Après l’autorisation de la nouvelle substance active en Suisse, son utilisation dans la pratique est maintenant étudiée. Un aspect pratique important du médicament est sa forme d’administration orale. Si l’ozanimod est administré conformément aux directives, le risque d’effets cardiaques indésirables tels qu’un bloc AV ou une bradycardie peut être réduit. Une surveillance adéquate des différents paramètres permet de prévenir les dommages liés au traitement et contribue à la sécurité et à la poursuite des recherches sur cette nouvelle thérapie prometteuse.
En raison des effets connus des modulateurs du récepteur S1P sur le système de conduction cardiaque et d’autres effets secondaires potentiels de l’ozanimod, les deux études pivots ont été menées avec une dose supplémentaire sur 7 jours, ainsi qu’un monitoring précis du cœur, du foie, des poumons, de la peau et des yeux [1,2]. Les problèmes cardiaques ont été largement évités avec une dose de 0,25 mg pendant les 4 premiers jours de traitement, suivie de 0,5 mg aux jours 5 à 7 et de la dose cible à partir du jour 8. La posologie recommandée est de 0,92 mg d’ozanimod une fois par jour, ce qui correspond à 1 mg de chlorhydrate d’ozanimod. Aucun blocage AV de haut niveau ou bradycardie symptomatique n’a été observé dans les études pivots, bien qu’une réduction de la fréquence cardiaque ait été observée après la première administration. Les pulsations moyennes les plus basses ont été mesurées dans chaque cas 5 heures après l’administration initiale du médicament, la fréquence ayant diminué en moyenne de 1,8 battement par minute dans l’étude SUNBEAM et de 0,6 battement par minute dans l’étude RADIANCE [1,2].
Importance pour la pratique
Au vu des données disponibles, l’administration à doses progressives d’ozanimod pendant 7 jours ne semble pas induire d’effets cardiaques indésirables de manière générale [1,2]. Une surveillance après la première administration n’est nécessaire que chez les patients présentant des facteurs de risque cardiaques préexistants. Le surdosage, tel qu’il a été testé dans les études d’autorisation de mise sur le marché, est toujours recommandé (revue 1) [3]. Il convient également de procéder à un nouveau titrage de la dose en cas de toute interruption du traitement pendant les 14 premiers jours de traitement, en cas d’interruption de plus de 7 jours entre le jour 15 et le jour 28 du traitement et ensuite en cas d’interruption de plus de 14 jours consécutifs [3].
Dans les études de phase III RADIANCE [1] et SUNBEAM [2], ainsi que dans les données actuelles de l’étude de suivi en libre accès DAYBREAK [4], la dose de 1 mg d’ozanimod a montré un profil d’efficacité et de sécurité favorable (tableaux 1 et 5). La dose d’entretien recommandée est donc d’un comprimé de 1 mg par jour et est facile à suivre pour le médecin, le soignant et le patient en raison de son uniformité, de sa prise orale et de son indépendance par rapport aux repas.
Quel est le niveau de surveillance nécessaire ?
Avec cette nouvelle substance, le monitoring est plus complexe que l’administration du médicament lui-même, en particulier avant le début du traitement et pendant la phase de traitement initiale après la première administration. Avant la première administration d’ozanimod, il convient de déterminer les paramètres hépatiques, de réaliser un hémogramme et un ECG et, selon la situation, de procéder à des examens ophtalmologiques (aperçu 2) [3]. En outre, il est recommandé d’effectuer toutes les vaccinations nécessaires conformément aux directives actuelles, y compris la vaccination contre le zona.
Alors que dans les études de phase III, tous les patients ont fait l’objet d’une surveillance cardiaque de 6 heures après la première administration du médicament, en pratique clinique quotidienne, cette surveillance ne doit être effectuée que dans le cas de certaines pathologies cardiaques préexistantes [3]. Il s’agit notamment de blocs AV de haut niveau, d’antécédents d’infarctus du myocarde ou d’insuffisance cardiaque, et d’une fréquence cardiaque au repos inférieure à 55 battements/minute (Aperçu 3). Il est recommandé de mesurer le pouls et la pression artérielle toutes les heures pendant cette période, et de réaliser un ECG avant l’administration du médicament et après 6 heures [3]. Dans certaines conditions, le monitorage cardiaque doit être poursuivi au-delà de 6 heures. Ceci est particulièrement vrai si la fréquence cardiaque est inférieure à 45 battements par minute ou à son niveau le plus bas depuis l’administration du médicament, si des signes de bloc AV de haut niveau sont visibles sur l’ECG ou si l’intervalle QTc est ≥500 ms. Dans l’ensemble, la prudence est de mise lors de l’administration d’ozanimod en cas de comorbidités cardiaques et une consultation avec les collègues cardiologues est certainement utile pour la surveillance nécessaire.
En dehors du cœur, certains organes nécessitent une surveillance régulière lors du traitement par l’ozanimod. Ainsi, il ne faut pas perdre de vue le foie, même à plus long terme. En l’absence de symptômes cliniques, il est recommandé de contrôler les taux de transaminases et de bilirubine aux mois 1, 3, 6, 9, 12 et périodiquement par la suite [3]. En cas d’augmentation confirmée des paramètres à plus de 5 fois la valeur normale supérieure, le traitement doit être interrompu.
Comme avec d’autres traitements immunosuppresseurs, il existe un risque accru d’infection et potentiellement un risque accru de développement de tumeurs malignes. Ces risques doivent être pris en compte pendant le traitement, la réalisation périodique d’un hémogramme est recommandée [3]. D’autres examens contribuant à la sécurité sous traitement par ozanimod sont des mesures régulières de la pression artérielle et des contrôles ophtalmologiques en cas de facteurs de risque existants (revue 4) [3].


Quintessence
Si ces recommandations de surveillance sont respectées, rien ne s’oppose à l’utilisation de la nouvelle substance active. Avec l’utilisation plus large d’Ozanimod, les exigences de surveillance seront également plus clairement définies et mieux testées à l’avenir.
Littérature