Une pneumonie à pneumocoques augmente significativement le risque d’infarctus du myocarde, quatre semaines après la pneumonie, les biomarqueurs cardiaques restent fortement élevés de manière détectable. La vaccination contre Streptococcus pneumoniae, même à l’âge adulte, est donc particulièrement utile, mais pas seulement, pour les patients souffrant de maladies pneumologiques et cardiovasculaires sous-jacentes.
Au début du 20e siècle, l’Europe centrale connaissait un taux de natalité élevé et une espérance de vie moyenne de 60 à 65 ans. En raison du taux de mortalité infantile élevé, l’accent a été mis à l’époque sur la vaccination des enfants. Au 21e siècle, la situation a beaucoup évolué : Il y a désormais une forte proportion de personnes âgées dans la population et une espérance de vie moyenne de 80 à 85 ans. Les changements démographiques nécessitent donc une adaptation des programmes de vaccination. En effet, si l’immunocompétence est généralement bonne chez les adultes, elle diminue régulièrement avec l’âge. Inversement, plus la compétence immunitaire est faible, plus la sensibilité aux infections et le risque de maladie augmentent chez les personnes de plus de 60 ans.
Modes d’action du PCV13 et du PPV23
On estime que les pneumocoques provoquent chaque année en Suisse plus de 1000 maladies graves (méningite ou septicémie), dont 70 chez les enfants de moins de 5 ans. A cela s’ajoutent plus de 1600 pneumonies et 1 à 3 décès avant l’âge de 5 ans [1]. Les maladies pneumococciques (IPE) sont également dangereuses pour les personnes souffrant de maladies chroniques telles que, entre autres, les maladies cardio-pulmonaires, le diabète, l’insuffisance rénale et les infections par le VIH.
Pour la vaccination contre Streptococcus pneumoniae , le vaccin conjugué 13-valent (PCV13) et le vaccin polysaccharidique 23-valent (PPV23) sont disponibles. Dans le cas de la vaccination PPV, les antigènes polysaccharidiques du vaccin se lient à la cellule B. Les antigènes polysaccharidiques du vaccin se lient à la cellule B. Thomas Weinke, de la clinique de gastroentérologie et d’infectiologie de la clinique Ernst von Bergmann de Potsdam (Allemagne) [2]. Le vaccin polysaccharidique est donc indépendant des lymphocytes T et n’a donc pas de mémoire immunologique ni d’influence sur la colonisation nasopharyngée par des sérotypes de vaccins (aperçu 1) .
Dans le cas des vaccins conjugués, ce processus immunologique est plus complexe. Là encore, le polysaccharide se lie à la cellule B, qui produit alors des anticorps. De plus, le lymphocyte B interagit avec le lymphocyte T, ce qui induit également une mémoire immunologique.
La Suisse privilégie la vaccination avec le PCV13
En Allemagne, la Commission permanente pour les vaccinations (STIKO) recommande de vacciner tous les enfants à partir de l’âge de deux mois contre les pneumocoques en raison du risque élevé d’infection, des complications fréquentes et du risque relativement élevé de séquelles permanentes, en particulier pour les jeunes enfants et les nourrissons. Le PCV13 est généralement utilisé dans ce cas. En revanche, les malades chroniques et les personnes de plus de 60 ans ne sont traités que par le PPV23, sauf s’ils présentent un déficit immunitaire ou un risque accru de méningite. Si c’est le cas, on vaccine d’abord avec le PCV13 et 6 à 12 mois plus tard avec le PPV23.
La Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) considèrent actuellement que la vaccination avec un vaccin antipneumococcique conjugué est le meilleur choix pour la prévention de la PIE invasive chez toutes les personnes présentant un risque accru, quel que soit leur âge (≥2 mois). Le vaccin conjugué contre le pneumocoque présente une efficacité très élevée de >95%. En 2020, le plan de vaccination suisse a innové en adaptant les groupes à risque : Désormais, une dose unique de PCV13 est recommandée aux adultes chez qui une maladie cœliaque a été diagnostiquée (tab. 1). Cette mesure vise à protéger contre le risque accru d’infections invasives à pneumocoques dues à une hyposplénie ou à une asplénie fonctionnelle causée par la maladie cœliaque.
En outre, la vaccination non seulement contre les pneumocoques, mais aussi contre la grippe, par exemple, a d’autres effets positifs pour les malades chroniques, comme les patients cardiaques ou pulmonaires. Cela permet notamment de réduire la consommation d’antibiotiques, de diminuer les résistances et d’obtenir des effets secondaires positifs pour le système cardiovasculaire.
Aucun rappel de vaccin n’est recommandé
Compte tenu de la répartition actuelle des sérotypes dans l’IPE en Suisse, aucun rappel ou vaccination supplémentaire avec le PPV23 n’est actuellement recommandé. Si une personne a été récemment vaccinée contre le PPV23 (ce qui n’est plus recommandé en Suisse depuis 2014), le plan de vaccination suisse prévoit un intervalle minimum de 12 mois avant la vaccination contre le PCV afin d’obtenir une réponse immunitaire optimale contre le PCV. Une vaccination de rappel contre le PCV n’est pas recommandée pour le moment en raison de données encore manquantes [3]. En cas de survenue d’une EPI chez des personnes vaccinées contre le PCV, les titres d’anticorps spécifiques au sérotype doivent être déterminés individuellement afin de clarifier la séroprotection et la nécessité d’une éventuelle vaccination de rappel.
Littérature :
- infovac.ch ; www.infovac.ch/de/impfunge/nach-krankheiten-geordnet/pneumokokken ; dernier accès : 11.06.2022.
- FomF WebUp : “Prévenir les infections respiratoires à pneumocoques chez les adultes”, 6.04.2022.
- Office fédéral de la santé publique : Plan de vaccination suisse 2022 ; état : janvier 2022 ; www.bag.admin.ch/bag/de/home/gesund-leben/gesundheitsfoerderung-und-praevention/impfungen-prophylaxe/schweizerischer-impfplan.html.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(6) : 28-29