Quels sont les concepts nutritionnels les plus efficaces en termes de prévention et de traitement de l’obésité et de maintien du poids à long terme ? Quel est l’impact des pharmacothérapies sur la perte de poids et quels sont les facteurs critiques de succès ? Ces questions ont été abordées lors du Congrès du diabète 2022 de l’Association allemande du diabète (DDG) à Berlin, dans le cadre de la discussion sur les nouvelles thérapies pour le traitement de l’obésité sévère.
Une consommation excessive et continue d’aliments et de boissons riches en glucides et en graisses conduit à l’obésité et donc à un risque accru de développer une résistance à l’insuline, un diabète de type 2 ou des maladies cardiovasculaires. Annette Schürmann, de l’Institut allemand de recherche sur l’alimentation (DIfE), il est possible d’obtenir des effets positifs en faisant des pauses plus longues dans l’alimentation, c’est-à-dire en jeûnant par intervalles. Si l’on réduit la prise alimentaire quotidienne à une plage horaire de 4 à 10 heures, cela a pour principal effet d’éviter la libération continue d’insuline. Le métabolisme des lipides est stimulé et davantage de graisses sont brûlées. Un autre effet important est l’optimisation du rythme circadien, qui est souvent perturbé dans l’obésité.
Globalement, le jeûne intermittent peut entraîner une réduction du poids corporel, ainsi que de la masse graisseuse du corps, notamment la graisse viscérale. Et même sans perte de poids, le jeûne a un effet bénéfique sur l’hypertension, ainsi que sur les lipides sanguins, les processus inflammatoires, le stress oxydatif et la qualité du sommeil. En outre, le jeûne améliore les taux de glucose et la résistance à l’insuline, ainsi que la fonction des cellules β. Selon Schürmann, l’effet sur le foie est également intéressant. Les glucocorticoïdes augmentent. Les macrophages sécrètent moins de TNFα. Le récepteur des glucocorticoïdes des macrophages hépatiques régule la cétogenèse pendant le jeûne. Son activation permet d’activer les gènes régulés par PPARα et d’inhiber le TNF. Apparemment, le jeûne dans son ensemble serait une alternative à une réduction restrictive des calories.
Études sur le jeûne intermittent
Les effets positifs mentionnés ont notamment été observés dans une étude dans laquelle l’un des deux groupes de participants a pris trois repas dans une fenêtre de 12 heures, tandis que l’autre groupe a également pris trois repas identiques dans un laps de temps plus court. Un effet positif supplémentaire a été que les personnes ayant jeûné plus longtemps ont eu moins envie de grignoter le soir. Une autre étude a examiné pendant trois mois les effets du jeûne intermittent sur des volontaires atteints du syndrome métabolique. Les participants ont d’abord mangé comme d’habitude pendant une période de 14 heures, avec seulement 10 heures sans manger. Ensuite, les créneaux horaires ont été inversés au profit d’une période de jeûne de 14 heures. Les participants à cette étude ont non seulement perdu du poids, mais aussi et surtout vu leur tour de taille et leurs pics de glucose diminuer. Selon Schürmann, une période de jeûne de 14 heures pourrait donc être un traitement complémentaire approprié pour les patients atteints du syndrome métabolique.
En principe, le type de jeûne par intervalles peut être conçu de différentes manières. Par exemple, en pratiquant un jeûne interne un jour sur deux, en suivant un “régime 5 à 2” qui consiste à réduire l’apport calorique à 500-600 kcal par jour deux jours par semaine ou encore en pratiquant le fasting mimicking, une réduction des calories à 750-1090 kcal 5 jours par mois. Des formes telles que le “time restricted eating”, qui consiste à ne pas manger pendant 14 ou 16 heures, sont faciles à intégrer dans la vie quotidienne. Cependant, les études montrent qu’il n’est pas intéressant d’augmenter la durée du jeûne, car cela n’améliore pas les paramètres.
Si l’objectif principal est la perte de poids, toutes les formes de jeûne intermittent doivent prendre en compte la nécessité d’atteindre un déficit énergétique. Et, selon Schürmann, il ne faut pas non plus passer sous silence les éventuels effets secondaires tels que sensation de faiblesse, maux de tête, bouche sèche.
Régime riche en protéines pour prévenir la perte de masse musculaire
Knut Mai de la Charité de Berlin. Or, le masque musculaire est un tissu précieux sur le plan métabolique. Cependant, il n’y a pas de perte de masse musculaire dans le cadre d’un régime hyperprotéiné. En principe, les protéines stimulent la dépense énergétique, notamment en favorisant la thermogenèse après les repas, et elles procurent une sensation de satiété durable. Chez les patients atteints de diabète de type 2, on a constaté, entre autres, une amélioration du métabolisme du glucose et des taux de graisse hépatique. L’utilisation de protéines d’origine animale ou végétale ne diffère guère.
Pharmacothérapie de l’obésité
L’obésité est une maladie qui touche environ 20 millions de personnes en France. En Suisse, selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), environ 42 pour cent de la population adulte est en surpoids, dont 11 pour cent est obèse. Les changements de mode de vie n’aident pas toujours. Le professeur Arya M. Sharma a expliqué pourquoi nous devrions également utiliser des médicaments en cas d’obésité, dans la perspective d’un diabète de type 2. La prédisposition biologique, la production alimentaire, les conditions sociales, le comportement alimentaire, l’urbanisme, le psychisme et le manque d’activité physique comptent parmi les causes de la maladie. Selon Sharma, c’est surtout la prédisposition génétique qui détermine la susceptibilité à l’obésité. La restriction alimentaire n’est d’aucune aide à long terme, ou alors seulement au prix d’une grande discipline, car le corps est conçu pour reprendre le poids perdu. Les interventions chirurgicales offrent de bonnes chances de réduire durablement le poids, mais les capacités manquent pour cela dans les maladies courantes. Une lacune dans le traitement que la thérapie médicamenteuse peut combler.
Toutefois, comme l’a expliqué Bernd Schultes, du Centre du métabolisme de Saint-Gall, la chirurgie ne permet souvent pas non plus une perte de poids durable. Les résultats sont très individuels. 20 à 25 % des personnes concernées n’ont pas réussi à perdre suffisamment de poids, même avec un bypass gastrique. Là encore, la thérapie médicamenteuse est considérée comme porteuse d’espoir. Les patients ayant subi une chirurgie bariatrique étant jusqu’à présent largement exclus des études d’autorisation de mise sur le marché des médicaments contre l’obésité, on dispose de peu de données à ce sujet, qui indiquent toutefois que l’effet est similaire à celui observé chez les patients non opérés. Tout comme en Allemagne, peu de médicaments sont à ce jour autorisés en Suisse pour le traitement de l’obésité. Actuellement, les principaux médicaments utilisés sont l’orlistat et le liraglutide. Le semaglutide 2,4 mg, un agoniste des récepteurs du GLP-1, est considéré comme un espoir. La perte de poids de 20% possible avec ce médicament se rapproche de la chirurgie bariatrique, avec une perte de poids de 15 à 35%. En Suisse, Rybelsus, dont le principe actif est le sémaglutide, a été approuvé pour la première fois par Swissmedic le 24 mars 2020 pour le traitement par voie orale des adultes souffrant d’un diabète sucré de type 2 insuffisamment contrôlé, en complément de l’alimentation et de l’exercice.
Congrès : DDG 2022
CARDIOVASC 2022 ; 21(3) : 30-31