montré qu’un masque hygiénique, c’est-à-dire un masque chirurgical de type II selon la loi sur les pandémies de l’OFSP, protège mieux qu’on ne le pensait [4]. L’OMS a étudié la protection offerte par les masques en tissu dans une analyse secondaire. La conclusion est que la qualité est très variable, mais qu’il existe des modèles qui offrent une bonne protection. Les paramètres de test comprenaient la capacité de filtration, la perméabilité à la taille des particules, le matériau et les effets du nettoyage/lavage des masques. “C’est une mesure d’urgence, mais c’est mieux que rien”, explique le professeur Widmer. Le Center of Disease Control (CDC) a même publié des instructions de couture pour les masques en tissu, compte tenu de la rareté des masques chirurgicaux [1].
Désinfection des mains et gants
Lors de la désinfection des mains, il est important d’appliquer la technique en trois étapes de l’OMS (10 secondes par étape) : 1. répartissez deux doses de désinfectant (environ 3 ml) sur la paume et le dos des mains 2. Frotter en rotation le bout des doigts dans la paume de la main alternative, 3. frotter les deux pouces en rotation avec l’autre main. Cette technique a été évaluée dans le cadre d’études et a fait ses preuves [5,6]. Il convient également d’être attentif à certains critères pour les gants (“Accepted Quality Level”<4). L’intervenant est toutefois sceptique quant à l’effet protecteur des gants, car il a été démontré que cela peut entraîner une négligence dans la désinfection des mains. Il recommande de n’utiliser des gants qu’en cas de contact avec des patients confirmés COVID-19 (puis désinfection des mains) ou en cas de contact possible avec des fluides corporels.
Littérature :
- Widmer A : COVID19 : Protection dans le domaine de la santé et de la population. Dr. med. Andreas Widmer, Directeur adjoint de l’hôpital Médecin-chef de la clinique d’infectiologie et d’hygiène hospitalière de l’Hôpital universitaire de Bâle et président du Centre national de prévention de l’infection. Présentation de diapositives, digitalMedArt, 8 mai 2020.
- Nouveau coronavirus : concepts et mesures de protection, masques de protection, www.bag.admin.ch/bag/de/home/krankheiten/ausbrueche-epidemien-pandemien
- Health and Safety Laboratory : Evaluating the protection afforded by surgical masks against influenza bioaerosols. Protection globale des masques chirurgicaux par rapport aux respirateurs à filtre, Rapport de recherche 619, 2008, www.hse.gov.uk/research/rrpdf/rr619.pdf
- Radonovich LJ, et al. Outcomes Respiratory Illnesses among Health Care Personnel in the N95 Respiratory Group vs the Medical Mask Group. JAMA 2019, 322(9) : 824-833.
- Tschudin-Sutter S, Widmer AF : Clin Microbiol Infect 2017 ; 23(6) : 409.e1-409.e4
- Tschudin-Sutter S, Widmer AF : Clin Infect Dis 2019 ; 69(4) : 614-660.
DERMATOLOGIE PRAXIS 2020 ; 30(3) : 6-7 (publié le 4.6.20, ahead of print)