Les plongeurs âgés ont un risque accru d’incidents. La forme physique, la technique et le risque calculé réduisent les dangers et les problèmes potentiels pendant la plongée. Il est important d’obtenir des conseils en matière de plongée et de médecine sportive.
Depuis des décennies, la plongée sportive jouit d’une grande popularité. Les développements techniques de l’équipement, mais aussi la grande diffusion de la plongée, entraînent de nouveaux défis – y compris pour le médecin généraliste en tant qu’examinateur et conseiller sur les questions relatives aux voyages de plongée. La plongée récréative est un sport relativement sûr, même si la presse quotidienne fait parfois état d’incidents mortels. Dans quelle mesure le médecin généraliste peut-il contribuer à maintenir un niveau de sécurité aussi élevé ?
Le SUHMS est la société professionnelle des médecins suisses spécialisés dans la médecine subaquatique et hyperbare. Des formations continues sur l’examen des plongeurs sont régulièrement proposées. La question de l’aptitude à la plongée du plongeur âgé ne préoccupe pas seulement par la fréquence de la question, mais aussi parce qu’il n’existe à ce jour pratiquement aucune littérature scientifique sur le sujet. La question est trop jeune. Le manuel d’aptitude à la plongée [1] a été publié par des experts suisses et constitue une base pour évaluer les plongeurs en fonction de leurs problèmes médicaux.
Situation de la recherche
Dans le domaine de la plongée, les données de recherche essentielles proviennent souvent de la plongée militaire et/ou professionnelle (offshore). Ces données ont fourni de nombreuses connaissances en matière de physiologie et de physiopathologie de la plongée, mais ne sont pas nécessairement applicables à la plongée loisir, car les exigences des plongeurs loisirs sont différentes. Des bases de données plus récentes, comme celle de DAN, avec des centaines de milliers de plongées enregistrées, fournissent des données pratiques, mais ne sont pas encore évaluées à tous égards.
La recherche fondamentale nous montre des changements qui surviennent avec l’âge. L’épidémiologie complète à cet effet les pathologies typiques de l’âge.
Enfin, nous trouvons dans la physiologie de l’entraînement et la médecine du sport des possibilités préventives en matière de sécurité, afin d’aider les plongeurs âgés ou les personnes âgées à se sentir mieux. conseiller de manière compétente le plongeur vieillissant. Les différences intra-individuelles sont énormes, de sorte qu’il vaut la peine de mettre en évidence à la fois les facteurs de risque, les facteurs de protection et les ressources pour plonger en sécurité. Une expérience personnelle de la plongée constitue un avantage non négligeable.
Changements liés à l’âge en médecine de plongée
La composition corporelle évolue au cours de la vie. La masse musculaire diminue vers l’âge de 45 ans. Cela se traduit souvent par une sarcopénie à un âge avancé. La force musculaire diminue de 1 à 2 % par an, avec une nette accélération à partir de l’âge de la retraite. En particulier, les fibres musculaires rapides (type 2) diminuent, ce qui est très important pour la capacité de réserve du système neuromusculaire. Les réactions rapides, les performances de sprint et les efforts importants ne sont plus possibles que de manière réduite. En contrepartie, la masse grasse augmente chez la plupart des individus.
Les modifications musculaires entraînent une diminution de la résistance à l’effort dans des conditions de plongée difficiles. L’augmentation de la masse graisseuse entraîne une augmentation des tissus dits lents, ce qui peut entraîner un risque accru de maladie de décompression pour la saturation/désaturation, en particulier lors de plongées répétées (comme celles effectuées pendant les vacances de plongée).
En plongée, la pression ambiante entraîne un déplacement de liquide vers le cœur, car le pooling veineux ne fonctionne plus comme dans des conditions de gravité standard. Cela conduit à une charge cardiaque plus importante par le biais d’une précharge accrue et, en fin de compte, à la fameuse diurèse du plongeur. Un cœur compensé de justesse peut décompenser ou se détériorer sous l’effet de cette charge accrue. une maladie coronarienne peut entraîner un syndrome coronarien aigu.
La littérature scientifique, épidémiologique et de médecine de la plongée fait ressortir les faits suivants, qui sont essentiels pour notre évaluation de l’aptitude à la plongée et pour le conseil : Les indices de maladies cardiovasculaires, de maladies pulmonaires et de maladies métaboliques, en particulier le diabète sucré, doivent être systématiquement recherchés. Si l’anamnèse révèle des symptômes tels qu’une dyspnée ou une baisse de performance, des investigations supplémentaires s’imposent.
Preuves du risque à un âge avancé
Dans la littérature médicale classique sur la plongée, on parle de plongeur âgé pour les personnes de plus de 40 ans. La littérature est principalement basée sur des études menées avec des plongeurs professionnels, ce qui n’est pas utile pour nos besoins.
Il semble, sur la base d’une étude de moindre envergure (Hawaii avec environ 100 incidents), que les plongeurs âgés présentent un risque accru de maladie de décompression plus grave et avec une récupération plus faible. Cependant, les données ne sont pas solides en raison des petits chiffres.
Le nombre de plongées effectuées par des plongeurs âgés est en constante augmentation, ce qui signifie qu’à l’avenir, nous disposerons probablement de meilleures données sur les risques encourus par les plongeurs âgés. L’analyse de grandes cohortes (par exemple, les plongées et les incidents enregistrés DAN), les incidents de plongée (Australie 2001-2014, rapports annuels BSAC du Royaume-Uni) et les incidents déclarés via DANSuisse ou enregistrés via le FTU ne permettent pas de tirer des conclusions fiables sur le risque d’incidents chez les personnes âgées.
Quelle est la forme physique d’une personne “en forme pour la plongée” ?
En fin de compte, personne ne peut répondre précisément à cette question. Cependant, il existe des indications sur l’effort physique à fournir en METS (1 MET = conditions de repos) dans certaines conditions de plongée. Ceci sert de référence. Dans des conditions de plongée calmes, la performance est d’environ 7 METS. L’objectif est d’atteindre des performances nettement supérieures ou de minimiser les risques liés à la plongée. Si l’on ajoute une réserve pour les conditions difficiles soudaines, il faut probablement s’attendre à une puissance de 10 METS. Si cette performance est réalisée sans problème sur l’ergomètre ou le tapis roulant, on peut considérer qu’il s’agit d’une plongée sûre dans des conditions habituelles avec peu de risques supplémentaires.
Chez les personnes en surpoids et en mauvaise condition physique, la formation de microbulles de gaz semble augmenter, ce qui, à son tour, augmente le risque d’incident de décompression.
Risque calculé
Les réserves physiques et techniques disponibles par rapport au risque encouru sont particulièrement pertinentes pour le conseil. Les plongeurs âgés bien entraînés, expérimentés et possédant de bonnes techniques de plongée ont donc beaucoup plus de réserves lorsqu’ils se retrouvent dans une situation où les exigences sont plus élevées. C’est le cas, par exemple, en cas de longue distance de nage (emplacement du bateau non trouvé, bateau parti), de courants inattendus ou de plongée à la dérive, ainsi qu’en cas de problèmes de santé ou techniques chez le partenaire de plongée ou chez soi-même, avec la nécessité de régler le problème sous l’eau, d’effectuer une remontée d’urgence contrôlée ou même un sauvetage en binôme suivi d’un transport en surface.
Dans ces situations et d’autres similaires, les exigences physiques et psychologiques sont nettement plus élevées et les réserves limitées sont rapidement épuisées. Cela peut déclencher un problème somatique aigu (par exemple, un essoufflement ou un syndrome coronarien aigu) chez les plongeurs prédisposés ou une réaction de panique avec, en fin de compte, une remontée incontrôlée et un risque de barotraumatisme pulmonaire ou de maladie de décompression. Les efforts sous l’eau entraînent une augmentation de la saturation en azote, ce qui augmente le risque de maladie de décompression.
Ces risques sont traités en premier lieu par la prévention et, pour notre groupe cible, par l’exclusion d’une maladie prédisposante et l’entraînement. En faisant de la prévention, on reste apte à plonger plus longtemps et on plonge de manière beaucoup plus sûre.
Il est souhaitable d’avoir des connaissances sur la plongée et de bonnes compétences techniques sous l’eau. Une plongée sans stress et une bonne respiration réduisent encore l’effort. Cela permet également de réduire la quantité de plomb nécessaire et de diminuer comparativement la charge physique. Une réserve physique accrue due à l’entraînement permet donc de repousser la limite de l’épuisement et de réduire ainsi le risque de réaction de panique avec une montée incontrôlée. Plonger en toute sécurité, c’est avoir des réserves. S’entraîner, c’est constituer des réserves.
Sur la base de considérations théoriques, le risque de conséquences plus graves, voire de décès, est nettement plus élevé si un problème médical grave survient sous l’eau. Ce risque doit être minimisé par l’examen médical et les conseils en matière de plongée.
Les risques encourus avec le lieu de plongée (risques naturels, safaris sans assistance médicale rapide), le type de plongée (air comprimé, Nitrox, plongée technique avec d’autres mélanges gazeux) et l’épuisement de la durée (plongées de décompression) ainsi que le nombre de plongées par période sont de la responsabilité du plongeur. Si l’on tient compte de ces aspects, la sécurité de la plongée peut encore être considérablement améliorée.
Notre examen/conseil médical en matière de plongée (tableaux 1 et 2) et le comportement des plongeurs âgés en matière de santé permettent globalement de plonger en toute sécurité, même à un âge avancé.
Messages Take-Home
- Les plongeurs âgés ont un risque plus élevé de subir des incidents de plongée.
- La condition physique, la technique et le risque calculé adapté permettent de réduire considérablement les dangers et les problèmes potentiels pendant la plongée.
- Les conseils en matière de plongée et de médecine sportive sont les bases d’une plongée en toute sécurité pour les personnes âgées.
Littérature :
- Wendling J, et al. : Manuel d’aptitude à la plongée SUHMS. Avec la collaboration de GTÜM. 2ème édition, 2001.
Littérature complémentaire :
- Carturan D, et al : Ascent rate, age, maximum oxygen uptake, adiposity, and circulating venous bubbles after diving. Journal of Applied Physiology 2002 ; 93(4) : 1349-1356.
Littérature supplémentaire chez l’auteur
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2017 ; 12(6) : 16-18