Malgré la pandémie, la réunion annuelle de l’American College of Cardiology a marqué des points, non pas sur place à Chicago, mais virtuellement. De nombreuses nouvelles connaissances ont été présentées de manière exhaustive, tant en ce qui concerne les stratégies d’intervention que les traitements pharmacologiques. Un bref aperçu…
Le phénomène INOCA est particulièrement fréquent chez les femmes. Il s’agit d’une “maladie coronarienne non obstructive”, c’est-à-dire d’une angine de poitrine avec une ischémie myocardique marquée, mais qui ne présente pas de sténose coronarienne. Dans le cadre d’une grande étude multinationale, 208 patients au total ont été examinés pendant un an et comparés à 865 patients atteints de maladie coronarienne. Il s’est avéré que les variations temporelles des douleurs angineuses et des ischémies lors du test de stress étaient beaucoup plus importantes chez les personnes atteintes d’INOCA que chez les patients atteints de maladie coronarienne. De plus, les changements observés sur un an entre les résultats du test de stress et les symptômes chez les patients INOCA n’étaient pas liés. Ce résultat relativise l’opinion courante selon laquelle l’ampleur de l’ischémie myocardique est un déterminant essentiel de la symptomatologie pectangineuse.
Améliorer le pronostic en cas d’insuffisance mitrale
Une nouvelle analyse a apporté des informations intéressantes sur une étude qui a examiné les avantages pronostiques de la réparation transcathéter interventionnelle de la valve mitrale (TMVR) avec le système MitraClip chez des patients souffrant d’insuffisance cardiaque et d’insuffisance mitrale secondaire modérée à sévère. Il avait alors été démontré que le taux d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (35,8% vs 67,9%) et le taux de mortalité globale (29,1% vs 46,1%) avaient été significativement réduits en deux ans par rapport au traitement standard. Nous avons maintenant analysé s’il existe un lien entre les changements précoces de l’état de santé des patients et les événements cliniques qui surviennent plus tard. Le Kansas City Cardiomyopathy Questionnaire (KCCQ) a été utilisé comme instrument de mesure de l’état de santé subjectif. Il a été observé que chaque augmentation de 10 points du score total du KCCQ était associée à une réduction de 14% du risque de décès et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque, que les patients aient également reçu un traitement interventionnel ou seulement un traitement conservateur.
Les patients victimes d’une crise cardiaque bénéficient de la musique
Écouter de la musique fait du bien – ce n’est pas nouveau. Une étude inhabituelle vient de confirmer que 30 minutes de musique par jour peuvent aider en particulier les patients victimes d’une crise cardiaque. Les patients souffrant d’angine de poitrine post-infarctus et de douleurs thoraciques avaient significativement moins d’anxiété et de douleurs. 350 patients ayant subi un infarctus ont été randomisés en deux groupes. La moitié a reçu le traitement standard, l’autre moitié a reçu une musicothérapie régulière en plus du traitement standard. Le traitement standard consistait généralement en des médicaments tels que les nitrates, l’ASA, les anticoagulants, les bêtabloquants, les statines, les bloqueurs des canaux calciques, les antihypertenseurs et la ranolazine, un agent antiangineux. Nous avons également testé le tempo et la tonalité de la musique auxquels le patient individuel répondait le mieux. Après sept ans, il s’est avéré que la musicothérapie plus le traitement standard était plus efficace pour réduire l’anxiété et la douleur que le traitement standard seul. Le groupe musical avait en moyenne un tiers d’anxiété en moins et rapportait un quart de symptômes d’angine de poitrine en moins que le groupe témoin. Les taux de maladies cardiaques étaient significativement réduits dans le groupe musique : de 18% pour l’insuffisance cardiaque, de 23% pour un autre infarctus du myocarde, de 20% pour un pontage coronarien et de 16% pour une mort cardiaque subite.
Le TAVI est meilleur que le remplacement de la valve aortique
Il y a un an, les résultats d’une étude avaient déjà démontré une nette supériorité du traitement TAVI par cathéter par rapport à l’implantation chirurgicale de la valve aortique chez les patients présentant une sténose aortique sévère et un faible risque opératoire. Les résultats ont été présentés après deux ans. L’avantage restait présent, mais n’était plus aussi important. Le taux d’incidence pour le critère d’évaluation principal de l’étude (décès, accident vasculaire cérébral ou réhospitalisation pour cause cardiovasculaire) à un an était inférieur de 48% en termes relatifs et de 7,1 points de pourcentage en termes absolus dans le groupe TAVI par rapport au groupe avec chirurgie valvulaire. Après deux ans, le taux de survie du critère principal était inférieur de 37% en termes relatifs et de 5,9 points de pourcentage en termes absolus à celui du remplacement valvulaire aortique chirurgical, soit 11,5% contre 17,4% après TAVI. Cela peut s’expliquer par l’augmentation relativement plus importante des décès et des accidents vasculaires cérébraux au cours de la deuxième année dans le groupe TAVI, ont indiqué les responsables de l’étude. Toutefois, une analyse plus approfondie doit encore déterminer si cela cache des raisons sérieuses ou si le hasard a joué un rôle.
Source : Réunion annuelle de l’ACC 2020
CARDIOVASC 2020 ; 19(2) : 32 (publié le 9.7.20, ahead of print)