Le diabète de type 2 ne fait pas nécessairement partie des maladies pour lesquelles on s’attend à une possibilité de traitement par des préparations à base de plantes. Il existe cependant un certain nombre de plantes médicinales de la phytothérapie occidentale ayant un potentiel antidiabétique. Certaines d’entre elles n’ont été testées que sur le plan pharmacologique et n’ont donc pour l’instant qu’une importance théorique. En revanche, il existe déjà des études cliniques sur deux plantes médicinales, le Cinnamomum ceylanici (cannelle) et le Panax ginseng (ginseng).
L’incidence mondiale du diabète sucré est en augmentation. Actuellement, environ 220 millions de personnes souffrent de diabète de type 2. L’OMS prévoit 365 millions de cas en 2030, ce qui est principalement lié au mode de vie occidental [1,2]. C’est pourquoi l’adaptation du mode de vie est un facteur non médicamenteux important du traitement du diabète. Perdre du poids, mettre beaucoup de légumes et de fruits au menu et faire suffisamment d’exercice font partie des mesures de base. La pathogenèse du diabète étant liée au stress oxydatif, les mesures antioxydantes contribuent à son traitement. À cet égard, les mesures diététiques incluent spécifiquement les fruits et légumes aux propriétés antioxydantes.
Phytothérapie
Il va de soi que des personnes ont déjà souffert du diabète par le passé. C’est pourquoi il existe des traitements de médecine populaire visant à augmenter la production d’insuline ou ayant des propriétés hypoglycémiques. De nombreuses plantes médicinales en font partie. Une revue récente fait état d’environ 800 plantes médicinales utilisées dans le monde pour lutter contre le diabète [3]. Un très grand nombre d’entre eux possèdent des propriétés antioxydantes. Dans la revue mentionnée ci-dessus, Nasri et al. La pharmacologie des plantes médicinales permet une action antidiabétique. Cela indique que la plante en question peut tout au plus être utilisée dans le cadre d’un traitement antidiabétique ou comme adjuvant. Outre de nombreuses plantes non utilisées en phytothérapie occidentale, on trouve également des noms connus (tab. 1).
L’utilité pratique de ces plantes médicinales pour la médecine reste pour l’instant limitée, car seules des études pharmacologiques documentent leur potentiel antidiabétique. Mais il est tout à fait possible que des essais cliniques soient mis en place pour que ces avantages théoriques débouchent sur des applications pratiques.
Études cliniques sur la cannelle
Mais il existe aussi des études cliniques qui documentent l’efficacité des plantes médicinales dans le diabète de type 2. Différentes espèces du genre Cinnamomum (cannelle, Fig. 1) possèdent des propriétés antidiabétiques, car on a pu isoler à partir d’eux un chalcon hydroxyle qui favorise l’absorption du glucose par les adipocytes [15]. D’autres études ont montré que la prise quotidienne de 1, 3 ou 6 g de cannelle pouvait réduire la concentration sérique de glucose et de lipides chez les patients atteints de diabète de type 2 [16].
Études cliniques sur le ginseng
Le Panax ginseng, ou ginseng, une plante médicinale plus connue sous le nom de romorantin, possède également une activité antidiabétique. Une équipe de chercheurs canadiens, dirigée par Esra Shishtar, a publié une méta-analyse en 2014 [17]. Dans celle-ci, 16 études RCT ont été évaluées. Concrètement, il s’agissait d’étudier l’influence du ginseng sur les valeurs plasmatiques suivantes chez des personnes à jeun, atteintes ou non de diabète de type 2 :
- Glucose
- Insuline
- Glycohémoglobine
- Homéostasie glucose-insuline.
Le ginseng a réduit de manière significative le taux de glucose plasmatique, mais n’a eu aucun effet sur les autres paramètres. Dans leur conclusion, les auteurs ont indiqué que l’efficacité du ginseng dans le diabète de type 2 devait faire l’objet de recherches supplémentaires dans le cadre d’études plus longues et de plus grande envergure avant de pouvoir tirer une conclusion définitive.
Résumé
Avec des études cliniques appropriées, il pourrait être possible que l’une ou l’autre des plantes médicinales mentionnées puisse réellement être utilisée contre le diabète de type 2. Il convient toutefois de souligner les énormes obstacles réglementaires qu’une entreprise doit surmonter avant de pouvoir mettre sur le marché une plante médicinale avec une nouvelle indication. Et comme les préparations à base de plantes médicinales font généralement partie des préparations à bas prix, il n’y a guère d’entreprises qui acceptent de faire l’effort financier d’un tel enregistrement, malgré le calcul défavorable des coûts et des avantages.
C’est certainement le problème de deux plantes médicinales, la cannelle et le ginseng, avec lesquelles des études cliniques ont déjà été réalisées. En Suisse, il existe plusieurs préparations enregistrées contenant du ginseng, mais “seulement” pour l’indication asthénie ou convalescence. Pour la cannelle, la situation est encore plus difficile. Il n’existe pas de préparation à base de cannelle enregistrée en tant que médicament, mais plusieurs compléments alimentaires qui ne peuvent pas indiquer d’indications. Un médecin n’a donc pas la possibilité de prescrire à une personne un produit remboursé par l’assurance maladie.
Littérature :
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- Shahbazian H : Journée mondiale du diabète ; 2013. J Renal Inj Prev 2013 ; 2 : 123-124.
- Nasri H, et al : Antioxidant plants and diabetes mellitus. J Res Med Sci 2015 ; 20(5) : 491-502.
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- Kim SH, Hyun SH, Choung SY : Effet antidiabétique de l’extrait de cannelle sur le glucose sanguin chez les souris db/db. J Ethnopharmacol 2006 ; 104 : 119-123.
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PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2016 ; 11(2) : 4-6