Depuis l’année dernière, toute la Suisse, à l’exception des cantons de Genève et du Tessin, est considérée comme une zone à risque pour la FSME. Le plan de vaccination suisse 2020 recommande la vaccination de tous les adultes et enfants de plus de 6 ans séjournant dans les régions concernées. Les personnes de plus de 60 ans font partie du groupe à risque d’une évolution grave avec des séquelles permanentes ou des conséquences mortelles.
Les maladies transmises par les tiques sont en augmentation en Europe centrale et le nombre de cas a augmenté ces dernières années. En Suisse, le nombre de cas déclarés est compris entre 100 et 300 par an [1]. Les maladies transmises par les tiques connaissent une recrudescence saisonnière dans notre pays. La saison pendant laquelle les tiques sont particulièrement actives commence en mars et se termine en novembre, selon les conditions météorologiques. Parmi les maladies infectieuses transmises par les tiques, la borréliose et la méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE) sont les plus importantes sous nos latitudes. Le virus FSME fait partie des flavivirus pathogènes pour l’homme.
Presque toute la Suisse est une zone à risque
Dans le contexte d’une augmentation marquée des cas de FSME au cours des années précédentes, l’OFSP a émis une mise en garde contre l’infection FSME par morsure de tique pour les mois de printemps et d’été 2019. A l’exception des cantons de Genève et du Tessin, toute la Suisse a été déclarée zone à risque [2]. Le plan de vaccination suisse 2020 recommande la vaccination de tous les adultes et enfants de plus de 6 ans qui résident ou séjournent temporairement dans une zone à risque [3]. Les coûts sont pris en charge par l’assurance maladie (assurance de base obligatoire) pour ces indications. Les maladies graves sont rares chez les enfants de moins de 6 ans, c’est pourquoi la situation des enfants plus jeunes doit être examinée au cas par cas. La transmission se fait par des tiques infectées, environ 1 à 10 % sont porteuses du virus [4]. L’encéphalite à tiques fait partie des maladies infectieuses à déclaration obligatoire. D’avril à novembre, l’OFSP publie la première semaine de chaque mois un rapport de situation indiquant le nombre de cas de méningo-encéphalite verno-estivale (FSME) [5]. Le diagnostic est sérologique par culture ou analyse de séquence (par ex. PCR, séquençage, NGS) ou détection d’anticorps (IgM, augmentation du titre ≥4× ou séroconversion).
La vaccination, principale mesure de protection
Contrairement à la maladie de Lyme, il n’existe actuellement aucun traitement causal contre l’encéphalite à tiques en Suisse, mais un vaccin très efficace est disponible. Les vaccins contre la FSME autorisés en Suisse sont des vaccins inactivés (virus tués). L’effet est renforcé par un sel d’aluminium. Trois doses de vaccin sont nécessaires pour une immunisation de base complète (≥95% de protection), une protection limitée dans le temps est atteinte après seulement deux doses de vaccin [2]. Le schéma concret de vaccination varie en fonction du vaccin : si vous utilisez FSME-Immun® [12], les vaccinations sont effectuées à des intervalles de 0, 1 et 6 mois. Pour Encepur® [14], les intervalles sont de 0, 1 et 10 mois. Pour ces deux vaccins, le Plan de vaccination suisse 2020 recommande une vaccination de rappel tous les 10 ans [3]. La vaccination est possible à tout moment de l’année, mais les dates préférées pour la première et la deuxième partie de la vaccination sont les saisons froides, afin d’être protégé par le vaccin dès le début de l’activité saisonnière des tiques. La troisième partie de la vaccination doit être effectuée au printemps de l’année suivante. Si l’immunisation de base ne débute qu’à la belle saison, il est possible d’utiliser une procédure d’immunisation rapide, dans laquelle la 2e partie de la vaccination est administrée 14 jours seulement après la 1re partie, afin d’obtenir le plus rapidement possible un titre d’anticorps protecteur [12]. La troisième dose doit être administrée 5 à 12 mois après la deuxième vaccination. Le recours ou non à une procédure d’immunisation rapide dépend notamment de la disponibilité des vaccins.
FSME : évolution biphasique Lorsqu’une maladie survient, elle se déroule généralement en deux phases. Après la piqûre d’une tique infectée, des symptômes pseudo-grippaux se développent dans un délai de 2 à 28 jours, tels que fièvre, maux de tête et douleurs articulaires [13]. Chez 5 à 15% des personnes atteintes, une méningite ou une méningo-encéphalite survient 4 à 6 jours plus tard. Elle se caractérise par des troubles tels qu’une raideur de la nuque, une perte de conscience et une paralysie [13]. Les symptômes résiduels peuvent durer des semaines, voire des mois. Les personnes âgées et les patients immunodéprimés sont particulièrement exposés à une évolution grave [1,7–9]. |
Groupe à risque d’évolution grave
Des mesures de rééducation à plus long terme sont nécessaires pour >40% des patients atteints de MEVE [6]. Les facteurs de risque d’une évolution grave comprennent un traitement immunosuppresseur, l’âge >60 ans et le sexe masculin [7–9]. Le pronostic de la forme d’évolution méningée est le meilleur, avec souvent une rémission sans séquelles. Dans le cas d’une méningo-encéphalite, les troubles neurasthéniques peuvent durer plusieurs semaines et environ 20% d’entre eux laissent des séquelles permanentes [10]. L’encéphalomyélite a le plus mauvais pronostic. Dans une étude d’observation menée sur une période de dix ans (n=57), seul un cinquième des patients s’est complètement rétabli, 50% ont conservé des déficits permanents et 30% sont décédés des suites de la maladie [11].
Littérature :
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) : Maladies infectieuses à déclaration obligatoire 2020, www.bag.admin.ch
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) : Méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE). Bulletin 6/19 ; 12-14.
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) : Plan de vaccination suisse 2020, www.bag.admin.ch
- Krause M : La maladie de Lyme et l’encéphalite à tiques. Présentation de diapositives, Prof. Dr. med. Martin Krause. FOMF WebUp, Zurich, 16.05.2020.
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) : Maladies transmises par les tiques, www.bag.admin.ch/bag/de/home/krankheiten
- Karelis G, et al : Tick-borne encephalitis in Latvia 1973-2009 : epidemiology, clinical features and sequelae. Eur J Neurol 2012 ; 19 : 62-68.
- Czupryna P, et al : Sequelae of tick-borne encephalitis in retrospective analysis of 1072 patients. Epidemiol Infect 2018 ; 146 : 1663-1670.
- Lenhard T, et al : Predictors, Neuroimaging Characteristics and Long-Term Outcome of Secere European Tick-Borne Encephalitis : A Prospective Cohort Study. PLoS One 2016 ; 11 : e0154153.
- Société allemande de neurologie (DGN) : S1-Leitlinie Frühsommer-Meningoenzephalitis (FSME) 2020, www.awmf.org
- Bogovic P, et al : The long-term outcome of tick-borne encephalitis in Central Europe. Ticks Tick Borne Dis 2018 ; 9 : 369-378.
- Kaiser R : Pronostic à long terme des patients atteints de manifestations myéliniques primaires d’encéphalite à tiques : une analyse des tendances sur 10 ans. Neurologue 2011 ; 82 : 1020-1025.
- Compendium suisse des médicaments : FSME-Immun®, https://compendium.ch
- Infovac.ch www.infovac.ch
- Compendium suisse des médicaments : Encepur®, https://compendium.ch
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2020 ; 15(6) : 24